Reportage précédentReportage suivantLa Muraille de Chine

Tour de guet sur la Muraille sauvage'La Muraille de Chine'!... C'est presqu'un mythe vers lequel nous nous dirigeons aujourd'hui en bus local pour quelques 12 yuans (1,48€). Depuis Beijing, soixante-dix kilomètres seulement nous séparent de cette section que l'on appelle, comme pour ajouter encore au mystère du lieu, 'la Muraille sauvage'. Le soleil brille, le ciel est bleu, en un mot, c'est le temps idéal pour découvrir cette énième merveille du monde, que l'on dit -à tord, mais le mythe à la dent dure!-, être la seule construction humaine visible depuis la lune. Pour notre part, nous allons marcher sur la Muraille, ceci n'est peut être qu'un petit pas de plus pour nous, mais finalement un grand pas dans notre voyage!
Si celle que l'on appelle 'la Grande Muraille' passait à nos yeux pour un ouvrage cohérent et unitaire, les recherches et informations que nous avons pu glâner de part et d'autre ont rapidement jeté le doute dans nos esprits embués. Selon les sources, les chiffres et les histoires qui tournent autour de celle que les chinois appellent 'le mur des 10000 Li' diffèrent largement. Ceci ne fait du reste que rajouter un voile de mystère autour de ce qui demeure le plus long ouvrage de maçonnerie jamais réalisé par l'homme. Permettez-nous alors d'ajouter à ce capharnaum notre version, et, si elle vous paraissait fantaisiste, laissez-nous répondre, comme le font les conteurs bretons à la fin de leurs histoires, quesi ce que vous allez lire n'était pas vrai, " c'est que la vérité a sûrement tord!"...

A une époque où la Chine actuelle n'était qu'un agglomérat de royaumes indépendants dont une des préoccupations majeures était de bouter hors des frontières les éventuels envahisseurs, des murs de fortifications en terre commencèrent à voir le jour La muraille se moque des reliefsdans cette partie nord du pays. Construits sans continuité ni cohérence globale, ces murs n'avaient qu'un objet : celui de marquer la limite entre le monde barbare au nord, et le monde civilisé au sud. Nous sommes alors au IIIème siècle avant JC, les bases de la Grande Muraille viennent d'être posées.
Trois siècles plus tard, alors que ces royaumes se sont unifiés, l'empereur Kin Shi Huang
donne le départ d'un chantier extraordinaire qui va demander 10 ans de travail à des centaines de milliers de travailleurs : l'unification des murs séparés. Un labeur titanesque qui va nécessiter près de, tenez-vous bien, 180 millions de m3 de terre!! - pour donner une idée, ce volume permettrait la réalisation d'un mur de 9 m de haut par 20 m de large, allant de Brest à Strasbourg!! - La plus longue ligne de fortifiation mise en place pour éloigner les brigands et autre barbares mongol venait de naître. Parcourant près de 3000 kilomètres depuis Jiayu Pass dans le désert de Gobi à Shangaï Pass sur la côte Est, bien avant la ligne Maginot, l'infranchissable muraille gardée par des milliers de guerriers devenait l'arme absolue. Absolue?... Ceci était sans compter avec celui qui, quelques années plus tard, deviendra le chef de l'Empire le plus grand que la terre ait connu, le terrible guerrier mongol Gengis Khan. Pour lui, "la force d'une forteresse dépend du courage de ceux qui la défendent". Et il appliquera sa propre citation en faisant soudoyer un garde pour ouvrir une brèche dans la Muraile par laquelle il envahira le pays... Caroline à l'assault de la muraille sauvage...Nous sommes alors au XIIIème siècle.

Comme toujours dans l'histoire, le plus fort ou le plus malin finit toujours par rencontrer un 'encore plus fort' ou 'encore plus malin', et les mongols seront bientôt chassés du pouvoir... Et la dynastie Ming (XIVe au XVIIe siècle) verra ainsi le jour. C'est pendant cette période qu'un nouveau chantier colossal va être entrepris sur la Muraille. Originellement composée de terre qui a beaucoup de peine à supporter le poids des années, elle va être reconstruite en briques sur une large partie, matériau ô combien plus résistant. Pour ce, 60 millions de mètres cubes de briques et un siècle de travail seront nécessaire à des centaines de milliers de travailleurs et de forçats, dont un nombre non négligeable périra de ce qu'on n'appelait pas encore à l'époque 'un accident du travail'....
La Grande Muraille que nous connaissons venait de voir le jour.

Extraordinaire construction se moquant des reliefs, cette inviolable (!) barrière traverse ainsi les déserts, franchit les rivières et ignore les montagnes dont elle épouse les formes comme il est difficile de l'imaginer. Large de plusieurs mètres, elle est doublée d'une véritable voie de communication empierrée en son sommet, elle-même bordée de murets de protection. Très régulièrement, toutes les quelques centaines de mètres, d'imposantes tours de guêt dans lesquelles se tenait une sentinelle, sont disposées. Tels des relais de communication modernes, ces constructions permettait la transmission d'informations par signaux de fumée interposés.La muraille à perte de vue Bien avant la naissance du portable, l'information recopiée de guérite en guérite permettait ainsi de communiquer avec Pékin à une vitesse inégalable.

Après avoir connu son heure de gloire, la Grande Muraille va peu à peu être laissée à l'abandon. Non entretenue, abandonnée, elle va subir les affres du temps et de nombreux tronçons vont alors s'écrouler. Abbatue par endroit pour faire place à des route, pillée en d'autres pour utiliser ce matériau bon marché pour construire sa maison ou un mur de clôture, l'unité de la muraille va définitivement disparaître pour ne laisser place qu'à une multitude de tronçons pour la majeure partie laissés à l'abandon. Une bien triste fin en somme!...

Ca n'est que très récemment, à la fin du siècle dernier, que ce que certains considèrent être l’une des merveilles du monde va retenir à nouveau l'attention de la Chine. Et c'est en fait -une fois n'est pas coutume!- le tourisme de masse à qui la Grande Muraille doit sa résurrection. Comprenant la manne financière potentielle qu'elle représente, des programmes de protection, de rénovation et même de reconstruction vont ainsi être mis en place, redonnant aux yeux du monde à la Muraille de Chine, la véritable place qu'elle mérite. .

Véritable attraction et piège à touristes sur les sections les plus visitées au nord de Pékin, elle demeure néanmoins quelque chose qu'il est difficile d'ignorer lors d'un voyage en Chine. Aussi, nous n'échapperons pas à la règle, mais en rebelles permanents (... bof!), c'est la section la moins visitée et entretenue qui retiendra notre attention que nous choisissons. Après avoir traversé des villages de campagne chinoise typiques, fort dépaysants pour les pékinois d'adoption que nous sommes devenus (là, on se la pête! Un peu comme un parisien qui vient prendre un bol d'air en province... Non! J'déconne! Ne prennez pas ça mal, vous les parigots!), nous descendons du minibus local dans un bout du monde paumé à une heure au nord de Huairou, au coeur d'un paysage montagneux verdoyant superbe, perché autour de 1000 mètres d'altitude. A quelques mètres de nous, imposante, fascinante et magique à la fois, celle que nous avons vue tant de fois en photos est là, bien réelle : nous sommes à la Muraille de Chine! Reportage suivantReportage précédent

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