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Alors que 25 kms nous séparent du centre de La Havane, nous entrons dans un magasin d'alimentation pour demander quelques informations. Nous sommes tout de suite saisis par la surface du local compte-tenu de la quantité de nourriture proposée. En clair, il n'y a presque rien sur les étalages et les étagères sont vides. Cela ressemble étrangement aux supermarchés roumains que Yannick a visité en 95...
'Nous défendrons nos conquètes 
au prix qui sera NECESSAIRE'
FidelA quelques pas de là, peint sur un mur, une pensée de Fidel : 'Defenderenos nuestras conquistas al precio que sea NECESARIO'. Le ton est donné, nous sommes rapidement mis dans l'ambiance...
L'absence de lumière ajoute encore à l'atmosphère étrange qui règne. Notre arrivée trouble quelque peu les quelques clients , surpris de voir des touristes entrer dans un tel lieu. Derrière un comptoir, Yannick interroge une femme âgée:
- Nous voulons prendre un bus pour aller dans le centre. Où devons-nous nous rendre?
- C'est juste derrière, au terminal n° 1, répond-elle avec le sourire.
Et la conversation s'engage avec les questions habituelles: d'où venez-vous?, c'est la première fois que vous venez? Etc... C'est très sympa. Nous adorons ce genre d'échanges où chacun essaye de connaître un peu l'autre. Avant de partir, nous lui demandons le prix du bus, afin d'éviter toute éventuelle surprise.
- C'est 1 peso (40 cts), répond-elle.Bici-taxi
- Ah, le problème est que nous n'avons pas de pesos! On peut changer de l'argent dans le coin?
Sortant alors 1 pièce de 1 peso de sa caisse, elle nous la tend avec le sourire:
- Tenez, c'est un cadeau pour vous!
Nous sommes soufflés! Si ce peso ne vaut que 40 centimes pour nous, il représente une somme beaucoup plus grande pour elle (certains Cubains ne gagnent que 40 frs par mois!). Mais au-delà de la somme, c'est le geste qui nous touche particulièrement. Cette femme n'a presque rien et nous donne encore... Belle leçon pour nous!... Nous n'osons bien évidemment pas refuser ce geste de coeur et, la remerciant chaleureusement, nous nous dirigeons vers la sortie, recevant des au-revoir d'un peu partout...
Si nous avons été un peu (beaucoup) refroidis à notre arrivée sur le sol cubain, ce premier contact avec la population nous requinque. La gentillesse et le sourire des habitants semble valoir vraiment le déplacement.

Cubain typique...Nous montons alors dans un bus français, vendu par la ville de Dunkerque comme en témoignent les autocollants qui n'ont pas été décollés... Passant le boulevard Lénine, des portraits immenses de Vladimir Poutine, le Président russe en visite à Cuba, la semaine passée, nous rappellent que nous sommes en terre communiste... , un immense portrait peint de Fidel est accompagnée d'une pensée du guide. Le ton est donné...
Sur la route, Lada, Moscvich mais également Peugeot et Citroën côtoient les grosses américaines d'avant 1959 si caractéristiques du pays... Longeant la Place de la Révolution, au milieu de laquelle trône un immense mausolée datant paradoxalement de l'ancien régime, nous entrons bientôt dans le centre de la capitale.
Bici-taxis (vélos taxis), chevaux-taxis, side-cars (très nombreux), Ladas et vieilles américaines se mélangent dans une circulation assez fluide. Si la chaussée est en bon état et assez roulante, les bâtiments sont dans un état lamentable. Sales, affreusement délabrés, parfois même totalement ravagés, notre première vision des quartiers sud de La Havane nous fait parfois penser à Beyrouth... Depuis 1959, date de la révolution, toute cette richesse architecturale américaine n'a, dans certains quartiers, jamais connu d'entretien ni de réparations. Heureusement, La Havane laissera découvrir par la suite des richesses extraordinaires. On devine une richesse passée, et bien passée...

Vieille américaine
La HavaneBien qu'habitant une ville touristique, les Havanais - on avait le choix entre Havanois, mais ça fait bourgeois et Havaniens mais ça ressemble trop à Hawaïen, alors on a opté pour une terminaison en 'ais', plus prolétaire à notre idée!!- répondent avec le sourire à nos bonjours, toujours enclins à engager la conversation. Yannick est à son aise prêt à parler de tout et de rien, avec un vocabulaire d'à peu près 20 mots!
- Mais qu'est-ce qu'il peut bien leur raconter? S'étonne parfois Caroline, souvent appelée à la rescousse pour son Espagnol beaucoup plus académique...
Mais c'est l'fun! Comme diraient nos cousins canadiens. La joie de vivre et de partager de tels moments nous plaît et nous fait déjà aimé cette capitale que nous connaissons à peine.
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