Reportage précédent Reportage suivantEscale touristique...

Caroline dans notre hôtel sur parking!Il est 22h00 comme le train s'arrête en gare de Guilin. Reposés, nous avons la pêche malgré l'heure tardive. Juste ce qu'il faut pour dégoter l' 'hôtel' pas cher pour passer la nuit dans cette ville réputée très chère pour les touristes. Après avoir refusé les propositions risibles des rabatteurs qui nous accrochent au passage, nous frappons aux portes des hôtels chinois plus dans nos cordes. Deux mois de sédentarité nous avaient presque fait oublier les joies de la recherche d'un abri nocturne à prix décent. Et surtout oublier le fait qu'il existe en Chine une politique interdisant les hôtels 'très' locaux aux étrangers, qui, nous le savons tous, sont quand même là pour dépenser leur argent.
Vous ne voulez pas de nous ici? Vous voulez qu'on paye 100 yuans une nuit dans cet hôtel au luxe rappelant l'ancien allié soviétique? "Et ta soeur?" comme disait Le Luron... Vous n'avez rien à 20 ou 30 yuans? Eh bien tant pis pour vous, on va dormir dehors, ou dans la gare!!
Décidés et motivés par ce retour 'sur la route', notre bonne étoile va finalement venir à notre secours et nous éviter la nuit de SDF que nous nous promettons. Devant la gare en effet, des bus couchettes sont garés, attendant le petit matin pour rejoindre leur destination.
- Et si on tentait le coup? proposai-je à Caroline qui a eu la même idée.
- On ne risque rien à demander, remarque...
Et c'est ainsi, qu'après un rapide dialogue nous nous retrouvons allongés sur deux couchettes, au fond du bus qui décollera pour notre destination à 6h30 demain matin! Amusés, le chauffeur et son acolyte n'ont fait aucune difficulté. Eux-même vont dormir à l'avant, c'n'est pas la place qui manque, alors! Side-car à la chinoise!Heureux de ce pied de nez aux hôteliers trop sûrs de leur fait, nous nous allongeons pour pas un rond dans cet hôtel en stationnement. Dans la chaleur moite de la nuit, les moustiques commencent leur tournée de collecte de sang frais. Aux premières loges, Caroline sent le danger qui nous menace -surtout elle d'ailleurs, les moustiques sont, à mon grand bonheur des machos!- et commencent les exécutions sommaires du plat de la main! Très prévenant, c'est le chauffeur du bus qui viendra à notre aide en installant entre nos deux couchettes du fond, un serpentin fumigène qui mettra fin aux 'bzzzz' énervants. Si ça, ça n'est pas du service! sourions-nous en le remerciant chaleureusement, nous avons presque du mal à y croire!
- Et puis là au moins, on est sûr de ne pas rater notre bus demain matin!
- Bonne nuit Caroline!
- Bonne nuit mon voyageur!...

Au petit matin, à l'heure où la ville se réveille, la mise en route du moteur nous sert de réveil-matin. Soixante-cinq kilomètres seulement nous séparent de Yangshuo, fort réputée pour ses formations karstiques. Bien que devenue très touristique, les paysages superbes que nous n'avons jusqu'alors vu qu'en photos valent paraît-il le détour... A notre arrivée deux heures de route plus tard, comme une star qui se ferait désirer, les décors naturels si exceptionnels ne sont pas au rendez-vous. On nous aurait donc menti?? Formations karstiques de Yangshuo
On ne sait pas, on ne peut rien dire, pour la bonne raison qu'il y a un un brouillard à couper au couteau : on ne voit pas à 100 mètres!! Et il en sera de même toute la journée... Comme nous sommes ici pour quelques jours, nous restons optimistes et en profitons pour nous
poser et faire un tour à pied de cet ex petit bourg de campagne se transformant peu à peu en centre touristique bâti à la va-vite pour attirer le chaland et alléger au maximum son portefeuille... La rue principale, sans aucun charme ni style particulier pourrait se situer dans n'importe quel pays du monde. C'est une rue couverte de restos et bars à l'occidentale, boutiques de souvenirs à la noix et autres agences de tours organisés. Noire de touristes -occidentaux et chinois qui découvrent les joies du tourisme de masse-, nous avons de la peine à remonter la rue au pas de course, seule allure acceptable pour traverser un tel endroit... Finalement, nous préférons rejoindre notre chambre d'hôtel, on n'a rien à faire ici! Vivement que le brouillard se lève et que la campagne se découvre. Demain peut-être...Kilomètre de souvenirs...
Yangshuo suit malheureusement le schéma trop habituel de ces 'perles à découvrir'. Un jour, une personne découvre la beauté d'un site, l'accueil authentique de la population. Elle commence à en parler autour d'elle. Dix personnes arrivent, et puis cent. L'un d'eux écrit à Lonely PLanet, l'autre au Routard. Deux ans plus tard, c'est mille personnes qui débarquent. La demande a augmenté, alors on s'adapte, on répond à la demande, on la devance même! Le business est florissant, une poule aux oeufs d'or vient d'être découverte! On construit dans tous les sens, on vire les locaux 'qui n'ont rien compris' pour les remplacer par des 'nouveaux locaux' qui connaissent le business, et le tour est joué! La ville devient moche, on vend n'importe quoi du moment qu'il y a de l'argent à faire. Le rapport avec les 'nouveaux' locaux se fausse totalement, personne n'a plus de temps à 'perdre' à discuter: le temps c'est de l'argent! D'ailleurs, la renommée du coin est tellement grande que le client prêt à se faire plumer exotique attend et se bouscule! Si vous n'êtes pas contents, circulez, emmerdeur-jamais-content-que-vous-êtes! Et c'est ainsi que le paradis devient peu à peu l'enfer... D'ailleurs, des touristes commencent à se lasser et à trouver le lieu de moins en moins acceptable. C'n'est plus assez exotique, trop 'comme à la maison'. Partie de cartes
D'ici quelques temps, les guides décriront le coin comme un endroit 'trop' touristique, à fuir ou à éviter. Mais rassurez-vous, un autre bijou aura été découvert...

Pour éviter un repas 'local' avec musique occidentale ou match de foot en toile de fond, nous préférons un dîner dans une gargote située à quelques centaines de mètres de cette comédie. Rassurez-vous, le décor n'est pas aussi sombre que décrit précédemment. Ici, tout n'est pas encore aseptisé, il reste encore quelques rades pour locaux à 2 yuans la soupe de pâtes. Ailleurs, le même plat coûtera au moins dix fois plus. C'est vrai qu'ailleurs il y a un menu en anglais et que le relookage marketing a transformé cette simple soupe en 'Yangshuo special soup'. Ça vaut bien ça non??...

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