Posée
sur le bord de la rivière Tonlé Sap, Siem Reap est une ville en
plein développement. Passage obligatoire pour Angkor, la ville toute
entière essaie de profiter de la manne financière que représente
le tourisme dans la région. Sur le papier, la présence d'un aéroport
international, les routes parfaitement asphaltées sur le parcours touristique
et l'infrastructure hôtelière impressionnante sont trompeuses.
Derrière la façade se cache une ville du tiers-monde où
la pauvreté et lé misère ne peuvent se dissimuler. Sur
les bords de la rivière, à l'écart du regard des clients
des hôtels à touristes, des familles de paysans venus chercher
à la ville l'Eldorado se sont installées. Sous des tentes de fortune
faites de bâches plastiques, des centaines de personnes vivent là,
dans la misère des bidonvilles. Insouciants, les gamins s'amusent avec
des chambres à air, sur cette petite rivière aux eaux douteuses.
Dans les rues, l'économie de la débrouille est reine.
Sur les trottoirs, des dizaines de
gargotes, des vendeurs ambulants tentent de survivre. Tous les dix mètres,
nous nous faisons aborder par un chauffeur de mobylette ou de cyclo-pousse à
l'affût d'un, d'un demi ou même d'un quart de dollar passant à
sa portée. Et même si cela est parfois pesant, avec un peu d'humour
et un sourire on parvient toujours à refuser poliment.
Dans cette compétition, les enfants sont largement mis à contribution,
souvent beaucoup plus à l'aise en langues étrangères que
leurs aînés. Témoin, cette gamine de 11 ans qui nous époustoufle
en nous récitant son laïus commercial en 6 langues qui vont de l'anglais
au français en passant par l'italien,
le japonais, le néerlandais et l' allemand! Mais tout ceci cache en fait
un vrai malaise. Au contact des touristes à longueur de journée,
elle connaît peut-être une dizaine de phrases-clé en langues
étrangères mais ne sait pas lire le khmer, sa langue maternelle.
Comme beaucoup de ses camarades, l'école est pour elle une option, son
véritable travail consiste à vendre des cartes postales aux touristes.
Une économie de survie qui ne peut en aucun cas être une solution
d'avenir. En lui achetant un paquet de cartes postales, nous savons que nous
ne changeons rien de fondamental, à peine nous donnons-nous bonne conscience
en participant à sa quête du jour. Et le sourire dont elle nous
gratifie vient nous dire qu'elle est heureuse. Comme pour se protéger,
consciemment ou non, elle ne se projette pas dans le futur, vivant pleinement
le moment présent. Et pour ne pas sombrer, c'est peut-être la seule
solution...
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