Les
retrouvailles des 'aventuriers' auto-stoppeurs à Hienghène se
fait, comme on l'imagine, dans la joie et l'impatience de faire partager aux
autres sa propre 'aventure'...
Reste maintenant à trouver un endroit où planter nos trois tentes,
et la rencontre de Fernand est une véritable chance pour nous.
- Pas de problème nous annonce-t-il, vous pouvez camper sur ma pelouse!
- Mais nous sommes nombreux, on ne veut pas vous déranger...
- Si je vous invite, c'est que vous ne me dérangez pas! retorque-t-il
comme une évidence. Seulement, je ne rentre pas tout de suite, je vais
vous expliquer où j'habite. Il y aura mon père, vous dites que
c'est Fernand qui vous a invité! précise-t-il.
Après quelques explications et les
remerciements qui s'imposent, nous nous enfonçons bientôt dans
la vallée en longeant la Hienghène sur sa rive sud. Cinq kilomètres
de chemin en terre nous séparent de l'entrée de la tribu de Werap,
tribu à laquelle Fernand appartient. Malgré le chemin ombragé,
il fait très chaud en cette
fin d'après midi, Claudine n'en peut plus! Une petite heure plus tard,
nous atteignons la demeure indiquée.
Devant nous, à quelques pas du chemin que borde une végétation
très dense, une immense bâtisse coloniale défraîchie,
correspond aux indications de Fernand. Nous devons être chez son père.
Timides, nous avançons en croisant les doigts. A notre approche, un petit
homme au visage basané s'avance sur la terrasse.
- Bonjour, Monsieur! Excusez-nous, entamons-nous timidement. C'est bien ici
chez Fernand?...
- Oui, je peux vous aider?
Et de lui expliquer les circonstances qui nous ont amenés jusqu'à
sa demeure.
- Chez Fernand, c'est juste derrière, nous indique-t-il en nous conduisant
vers sa maison. Mais sa pelouse n'est pas très droite, si vous voulez
rester sur la mienne, je ne vois pas de problème! poursuit-il très
aimablement.
Nous
sommes presque génés par autant de gentillesse et d'hospitalité
vis à vis des étrangers que nous sommes. Pour cet homme septagénaire,
cela semble naturel, et il nous le dit d'ailleurs très simplement :
- Camper sur ma pelouse vous rend service, moi ça ne me dérange
pas du tout, alors si je peux vous être utile, c'est avec plaisir! Si
vous voulez rester quelques jours, il n'y a pas de problème, vous êtes
les bienvenus!
Le terrain est vaste et le lieu très agréable, presque idéal.
Sûrs de ne pas lui forcer la main, nous acceptons alors son invitation,
prenant au passage une belle leçon de vie...
- Je suis désolé, s'excuse-t-il, il n'y a pas d'électricité
ici... Si vous avez besoin d'eau, n'hésitez pas! nous indique-t-il en
pointant du doigt le tuyau d'arrosage planté au bout de sa terrasse.
Je vous laisse, bonne soirée à tous! termine-t-il en rentrant
dans cette immense demeure où il vit seul.
Fatigués
mais plein d'entrain, nous installons rapidement notre campement à quelques
mètres de cette maison qui n'a visiblement connue aucun entretien depuis
des décennies. Sans électricité, cette maison coloniale
a tout du manoir de roman. Les bruits de la forêt nous accompagnent déjà...
Loin de notre forêt de Brocéliande, nous sommes enchantés.
Un succulent dîner rapide
- fait de sandwiches !... - plus tard, tout le monde prendra une bien méritée
douche au jet d'eau froide, les plus vieux attendant la nuit pour offrir leur
pudeur à l'obscurité la plus totale!...
Propres comme des sous neufs, nous gagnons nos tentes respectives, sûrs
d'avoir passer une journée qu'aucun prospectus touristique ne peut offrir.
- Et dire qu'à 10 kms d'ici il y a un club Med'!
- Déconne pas! Dors plutôt...
- Bonne nuit Caroline!