Reportage précédentReportage suivant"Du yu spik bislama?"

Kipim Luganville taoni klin!Bougainvillés et frangipaniersEn descendant de l'annexe dans cette ville qui se résume à une avenue de 2 kms de long, nous sommes immédiatement conquis par les sourires et les 'Hello!' qui nous accueillent. Plus britannique que française, Port Vila ne connaît pratiquement pas le français, faisant place aux deux autres langues officielles que sont l'anglais et le bislama. Quoiqu'il en soit, tous les documents administratifs et officiels sont rédigés dans les trois langues, ce qui, nous l'imaginons, doit engendrer bien des lourdeurs et des coûts supplémentaires dans une si petite communauté.

Étrange dialecte qui fait penser à un anglais créolisé, le bislama s'avère être la vraie langue qui unifie le pays. Parlée par tous en plus des langues tribales, son origine remonte à la déportation des autochtones pour les plantations d'Australie au siècle dernier. Copiant la langue de leurs maîtres, un anglais très approximatif sans véritable structure grammaticale (ni écriture au départ) est ainsi né. Pour des facilités de communication évidentes, cette langue orale s'est orthographiée, et reprend phonétiquement cet anglais déformé. S'il nous est impossible de comprendre une conversation, nous nous amusons à déchiffrer le sens des écriteaux en bislama que nous trouvons. Ainsi sur les poubelles, retrouve-t-on: ' Kipim Luganville taoni klin', ce qui donne en bon (?) anglais ' Keep Luganville a clean town' ou en français (à peu près) 'Luganville, ville propre' ou 'Aidez-nous à garder Luganville propre'.

Pour ce qui est du choix entre l'utilisation de la langue française ou anglaise selon les îles, l'origine est à rechercher dans l'influence considérable de la religion au Vanuatu. Ainsi, les missionnaires catholiques ont-ils investi certaines îles, et mis en place des écoles françaises, l'alphabétisation offrant alors la possibilité d'être éduqué, mais également et surtout la possibilité de lire la Bible et l'Évangile en français! De la même façon, les protestants imposeront l'anglais.'Récompense pour chien perdu", en bislama
Billet de 1000 Vatus
où figure les 3 langues officiellesA l'heure actuelle, toute la population ni-vanuatu est évangélisée, mettant ainsi un terme définitif à nombre de coutumes ancestrales. Les guerres tribales incessantes et le cannibalisme qui les accompagnait il n'y a pas encore si longtemps, font désormais partie de l'histoire. La religion a également classé au rang de folklorique les costumes quotidiens des Small et des Big Nambas, ces tribus connues pour l'étui pénien ('Grand' ou 'Petit' selon la tribu) fait de feuilles que les hommes portaient pour tout vêtement.
'Trop choquant!'
en a jugé l'Église dont les fondements reposent sur la pudeur et la négation de la nudité. Seules les grandes occasions ou (malheureusement!) le portefeuille des touristes redonnent une nouvelle jeunesse à ces tenues réduites. Furtivement, à Luganville sur l'île d'Espiritu Santo, nous avons l'occasion d'apercevoir deux small (ou big? ) Nambas en tenue à peine cachée sous un paréo. Malheureusement, nous ne les voyons que trop rapidement pour accrocher sur pellicule ces hommes ne jouant aucunement à un quelconque jeu folklorique.Reportage suivantReportage précédent