Reportage précédentReportage suivantMonsieur "J'me la pête"

Portrait indienDe notre côté, la course aux visas commence. Si Abdel a d'ores et déjà ses visas pakistanais et iranien, il n'en est pas de même pour nous. Et les difficultés qu'il a rencontrées nous annoncent la couleur: c'est pas gagné! Un bon point cependant: c'est possible!

S'ensuivent alors deux semaines de course entre les ambassades pakistanaise, iranienne, française, re-iranienne, re et re-pakistanaise, française, syrienne et encore syrienne... Nous voulons en effet quitter l'Inde avec un maximum de visas en poche. Pour ne pas perdre de temps -que nous n'avons de toute façon pas!- une fois sur la route, et pour ne pas avoir de mauvaises surprises et être finalement contraints à prendre un vol pour l'Égypte! Ce qui serait quand même un comble.
Mais toutes ces démarches administratives sont épuisantes.

A l'ambassade de France
Contrairement à l'autre jour où nous avions été reçu par une dame charmante, c'est un jeune trouduc de première qui nous reçoit. La petite trentaine, habillé comme un ministre et déblatérant des phrases aux formules toutes faites qu'il a appris par cœur, notre jeune fonctionnaire d'ambassade se la pète comme pas possible. Persuadé d'être le vice roi de France dans l'Empire des Indes, il se la joue grand aventurier, conquérant et protecteur des ses ouailles égarés dans ce bout du monde.
- Vous savez, s'écoute-t-il parler, je sais qu'il faut une lettre de recommandation de la représentation française pour obtenir les visas pakistanais et iranien. Il n'est pas en mon pouvoir de vous la refusez ( ben alors! T'attends quoi??...) ... je me permets de vous poser une question: 'Est-ce que vous voulez mourir pendant vos vacances? Vous croyez vraiment que ça vaut le coup? poursuit-il, la mine de circonstance de 'celui qui sait' (eût égard à sa 'haute' fonction sûrement), protecteur comme un père (il n'est pas aussi âgé que moi!).
Calmant tout de suite le jeu, alors qu'il commence à me gonfler sérieux, Caroline le rassure:
- On sait, merci!
A notre tour de nous la péter un peu pour calmer 'costume-trois-pièces', je poursuis, visiblement peu enclin à m'en faire un copain:
- Vous savez, ça fait plus de deux ans que nous sommes sur la route...
Se retournant, il nous montre maintenant accroché au mur une photo d'un couple ayant fait Paris-Pékin en vélo.
- Ce sont des amis, poursuit-il, le sourire entendu de celui qui se sent déjà une âme de grand voyageur rien qu'en évoquant des 'souvenirs' d' "aventuriers que j'ai personnellement hébergé lors de leur passage ici à New Delhi". (Hé, pépère, on s'en tape! Tu nous files nos lettres qu'on se casse!). L'an passé, poursuit-il pour nous montrer que nous sommes ses alter-égos, je suis allé faire du trekking au Népal (on imagine déjà ce premier de la classe qui se voit bien ambassadeur, chemise Lacoste sous une veste jaune pétante en Gore-tex (c'est hyper branché), Ray-Ban sur le nez, se la jouant grand sherpa sur le toit du monde...), ...Circulation indienne...
- Et notre lettre? coupons-nous, gavés par ses conneries que nous ne sommes pas d'humeur à écouter.
Nous reconduisant dans le salon d'attente, brassant le vent d'un dynamisme qui va finir par payer auprès de ses supérieurs, notre aventurier d'ambassade nous 'prie de patienter quelques minutes, son secrétaire tape la lettre'.
Et bien voilà Maurice (Herzog!), tu vois quand tu veux!...
Nous présentant enfin le papier, il ajoute, soucieux d'honorer sa haute fonction avec le devoir qu'elle exige, il termine, le regard fuyant:
- Voilà! Mais, moi, ce que j'en dis c'est d'après ce que j'entends, ... Enfin, c'est à vous de voir!

Prenant la lettre, nous le saluons et tournons les talons.
- Quel trouduc! m'exclamai-je, dès que nous sommes à l'abri d'oreilles indiscrètes.
- Et encore là, c'est rien. Si tu l'avais entendu hier! sourit encore Caroline.
- Le genre petit nouveau qui joue les vieux renards d'ambassade, aventurier de salon qui plus est paternaliste! Ça m'exaspère moi!
- T'énerve pas!... On a eu ce qu'on voulait, que demander de plus... Il a un petit pouvoir, il le fait remarquer, c'est tout... Je sens déjà que tu vas en rajouter sur le site, devine-t-elle déjà...
- Ah non, tu m'connais!....
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