Né
à Zurich en 1947, Beat Richner arrive au Cambodge au milieu des années
70. Il exerce en tant qu'assistant-médecin à Kantha Bopha, l'hôpital
des enfants de Phnom Penh. Fuyant le régime khmer rouge en 1975, il reviendra
ici en 1991 où le roi Norodom Sihanouk lui confie la lourde mission de
remettre en route cet hôpital pédiatrique.
Fort d'une volonté sans limite, bravant tous les obstacles dans ce pays
où la corruption est omniprésente, cet homme va, en 8 ans, non
seulement rénover le premier hôpital mais en faire construire deux
autres, dont celui de Siem Reap.
Financés entièrement par des dons privés, ces trois unités
sont la fierté du pays. Elles permettent de sauver la vie de 2400 enfants
par mois. Sans l'acharnement de cet homme dont le combat permanent n'a qu'un
seul but -sauver des enfants-, ce sont autant de vie qui seraient perdues. Pragmatique,
efficace, "a accompli en un temps record ce qu'aucune organisation d'entraide
n'avait réussi avant lui". Pratiquant une médecine moderne
entièrement gratuite pour des patients dans l'incapacité de payer,
Beat Richner fait appel à la solidarité internationale pour permettre
à son uvre de se poursuivre dans la plus grande transparence.
Alors bien sûr, face à cette réussite incontestable, cet
homme agace, notamment un organisme comme l'Organisation Mondiale de la Santé
(OMS), qui combat ce qu'elle appelle "une médecine de type Rolls
Royce dans les pays du Tiers-monde".
Beat Richner s'insurge évidemment contre cette "politique d'apartheid".
"Tout enfant n'a-t-il pas le droit aux meilleurs médicaments existants?
uvrer en sens inverse, c'est violer les droits de l'homme!" affirme-t-il
haut et fort.
Il est vrai qu'au Cambodge, le budget de la santé est inférieur
à 2€ par an et par habitant. Écouler les discours de l'OMS
qui affirme que les "installations et activités médicales
doivent être adaptées au budget du pays" ne peuvent que nous
révolter. Et Beat Richner de nous apprendre que les experts qui viennent
tenter de le faire entrer dans le droit chemin séjournent dans l'hôtel
5 étoiles à 360$ (430€) la nuit, située à deux
pas de l'hôpital. Pour info, à Kantha Bopha, un enfant est en moyenne
hospitalisé 5 jours et demi pour un coût total de 226$ (270€)...
Cette arrogance, ce mépris absolu de l'OMS vis à vis du tiers-monde
atteint des abîmes avec ce que Beat Richner appelle "L'affaire du
Chloremphénical".
Antibiotique préconisé par l'OMS dans les pays du tiers-monde
parce que bon marché, ce médicament est en revanche interdit dans
tous les pays occidentaux parce que connu pour être dangereux. Et le cynisme
va même plus loin. Sous la pression de l'Europe, il a même été
abandonné en Chine pour usage vétérinaire! les traces retrouvées
sur les poulets vendus en Europe les rendaient impropres à la consommation...
Une
heure durant, alternant les morceaux purement musicaux aux chansons qu'il accompagne
au violoncelle, Beatocello -c'est son nom d'artiste- nous emmène avec
lui dans sa révolte.
- Mais pensez-vous que la peine d'une mère cambodgienne qui perd son
enfant soit inférieur à celle d'une femme suisse, anglaise ou
française? s'exclame-t-il, exaspéré par cette politique
d'experts qui affichent ouvertement qu'une vie n'a décidément
pas la même valeur selon l'endroit du monde où elle est vécue.
Mais plutôt que de se battre dans les conférences et par experts
interposés, Beatocello a décidé de poursuivre son combat
exemplaire sur le terrain parce que, comme il le martèle lui-même
sur son violoncelle:
" Pendant ce temps, il y a des enfants
Qui meurent, qui meurent
A leurs côtés, il y a la mère
Qui pleure, qui pleure..."
Il est 20h30 quand nous sortons du récital, les larmes aux yeux, bouleversés
par ce que nous venons d'entendre. En rentrant à l'hôtel alors
qu'il fait maintenant nuit noire, nous avons de la peine à faire le clair
dans nos idées. En quelques heures, nous venons de toucher de plus près
quelques aspects de la réalité quotidienne
du Cambodge. Dans nos habits de touristes, nous mesurons la chance que nous
avons d'être nés en France. presque une injustice...
Quelques chiffres:
Chaque année, les trois hôpitaux de Kantha Bopha, ce sont:
- 400000 consultations d'enfants malades
- 30000 hospitalisations d'enfants gravement malades
- 3600 opérations chirurgicales, 100000 vaccinations.
Tous les mois, ce sont 2400 enfants qui mourraient sans l'existence de ces centres
pour enfants.
Le coût annuel de fonctionnement est de 9 millions de dollars (environ
11 millions d'euros), entièrement financés par des donations.
Le Cambodge est un pays bien trop pauvre pour pouvoir prendre en charge la santé
de ses enfants.
C'est pourquoi le docteur Beat Richner a besoin de nous tous. Pour plus d'information,
vous pouvez visiter son site internet, à l'adresse suivante:
www.beat-richner.ch.
Vous pouvez adresser directement vos dons à: Banque Indosuez, 96 Boulevard
Haussmann, F-75008 PARIS (konto n°180106302).
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