Hienghène:
Un nom de ville qui résonne comme quelque chose de connu, même
si ce que nous pensions être un centre important ne ressemble ni à
une ville, ni même à un village. En dehors de l'immense mairie,
la gendarmerie et le collège flambant neuf, il n'y a rien! Oh si, excusez-moi
: une petite échoppe et un bar près de l'arrêt de bus, sans
oublier un grand batiment faisant office de marché couvert.
Rien, sinon le calme de la nature sauvage et montagneuse sur les bords de la
Hienghène qui se jette ici même dans la Mer de Corail.
Hienghène est avant tout le coeur de la Kanaky, le début de la
vallée de cette vallée du même nom où des dizaines
de tribus vivent presqu'en autarcie, en harmonie avec une nature très
dense, selon des rites et coutumes ancestrales.
Ancien fief de Jean Marie Tjibaou
- le président du FLNKS (Front de Libération National Kanak et
Socialiste) - et centre névralgique des revendications indépendantistes,
Hienghène est surtout célèbre pour la série d'assassinats
qui conduira à la couverture médiatique de ce qui est pudiquement
appelé 'les évènements' de 1988.
Cette
'guerre' ne fera que mettre en lumière une difficulté évidente
de cohabitation entre Kanak -les indigènes vivant sur leur terre depuis
toujours- et Caldoches -les descendants des colons blancs arrivés sur
le territoire depuis la seconde moitié du XIX ème siècle
-. Traités en citoyens de seconde zone pendant des années -le
droit de vote ne sera accordé aux Kanak qu'en 1957, le téléphone
n'arrivera ici qu'en 1997!...-, les Kanak se feront de plus en plus vindicatifs
face à un pouvoir qui les nie ou tente de leur imposer incidieusement
un mode de vie dans lequel ils ne se reconnaissent pas. Nous retrouvons ici
le schéma habituel des revendications autonomistes face à un pouvoir
que les autochtones jugent colonisateur. A tort ou à raison? Nous nous
garderons bien de faire une analyse tant le problème nous parait complexe
et nos compétences d'analystes politiques trop insuffisantes pour ne
pas tomber dans la discussion de bistrot.
La seule chose qui nous importe, ce sont
les hommes que nous rencontrerons et avec qui nous pourront échanger.
Et Dieu sait combien l'accueil en Kanaky a été pour nous un vrai
bonheur, fait d'hospitalité et de chaleur humaine.