Alors que le siècle n'a plus que quelques heures à vivre,
nous traversons Viñalès qui s'apprête à fêter le premier de l'an.
Si Noël n'est pas vraiment marqué à Cuba, la nouvelle année qui est rappelons-le
associée au 'triomphe de la révolution', - les révolutionnaires sont entrés
dans La Havane le 2-01-1959-, est LA fête la plus importante pour les Cubains.
Pour les porcs, en revanche, cette date est beaucoup moins attendue... S'il
y a en effet un jour de l'année où tous les Cubains mangent de la viande, c'est
pour la Saint Sylvestre. Et manque de chance pour les porcins, leur premier
de l'an se passe généralement dans l'assiette!!! A la campagne, chaque famille
possédant quelques mètres carrés de terre élève ainsi un -ou plusieurs- cochon
qui sera abattu pour la fin de l'année. A Viñalès, c'est le massacre!
A chaque coin de rue, les hurlements des porcs qu'on saigne -sans même les avoir
assommer auparavant- sont autant de signaux de début de la fête...
Chez Balbina et Leonel où nous résidons, le porc est mort depuis quelques heures
et finit sa cuisson sur le grill d'un de ses 11 enfants...
Ce soir, c'est la fête à l'appartement et nous somme bien évidemment conviés.
- Six de mes enfants seront avec nous ce soir! nous indique Balbina. Ce soir,
le repas est gratuit pour vous: nous vous invitons! ajoute-t-elle.
La remerciant chaleureusement, la porte
de l'appartement s'ouvre bientôt pour laisser entrer les premiers invités. A
la sono, Leonel, le dernier fils de 27 ans, monte le volume de sa première cassette
de salsa... Après un délicieux plat de cochon grillé, nous nous risquons, sous
bien des rires, à nos premiers pas de salsa... Le rhum et la bière aidant, le
mouvement devient alors plus relâché...
A 19h précises, Caroline et Yannick se souhaitent pleins de bonnes choses pour
la nouvelle année qui vient de voir le jour en France -il y a en effet 5h de
décalage-. Dans une ambiance de fête familiale où nous sommes totalement intégrés,
nous dansons et trinquons ainsi jusqu'au passage de l'an nouveau... cubain!!
A minuit moins deux, Leonel coupe la musique et tente de capter une radio sur
sa FM. Tout le monde est suspendu à son geste qui devrait nous donner le 'top'...
Mais déjà la nouvelle année a vu le jour depuis quelques minutes et à la place
des flonflons, chants et vœux de bonne année, toutes les stations diffusent
discours de Fidel ou hymne national ... Se calant alors sur l'hymne, toute la
maisonnée debout entonne alors l'hymne national. Du plus petit âgé, les petits-enfants
de Balbina sont également de la fête, chacun accompagne la radio, connaissant
bien évidemment ce chant par coeur. Debout, presque au garde-à-vous, nous assistons
à la scène, impressionnés. L'ambiance des heures précédentes nous avait presque
fait oublié que nous étions à Cuba... Après ce moment solennel suivent les embrassades
et les vœux de chacun et la musique cubaine reprend la place qu'elle avait perdue
pendant quelques minutes.
Vers 1h30, nous allons nous coucher, remarquant au passage combien cette année
2000 a vraiment été importante pour nous.
- Et nous serons où, dans un an? Lâche Caroline, pensive...
- ... quelque part en Asie du sud-est... mais la route est encore longue! Souligne
Yannick.
- Bonne nuit quand même... et Bonne Année!
- Bonne Année, ma Caro! ...