Reportage précédent Reportage suivantRemontée vers Beijing

Coucher de soleilA nouveau sur cette ligne Urumqi-Langzhou, nous commençons à accuser la fatigue. Catherine et Kamel ne sont pas beaucoup mieux que nous... Profitant des dernières heures de clarté, nous admirons une fois de plus ces paysages superbes du bassin du Tarim, qui méritent à eux seuls le voyage. Dans ce wagon loin d'être bondé, nous profitons du luxe de pouvoir occuper chacun une banquette prévue pour trois personnes! Aussi confortables que les couchettes pour un prix nettement inférieur, nous sommes en classe 'Pullman'! Tuant le temps avec des parties endiablées de Scrabble, nous mettons des pâtés à Catherine et Kamel... sauf quand ils nous battent en profitant sournoisement des ouvertures que nous faisons, servis royalement par des tirages d'enfer alors que nous nous débattons avec des chevalets du style : GHMKWTW!!!
- T'exagère, Yannick! Y'a pas deux 'W' dans le jeu...
- Ah tu vois, quand je disais qu'ils ont truqué le jeu et qu'ils se gardent des tirages '7 lettres' assurées!... Catherine et Kamel s'entrainent au scrabble!!...

Un peu liquéfiés à notre arrivée à Langzhou - mais copains quand même ! -, nous prenons pension dans la même chambre d'hôtel, face à la gare. A 120 yuans (14,65 euros) la chambre à quatre lits, la facture nous semble élevée mais nous sommes trop fatigués pour courir la ville ce soir. Le temps d'un repas, d'une bonne douche et nous tombons comme des mouches. Dans un vrai lit, ça fait du bien de temps en temps...
Et puis de toute façon, il nous faut nous du repos, demain un grand match nous attend. C'est en effet ici que se jouera pour nous la finale de la coupe du monde de football que nous ne voulons quand même pas rater, maintenant que nous connaissons le football!!... C'est un peu la raison pour laquelle nous faisons étape ici, sur la route de Beijing. Un train direct nous aurait fait rater la finale...

A travers la fenêtre du train...Langzhou où nous nous arrêtons pour la seconde fois, n'a, il est vrai, pas grand chose d'attirant. Ville chinoise par excellence, elle ressemble à toutes les villes du pays que nous avons traversées jusqu'alors. Sans âme, coupée par de très larges avenues bordées par des immeubles modernes sans intérêt, Langzhou -comme toutes les villes de Chine- est en phase de modernisation accélérée. Très accéléré même si on en croit les commentaires de tous ceux qui connaissent le pays. La métamorphose de la Chine qui s'efforce de rattraper le retard accumulé pendant les années Mao, est surprenante. Autrefois 'chinoises', les villes deviennent 'modernes', selon un modèle occidental qu'on retrouve sans différences extraordinaires d'un pays à l'autre. A tous les niveaux, la Chine est en train d'exploser, de s'ouvrir sur le monde. La prophétie de Perfitte dans les années 70 est en train de se réaliser : la Chine se réveille.Banquette-couchette!
Et comme rien ne se passe ici comme ailleurs dans le monde, la vitesse à laquelle elle opère ses transformations est vertigineuse. Depuis son entrée cette année au sein de l'OMC, le pays a six ans pour montrer au monde qu'il va vraiment falloir compter avec lui. Six petites années pour transformer la Chine et achever la révolution libérale amorcée au début des années 80, révolution qui, soit dit en passant, doit faire se retourner Mao dans son mausolé de verre! Six années seulement qui la mèneront en 2008, objectif de tout un pays qui sera alors sous les regards de toutes les caméras de télévision du monde : les Jeux Olympiques de Beijing. Et personne ici ne veut rater le rendez-vous.
C'est une des raisons pour lesquelles toutes les villes de Chine ne sont qu'un immense chantier!
Les rues, les trottoirs, les immeubles, les places, partout, il est impossible de se déplacer sans voir quelque chose en construction. De partout, des centaines, des milliers de travailleurs venus des campagnes, reconstruisent le pays. Du milieu du XXème, la Chine entre à toute vitesse dans le XXIème siècle. C'est souvent loin d'être joli, mais ça, on ne leur dira pas, ils sont trop nombreux et on ne veut pas de problème!

C'est donc en parfaite amitié que nous nous asseyons ce soir du 30 juin, à la terrasse d'un vendeur de boisson de rue avec lequel nous avons sympathisé hier. Comme promis, il nous a même réservé quatre chaises parmi celles des dizaines de locaux qui nous entourent. Suite à sa première qualification en phase finale en effet, l'équipe chinoise de football a fait découvrir à des Pachi, Pachi!!millions (ici, c'est pas beaucoup! Ça se traduirait pas 'milliers' chez nous!...) de Chinois ce sport pas encore très populaire. Ce qui ne veut pas dire qu'ils sont connaisseurs, loin s'en faut! Leurs exclamations à contre temps et leur silence, l'admiration collectives de phases de jeu banales nous amusent, nous les connaisseurs qui avons quand même un certain nombre de matchs dans les pattes!... Une bière à la main, c'est avec plaisir que nous suivons ce rendez-vous, supportant, comme tous les Chinois ici présents, l'équipe du Brésil.
- Pachi, Pachi, Pachi!! (Brésil avec l'accent chinois!)
A la fin du match, comme un bon spectacle qui s'achève, sans cris ni enthousiasme débordant, nous applaudissons de concert avec tout le monde. Rendez-vous dans 4 ans! On est loin de la petite fête Coupe copiée par Ronaldo!improvisée qui avait accompagné la victoire des Bleus en 98, dans un petit troquet perdu du Laddhak en Inde... Est-ce que le sport rendrait chauvin??...
Quoi qu'il en soit, Ronaldo est ici aussi le héros de la soirée. Sûrement pour le match qu'il vient de faire, mais aussi également pour sa coupe de cheveux. Si elle nous parait étonnante à nous, elle l'est beaucoup moins pour les Chinois. En effet, cette petite touffe de poils ("ridicule?"!... mais non j'lai pas dit Caroline!) sur le haut du crâne est une coupe traditionnelle chinoise que l'on réserve ici aux jeunes enfants. En plagiant leur coupe, le meilleur buteur de la coupe du monde s'est ainsi mis dans la poche des milliards ... de Chinois. Si c'est pas du marketing tout ça...

Comme prévu initialement, nous reprenons dès le lendemain midi un dernier train (classe 'assis dur', quand on aime...) pour atteindre enfin Beijing, ou Pékin c'est selon, quoiqu'il en soit la capitale! En un seul chiffre, les derniers 1650 kilomètres de ce périple de 5640 kilomètres à couvrir entre Kasghar et Beijing!...
Ce sont 4 loques qui débarquent ce 2 juillet à l'hôtel Fenlong située sur le Troisième périphérique. Nous n'avons qu'une envie : nous poser et nous reposer.
Reportage suivantReportage précédent

Yaca.net ®Un tour du monde avec nous - Textes et Photos©2000-2010 - Yaca - Tous droits réservés