Pour
en avoir le coeur net et profiter d'être en cet endroit important du bouddhisme
tibétain, nous achetons des billets pour effectuer la visite du monastère
de Labrang, à quelques pas duquel nous habitons maintenant depuis quelques
jours. En petit groupe, toujours accompagnés de Catherine et Kamel, nous
entamons la découverte de ces lieux sacrés où il nous est
malheureusement interdit de prendre des photos. En anglais, un jeune moine tibétain
paraissant fort érudit débute alors un tour de près de
deux heures, sous le contrôle d'une jeune chinoise han, que l'on soupçonne
d'être une espionne mal déguisée du gouvernement...
En effet, si la ligne officielle du régime avoue n'avoir aucun problème
avec tout ce qui concerne le Tibet et les tibétains, signalons toutefois
que la réalité est un peu différente. Par exemple, seul
le Panchen Lama mis en place par Pékin à la tête du bouddhisme
chinois a le droit d'être cité, le Dalaï Lama étant
toujours considéré comme un traître séparatiste,
mettant en péril l' "unité de la grande Chine, une et indivisible".
Et pourtant, tous -ou presque tous- les moines et pèlerins tibétains
n'ont d'ouïe que pour le Dalaï Lama, dont ils dissimulent l'effigie,
ce qui demeure ici un délit politique... 'Bien' encadrés, les
visites officielles sont ainsi plus 'sûres' et les questions 'indiscrètes'
de touristes mal intentionnés éludées pour le plus grand
bonheur de tous!...
Dans ce lieu d'enseignement - plus que de culte - qu'est le
monastère, il existe, ici à Labrang, six collèges dans
lesquels les moines ne cesseront d'étudier toute leur vie durant. Au
programme, six spécialités différentes : le bouddhisme
ésotérique, la théologie (dispensée dans le petit
et le grand collège), la médecine tibétaine, l'astrologie
et la doctrine.
Sous
la houlette de notre guide, nous sommes autorisés à pénétrer
ces lieux quasi sacrés, sans fenêtres, clos, mystérieux
et magiques à la fois. Dans
cet univers sombre éclairé seulement par quelques lampes à
la graisse de yak qui ajoutent encore à l'atmosphère surnaturelle
qui nous entoure, nous ouvrons grands les yeux dans ce monde inconnu et fascinant.
Dans ce décor surchargé que ne renierait pas un antiquaire pour
qui les mètres carrés sont précieux, se succèdent
une multitude de tentures, drapeaux et livres à prières, tapis
et tableaux, sculptures en bois et en beurre de yak et autres objets précieux,
donnant l'impression d'un gentil désordre... ordonné!
Enveloppés par l'odeur âcre très caractéristique
de ma graisse de yak, nous tentons de demeurer attentifs aux lumières
de notre guide qui est déjà parti dans un cours où il tente
de nous expliquer les symbolismes. Lâchés au premier col, on ne
le reverra plus! Sans culture bouddhiste, ses explications trop techniques nous
sont incompréhensibles. "Si on croit suffisamment profondément,
on comprend" ponctue-t-il son discours, comme pour nous culpabiliser d'être
ignares...
Mais de tout cela, on s'en moque un peu. Ce que nous retenons, ce sont les odeurs
d'encens et de beurre mêlées, ces couleurs chaleureuses qui donnent
envie de se faire ici une petite cabane quand la neige et le froid vous interdisent
de sortir... Nous sommes dans un univers de livre extraordinaire pour enfants,
et loin de toute considération religieuse, c'est ça qui nous plaît.
Et pour l'heure, les yeux grands ouverts, nous nous en mettons plein les mirettes,
c'est tellement spécial l'intérieur d'un temple bouddhiste..
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