Reportage précédent Reportage suivantSéjour à Labrang

'Cosette', notre serveuse à XiaheDans ce décor exceptionnel, nous avons maintenant pris nos repères. Rien que nos 'Démou démou', 'Tcho démou' ('bonjour' ou quelque chose dans le genre en tibétain!) distribués sans parcimonie autour de nous, ont su nous attirer la sympathie des locaux. Quand nous ne prenons pas l'initiative du 'Démou démou', nous nous faisons interpeller par les moines ou pèlerins qui nous connaissent maintenant. Fidèles à deux restaurants tibétains, nous sommes maintenant presque des habitués! Cosette, la petite serveuse tibétaine que nous avons surnommée ainsi car elle est la servante dévouée -et un peu moquée- de la maison, n'a que 16 ans. Timide, elle court de table en table Costume tibétaindans cet établissement très simple où viennent se restaurer des tibétains semblant sortir d'un autre siècle. Si leurs accoutrements nous laissent sans voix, nous faisons également pour eux figures d'extra-terrestres. Cette grande pièce de terre battue réchauffée par un poêle à charbon est devenue pour nous comme pour eux, une scène de théâtre. Tels des loups sortis de la forêt, ces hommes lapent bruyamment leur soupe. Une tibétaine donne le sein à un enfant déjà grand qui se sert tout seul (!), tandis qu'une autre femme encourage sa petite fille de sonores "Pssss" qui l'aident à vider sa vessie au beau milieu du restaurant... Au dehors, les pèlerins tournent sans relâche. Nous sommes dans un autre monde.

Dans la seconde salle du même acabit pourtant, une télévision couleur nous ramène à notre siècle. Les yeux rivés sur l'écran, certains avalent leur repas presque machinalement, un peu comme à la maison...
Si cette boite à image est, en temps normal, loin d'exercer sur nous la même fascination,
elle redevient pourtant, en ce début de coupe du monde de football, un objet auquel nous attachons de l'importance. C'est ainsi que, entourés de robes pourpres, nous suivons en compagnie de quelques autres touristes, les premiers matchs de ce rendez-vous auquel, ici aussi et à notre grande surprise, on est très attentif. Si les chefs d'états sont rarement connus à l'autre bout du monde, les joueurs de football, eux, jouissent d'une popularité planétaire. Et dès que nous déclinons notre nationalité, les noms des joueurs commencent à pleuvoir, "Tsidané" en tête, bien évidemment... Nous n'en revenons pas! Plus amère sera la suite des événements avec la première défaite des champions en titre, encore fatigués par l'accablante dernière semaine avant match, passée à faire valoir leur image et à signer les derniers contrats publicitaires... Comme deux soeurs...Les pieds plombés par les lingots, les poches pleines de biftons, les Bleus semblent avoir bien de la peine à se déplacer et obtiennent ce qu'ils méritent. Nous espérons simplement que la suite sera plus joyeuse...

A cette altitude, la température n'autorise guère le port de tee-shirt et du short. Aussi, couverts comme en hiver, nous passons nos journées à traîner, nous balader à pied en ville et sur les hauteurs de cette vallée fort agréable. Nous ne nous en lassons pas! Louant même des vélos pour nous éloigner de plusieurs kilomètres de la ville, nous rejoignons les prairies de Sangke, le temps d'un après midi frais mais ensoleillé. Entourés de montagnes, la vallée où s'étend un superbe lac près duquel des nomades ont installé leur campement. A cheval, il surveillent leur troupeaux de yaks qui paissent paisiblement. Surprenante bouilloire solaire tibétaineDans la rivière en contrebas, un homme pêche de la friture au filet. Au dessus de nous, un aigle pêcheur tournoie et attend le moment propice pour plonger. Le ciel est bleu azur, c'est magnifique. Tout à coup, au moment où nous nous attendions le moins, audacieux et surprenant, l'aigle vient de piquer ... à quelques mètres du pêcheur, à l'endroit même où l'homme jette les poissons qui ne l'intéressent pas! Dans le sud de la Chine, les pêcheurs utilisent les cormorans pour pêcher à leur place, ici il semble que l'aigle règne en maître sur les humains...

Plus d'une semaine après être arrivés dans cette enclave tibétaine où nous venons de passer un séjour des plus intéressants, nous reprenons ce matin nos sacs et rejoignons la station centrale de bus. A peine franchissons-nous l'entrée du terminal que nous nous faisons alpaguer par un rabatteur. Le bus pour Langzhou part dans quelques minutes.
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