Reportage précédentReportage suivant Trois jours sur les terres aborigènes

Pause thé en plein bushDe retour au camping, Graham nous parle de ses projets pour les jours prochains et vient rapidement au fait:
- J'ai pensé faire une boucle de 3 jours sur les routes non-asphaltées des terres aborigènes, ici à l'ouest d'Uluru. Je me disais que cela pourrait vous intéresser... En se serrant un peu dans la cabine, on peut y passer à 3, ajoute-t-il comme pour se faire pardonner du parcours que nous venons de faire à l'arrière.
La proposition est trop belle et unique pour la laisser passer! D'un regard, nous savons que nous sommes d'accord pour ce tour non-organisé en plein bush australien. Satisfait de notre réponse qui ne s'est pas faite attendre, il ajoute cependant:
- Il faut que je vous dise que je n'ai qu'une seule roue de secours et que nous ne sommes pas à l'abri d'un problème mécanique. Ça va être un peu l'aventure! Pour me rassurer, j'ai avec moi un téléphone satellite, termine-t-il comme pour faire peser la balance de son côté.
- Banco! répondons-nous, heureux que le destin nous ouvre les portes d'une aventure peu ordinaire. Tu nous prends à quelle heure demain matin?
- 8h, ça vous va?
- Parfait! A demain donc!
Dans ce timing serré, nous avons juste le temps de courir dans un supermarché le plus proche et faire des provisions pour 4 jours, nous préparer le dîner et prendre enfin une douche méritée après cette journée bien fatigante. Vers 23h, comme nous nous allongeons dans notre 'chez nous', nul besoin de berceuse pour nous endormir, nous tombons comme des masses dans un sommeil profond.1er diner à l'arrière du pick-up

Trois jours durant, nous sillonnons, en compagnie de notre sympathique ami de rencontre, les routes de terre qui conduisent aux communautés autochtones. Ne figurant pas sur les cartes générales -puisqu'elles sont sujettes à une autorisation préalable sous peine de forte amende-, ces chemins où ne circulent que les voitures en mauvais état des aborigènes, permet les déplacements des locaux d'une communauté à une autre. Si l'axe principal qui se prolonge sur plusieurs centaines de kilomètres assure un désenclavement relatif des communautés, son surnom donne quelques précisions intéressantes quant à l'origine de sa mise en place.
La 'Bombing Road' (route de la bombe) fait en effet référence aux essais nucléaires que les Britanniques firent dans la région aux alentours des années 60. Pour acheminer le matériel, une voie d'accès s'était avérée indispensable... Plus tard, ce sont des fusées qui sont testées près de la station météorologique 'Giles Station', à la grande joie des enfants aborigènes qui retrouvèrent plusieurs jouets classés 'top-secret', explosés dans cet immense terrain de jeu que constitue le bush...
Interdites aux non-aborigènes, les communautés que nous traversons par accident présentent un tableau fort peu idyllique de la situation des natifs. A l'entrée, des panneaux écrits en langue locale rappellent les règles de vie de la communauté, notamment les interdictions formelles faites aux habitants. Ainsi, sur le bord de la piste menant à la communauté de Kanpi, peut-on lire :
Interdictions  à la communauté de Kanpi"N° 1- Wama wita
N° 2- Marijuara wita
N° 3- Petrol sniffing wita
N° 4- Gambling (cards) wita"
Ce qui signifie quelque chose comme : Alcool interdit, Marijuana interdite, Respirer de l'essence interdit et les jeux d'argent (cartes) interdits.

Sur la route conduisant à une communautéGros villages aux maisons en dur sans entretien, la saleté et le manque d'hygiène évidents ne donnent pas envie d'y séjourner. Cloîtrés dans leurs habitations, l'impression d'abandon ajoute encore à l'atmosphère étrange qui règne. Un peu à l'écart, un magasin unique où tout peut-être acheté -en dehors de l'alcool strictement banni-, assure l'approvisionnement en nourriture et biens manufacturés en tout genre. Seule constante que nous notons des deux magasins que nous visitons: un couple de Blancs en assure la gérance...
Mal à l'aise dans ce monde duquel nous ne faisons pas partie, nous n'insistons d'ailleurs pas pour instaurer un dialogue impossible avec les autochtones. Mandatés par les affaires aborigènes, un service local de police vous demande instamment de passer votre chemin. Alors que nous ne sommes qu'à une centaines de mètres de la communauté de Ngaanyatjarraku, une voiture vient nous intercepter et nous demander ce que nous faisons dans le secteur. Très diplomate, Graham nous sort sans encombres de cette question un peu indiscrète...
Troupeau de chameaux dans le bushA l'aridité du désert de la région de Coober Pedy 750 kms plus au sud, la végétation abondante et les nombreuses rivières, nous surprennent un peu. Très riche en arbres et autres plantes parfaitement inconnues, nous nous sentons un peu moins ignorants lorsque nous réussissons à mettre un nom sur les animaux que nous rencontrons. Parmi ceux-ci, quelques troupeaux de chameaux sauvages, introduits ici par les Afghans de la construction du chemin de fer voici un peu plus Dun siècle. Au détour Dun chemin, un dingo- le chien sauvage Australie que l'on ne croise qu'au nord de cette fameuse barrière ,'The Dog Fence', qui compte plus de 5600 km de long qui lui interdit toute incursion sur la pâtures à moutons du sud du pays-, se laissera furtivement surprendre par nos regards affûtés. Les reptiles enfin, du lézard de plus de 50 cms aux serpents que nous préférons apercevoir de la voiture, clôturent enfin ce tableau faunique que nul autre pays ne nous avait permis de voir jusqu'ici.Arbre sculpté en terre aborigène
Cette expérience de plus de 1000 kms en territoire aborigène est loin de nous donner la clé d'une Australie dont on nous vante pourtant les mérites dans guides touristiques, nous savons également que le dépliant idyllique que l'on nous a présenté tout au long du voyage comporte un revers qu'on préfère taire...

De retour sur la Stuart Highway après 3 jours en territoire aborigènes, nous retrouvons la civilisation (!) à la station-service-motel-caravan-park de Kulgera. Sur les tables extérieures du pub, un groupe d'aborigènes se désaltère à la bière...
Reprenant nos sacs à dos attachés à l'arrière du pick-up de Graham, nous laissons notre Écossais fort sympathique poursuivre sa route plus à l'est vers le désert de Simpson. De notre côté, nous profitons des sanitaires où nous nous refaisons une beauté -et une odeur!- plus en phase avec les standards qui nous donneront une chance d'être pris en stop...
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