Après 40 heures de mer, le GPS indique enfin la position 17°44' de latitude sud et 168°19' de longitude Est. Nous sommes à Port Vila. Depuis le départ d'Ouvéa, je n'ai rien mangé. L'approche de la terre ferme me donne déjà de l'appétit.
Jacques connaît le lieu pour y avoir déjà séjourné. L'arrivée de nuit dans ce mouillage que les coraux rendent délicat ne l'inquiète nullement. Sous une lune blafarde, nous mettons toutefois près de 2 heures avant de trouver un mouillage qui qui convienne au capitaine, après avoir jeté et relevé l'ancre à deux reprises. Le lendemain matin, nous nous apercevons que nous sommes à plusieurs centaines de mètres de la bouée de quarantaine à la recherche de laquelle nous étions...
Capitale
d'un pays qui fut un condominium franco-britannique appelé les Nouvelles
Hébrides, le Vanuatu, la 'Terre Éternelle' en langage, est une
toute jeune république peuplée essentiellement de Mélanésiens.
Si la population totale n'atteint pas 180000 habitants sur un territoire 40
fois plus petit que la France, le Vanuatu ne compte pas moins de 115 langues
différentes!
En dehors de la capitale et des quelques très rares villes que compte
le territoire, les Ni-Vanuatu (c'est l'étrange nom des habitants) vivent
encore de manière tribale. Ainsi, depuis des siècles que ces îles
ont été colonisées, les hommes vivent comme coupés
du monde extérieur, en parfaite osmose avec la nature. Si la colonisation
franco-britannique a apporté un brin d'uniformisation occidentale (à
travers l'école et la religion, notamment) l'immense diversité
des cultures traditionnelles en fait un des pays au monde les plus variés.
Il est un des plus pauvres également, si on se base uniquement sur des
critères économiques, la seule ressource du pays étant
le coprah. Pauvres certes, si on en juge par le niveau d'équipement électroménager,
de voitures et autres téléphones portables... Jamais misérables
et en revanche très riches de sourire, d'accueil et de contacts humains.
En accostant dans cette capitale de moins de 15000 habitants (si on inclue 'la banlieue'!) nous avons soif de découvertes et surtout de rencontres qui nous permettent de nous évader. Pourtant nous savons aussi que nous ne sommes pas seuls. Le manque de cette entière liberté dont nous jouissons le sac au dos se fait déjà sentir... Mais l'Australie est encore loin, il faut se faire une raison.