Reportage précédent Reportage suivantOn va où?...

Circulation pékinoise27 septembre. Voici bientôt trois mois que nous sommes arrivés à Pékin -et pour la petite histoire, 5 ans aujourd'hui que nous sommes mariés!-. Le séjour s'achève aujourd'hui. En dépit de notre vie de nomades, nous ne sommes toujours pas faits aux inévitables séparations qui mettent un terme à nos rencontres. C'est donc le coeur un peu serré que nous laissons Yves, le copain et co-locataire breton avec qui nous avons partagé quelques semaines de route sans que l'ombre d'un nuage n'apparaisse entre nous. De cette rencontre, il nous restera que des bons souvenirs, de repas 'maison'parfois gargantuesques 'à la française', accompagné le plus souvent d'une ou plusieurs bières chinoises à deux yuans la bouteille!...
Pour nous, la route est encore longue. Yves reste ici à Pékin encore quelques mois où il donne des cours de français. Sans doute nous reverrons-nous un jour au pays, mais nul ne sait vraiment quand. Les rencontres de voyageurs au long cours sont souvent fortuites et s'accommodent mal des rendez-vous à dates fixes... En nous quittant, l'au-revoir à comme un goût d'adieu et les mots restent un peu figés au fond de la gorge. Les bons moments passés ensemble appartiennent déjà au passé. Après un dernier signe de la main, nous descendons les marches de l'appartement. Notre train pour Guilin part dans deux heures.

Un mois et demi en appartement nous ont réhabitué aux goûts de luxe. C'est ainsi que pour la première fois, nous nous laissons tenter par des places en classe couchette. Couchettes dures certes, mais couchettes quand même! Il faut dire qu'en dépit du repos pékinois, nos dos (et particulièrement le mien!) sont encore dans un état précaire que trente heures de train en position assise risquent de mettre à mal. N'y tenant plus, j'ai fait venir un médecin chinois, masseur acuponcteur il y a quatre jours à l'appartement. Un des dernier repas à l'appartement avec YvesAprès avoir remis en place quelques vertèbres, il m'a vivement conseillé un mois ou deux de repos complet, et l'arrêt total du port du sac à dos.
- Mais pas du repos à l'occidental, s'est-il empressé de préciser dans un français parfait, du repos à la chinoise!
- Et c'est quoi la différence?...
- Eh bien un chinois, quand on lui dit de ne rien faire, il ne fait rien! Mais rien du tout. Ainsi, son corps se repose vraiment. Vous les occidentaux, vous ne savez pas vous arrêter, vous avez toujours 'des petites choses' à faire! Et le problème ne disparaît jamais vraiment...

Sagesse chinoise sans doute, que nous avons du mal à entendre, et que nous n'écouterons d'ailleurs pas. Pour preuve, nous sommes allongés dans ce train Beijing-Guillin qui nous fait traverser la Chine du nord au Sud-est...
- C'est vachement plus confortable que les sièges hein?
- C'est le luxe, on devrait continuer comme ça!...
- A 401 yuans (49,5 €) le billet, il nous faudrait rentrer à la maison avant l'heure prévue!
- Bon, ben, on profite à fond de ce trajet alors!!

Echoppe mobile de vélosEt le train continue à poursuivre sa route vers le sud à un peu plus de 60 km/h de moyenne, ce qui laisse du temps pour contempler le paysage. Après bien des tergiversations et des heures passées sur notre carte du monde, nous avons en effet opté pour la route du sud, ce qui va ensuite nous permettre d'aller à l'ouest. Je m'explique.
Si l'option première était de sortir de Chine en rejoignant le Moyen-Orient par le Pakistan et l'Iran, l'attente deux mois durant, sans résultat -et sans raison de la part de l'ambassade!- du visa iranien à Pékin nous a fait renoncer à ce parcours. De plus, compte-tenu de la situation tendue au Pakistan, les contacts que nous avons à l'ambassade pakistanaise de Beijing nous ont conseillé 'de différer' notre visite dans leur pays. Pour un Pakistanais 'nerveux', il est en effet très difficile de faire la différence entre un Français et un Britannique ou un Américain. Sage décision donc que de rechercher une autre solution.
La seconde option que nous avons longtemps pensé être la meilleure, consistait à remonter sur la Mongolie -Ah la Mongolie!...-, puis la Russie -Ah la Russie!...- pour redescendre ensuite sur le Moyen-Orient. Nous y renonçons finalement, après avoir regardé de plus près les tracasseries toutes soviétiques d'obtention d'un visa russe et des complications inhérentes aux déplacements libres et à petit budget dans le plus grand pays du monde. Nous irons un jour, c'est sûr, mais bardés d'informations et d'astuces de voyageurs que nous aurions beaucoup de peine à glâner ici.
Depuis longtemps déjà, le Népal me faisait rêver, alors qu'il ne tentait pas Caroline plus que cela.
- C'est bête de rater le Népal, insistai-je vainement, d'autant plus que nous arriverions à la meilleure saison pour voir les montagnes!Le matin de l'illumination!...
Caroline restait indifférente, jusqu'au matin où, en se levant elle m'annonce:
- OK, on va au Népal!
- Heu, ça va pas?... T'es malade? T'as bouffé un truc qui t'as pas été?... plaisantai-je, trop surpris pas ce virage soudain.
- Non mais j'déconne pas. Si tu veux, on va au Népal! J'y ai pensé cette nuit, et je me suis dit qu'il fallait qu'on aille là-bas!
Ben voilà que je dors aux côtés de Bernadette (de Lourdes, non pas l'autre!) , à moins que ce soit Thérèse d'Avila ou Jeanne d'Arc!! Ma femme a des révélations pendant la nuit!! Heureusement que les fenêtres restent fermées, vous ne voyez pas que l'ange Gabriel nous fasse repartir à trois!...
- Mais qu'est-ce qui t'as fait changé d'avis comme ça? insistai-je encore
- J'sais pas, mais j'ai le sentiment qu'on louperait quelque chose si on n'y allait pas.
- A la bonne heur! C'est ce que je me suis tué à te dire pendant des semaines! Si j'avais su qu'en t'hypnotisant les résultats auraient été aussi probants, j'l'aurais fait plus tôt!! A ce propos, ça me donne des idées pour d'autres trucs dont tu ne veux pas entendre parler!...Echoppe mobile de cordonnier

Et c'est ainsi que nous sommes aujourd'hui en route pour le royaume du toit du monde! Y'a quand même des choses bizarres dans la vie n'est-ce pas??... Alors vous me direz : "Oui, mais le Népal, c'est à l'ouest de la Chine, pas au sud!"
Remarque intéressante certes, mais après avoir mis en balance les coûts et la durée d'une entrée au Népal par la terre via le Tibet -la tirelire à touristes des chinois!-, ou par air, via Hong-Kong, notre choix est rapidement fait. Et puis Yves nous a tellement loué les beautés des formations karstiques de Yangshuo, et Caroline n'a pas encore posé le pied sur cette terre tellement particulière de la Chine.

Banco, c'est décidé, nous allons au Népal via Hong-Kong!Reportage suivantReportage précédent

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