Reportage précédentReportage suivantLe "Musée de la Mine"


Caroline, à l'entrée du muséePour mieux comprendre l'horreur quotidienne que sont les mines au Cambodge, nous nous rendons aujourd'hui dans un musée privé situé à quelques kilomètres du centre de Siem Reap. Créé de toutes pièces par un homme de 29 ans dont l'histoire personnelle résume à elle seule la tragédie cambodgienne, le "Musée de la Mine" de Mr Aki Ra se visite avec recueillement, presque comme un sanctuaire tant il symbolise le cauchemar de tout un pays.
Alors qu'on pourrait avoir l'impression de visiter l'exposition d'un brocanteur, la réalité est malheureusement beaucoup plus tragique. Toutes ces armes de guerre et ces milliers de mines retracent l'enfance, l'adolescence, la vie en somme de cet homme qui n'a connu que la guerre, comme en témoignent également les tableaux autobiographiques qu'il expose.
Sa vie est digne des romans les plus noirs. Si nous devions la résumer rapidement, nous dirions qu'elle est étroitement liée à l'horreur du régime des khmers Rouges. Aki Ra n'a que 5 ans quand ses parents sont assassinés par les Khmers Rouges qui l'enrôlent immédiatement dans l'armée et se chargent de son éducation. Ainsi lui apprend-t-on à "cacher des mines, tirer au fusil, à lancer des roquettes et à fabriquer des petites bombes. (Il reçoit son) premier fusil à l'âge de 10 ans."le Musée de la mine, Siem Reap
Combattant dans l'armée khmer rouge sans savoir qu'un autre monde existe en dehors des villages, de la forêt et de la guerre, il est fait prisonnier par l'armée vietnamienne qui ne lui laisse pas "d'autre choix que celui de rejoindre leur armée ou d'être abattu". Il n'a que 13 ans.
Photo d'Aki RA 
en action de déminageDès lors, les Khmers Rouges deviennent ses nouveaux ennemis. Désormais, il cache des mines, tire au fusil et au lance-roquette pour le compte des Vietnamiens. Ceci durera 4 années. Il a maintenant 17 ans.
Au retrait des troupes vietnamiennes, il rejoint l'armée régulière du Cambodge qui lutte encore contre les derniers soldats khmers rouges retranchés dans la région de Siem Reap où les combats vont se poursuivre jusqu'en 1993. A cette date, les Nations Unies envoient dans la région une force de paix. Aki Ra a 20 ans et n'a connu que la jungle et la guerre. Il témoigne:
" Quand je suis arrivé dans la ville de Siem Reap, j'ai été surpris par de nombreuses choses que j'ai vues. J'avais vu uniquement la vie dans la jungle et nous vivions sans électricité, ni toilettes, ni routes. Même le transport était un nouveau monde pour moi parce que je n'avais vu que des camions et des chars et occasionnellement, de très vieilles voitures. Quand je vis toutes les grosses voitures, je ne pouvais pas en croire mes yeux. Quand j'ai aperçu pour la première fois les rues pavées de Siem Reap, j'ai cru que c'était une montagne qui poussait dans la ville. Les maisons en béton me fascinaient aussi car je n'avais jamais vu que des cabanes et des huttes. Je touchai les murs des maisons pour voir de quoi ils étaient faits. Quand les Nations unies installèrent un écran de cinéma géant dans la ville, les gens vinrent admirer le film. Quand les voitures et les chars se déplaçaient sur l'écran, beaucoup s'enfuirent car ils croyaient qu'ils allaient sortir de l'écran et se retrouver dans l'assistance.
Etagères de minesDe nombreux groupes ethniques vinrent avec les Nations Unies: des Africains noirs, des gens du Bangladesh, du Pakistan, et Les mines les plus courantes au Cambodgede nombreuses autres races que nous n'avions jamais vues avant. Pendant un moment, je pensais que je rêvais ou que j'avais été transporté sur une autre planète et il me fallut environ un mois pour m'adapter à mon nouvel environnement."
Au contact des Nations Unies auprès de qui il s'engage dès leur arrivée, il apprend l'anglais et se forme à l'art du déminage. Depuis, son combat est permanent et sa vie totalement vouée au déminage. "Maintenant, précise-t-il, je travaille pour mon peuple et pour mon pays afin que cesse cette horreur".

Dans ce musée sans moyen que seules les donations servent à entretenir, Aki Ra nous a bouleversés. Si la présentation est un peu fouillis et les explications écrites à la main sur des cartons parfois difficilement lisibles, c'est l'âme de ce musée qui importe. Et Dieu sait qu'il se passe quelque chose quand on vient ici!
Assis sur une chaise, un gamin unijambiste joue avec un jeu électronique. Un de ceux qu'Aki Ra sponsorise et aide pour aller à l'école. Un combat de plus pour cet homme qui force l'admiration.

Pour tout renseignement, le contact est Mr Aki RA. Il parle anglais, français, japonais, vietnamien et khmer. Son adresse est la suivante:
Musée de la Mine
Siem Reap, CAMBODGE
Tél.: (855) 630-446
Email : thailandisfreedom@yahoo.fr

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