Jeudi
22 Mars 2001
Vers 5h ce matin, les coqs ont peu à peu sorti le village tout entier de sa
torpeur nocturne. Bientôt, la musique d'une chaîne hi-fi voisine les a accompagnés.
Entre deux états, nous nous réveillons gentiment alors que le village commence
à bouger. La pluie n'a guère cessé de la nuit et les rues de Papaïchton se
sont transformées en tourbières. Nullement inquiétés par les conditions
météo, déjà les gamins gagnent l'extérieur, nus pour la plupart.
La pluie a fait baisser la température, nous avons un peu froid!... La polaire
sur les épaules, nous prenons notre petit déjeuner et malgré les quelques
gouttes, nous partons en direction de Loca. Brigitte et Pierre, nos hôtes
de Kourou, nous ont en effet donné une lettre à l'attention d'un cousin éloigné
de Brigitte.
Instituteur contractuel en poste dans ce village perdu à 7 kms en aval du
fleuve, Erwan a atterri ici un peu par hasard. Nullement enflammé par la vocation,
il est plutôt ce qu'on appelle un routard. Bloqué ici pour faire de l'argent
qui lui permettra d'acheter un bateau pour repartir à l'aventure, il est un
errant dans l'âme. En quête d'une vie qui lui convienne, en phase avec ses
aspirations profondes, il a déjà derrière lui un passé de voyageur.
En arrivant au domicile mis à sa disposition par l'Education nationale, Erwan
nous reçoit comme des amis. Etonné par cette visite, qui est pour lui la seconde
en six mois (!), nous sommes pour lui une vraie bonne surprise. Le courant
passe très rapidement et, après quelques minutes, il nous invite à nous asseoir
pour partager un plat de kwak, nom local du manioc concassé.
En
bonne compagnie, nous échangeons pendant plusieurs heures et finissons par
accepter sa proposition de passer la nuit chez lui. Spécialiste des pâtes
(toujours!), Yannick passe au fourneau pour le dîner, entourés de gamins du
village venus jouer du djembé dans ce qu'ils considèrent comme un espace de
jeu.
- Ce sont mes seules visites, avoue-t-il, et puis ils sont sympas, alors je
les laisse s'amuser jusqu'à ce que ça fasse trop de bruit. après, je les renvoie...
et ils reviennent le lendemain...
Vers 22h30, Erwan
nous laisse son lit, gagnant pour sa part, le hamac du salon.
- Demain, je pars à 7h en pirogue. Vous faites comme chez vous. Peut-être
se reverra-t-on, peut-être pas! En tout cas, bonne route à vous!
- Merci Erwan, bonne chance et bonne route à toi. Que tes rêves se réalisent...