Reportage précédent Reportage suivantVisites 'incontournables'

Janani et Gessy, nos copains québécoisEt pourtant, malgré cette vie agréable, l'appel de la route commence à se faire de plus en plus pressant. Mais avant de quitter Pékin, il nous reste quelques 'incontournables' - qu'est-ce qu'on n'aime pas ce mot!!- visites que tout bon touriste se doit d'effectuer dans la capitale chinoise. Mais nous ne devons pas en être de très bons, puisque nous les limiterons à leur plus simple expression. Pour nous, et de plus en plus, le vrai voyage, la découverte qui nous dépayse le plus est celle de la rue, en dehors de tout système marchand qui pousse toujours et encore à dépenser de l'argent pour avoir le droit de voir quelque chose. A quand l'entrée entièrement libre et gratuite de tous les monuments et sites estampillés 'Patrimoine mondial' ou 'Sous protection de l'Unesco' ou que sais-je encore? Que les fonds versés par l'humanité toute entière offrent enfin la possibilité Au Temple des Lamas...du financement de leur restauration et entretien, et que l'humanité entière puisse en jouir! De quel droit une société privée peut faire de l'argent sur un bien qui appartient à tous? Mais notre raisonnement doit être trop simple -voire simpliste-, j'en vois déjà quelques uns sursauter devant leur ordinateur!... Vous fâchez pas les copains, moi je disais juste ça comme ça! ... Mais je ne comprends pas pourquoi!....

C'est en compagnie de nos Janani et Gessy, nos amis québécois, que nous visitons le Temple des Lamas, situé au nord-est de la capitale. Haut lieu bouddhiste de la capitale, ce lieu superbe nous plonge au plus profond de ce qui est, pour les non spécialistes que nous sommes, une succession de temples ... typiquement chinois! Les toits qui rebiquent, les peintures murales, l'omniprésence du rouge et, si besoin en était, les caractères chinois qui ornent les murs, tout cela ne laisse planer aucun doute! Pour le reste, le symbolisme des sculptures, tableaux et peintures murales bouddhistes nous interpellent finalement moyennement. Pour la xième Offrandes d'encent au Temple des Lamasfois, les ignares que nous sommes ont le sentiment de voir à nouveau un temple bouddhiste qui diffère finalement peu des autres quand on le regarde avec nos yeux de néophytes. Perdus dans des prières qui s'envolent avec les volutes d'encens qu'ils viennent d'acheter aux dizaines de vendeurs du coin, des fidèles se prosternent pour demander des grâces à leur dieu. Si nous étions provocateurs, nous ajouterions "comme dans toutes les religions"... mais le bouddhisme n'est pas aussi bassement matériel, n'est-ce pas?...

Quelques jours plus tard, nous nous décidons (enfin! après deux mois de séjour à Pékin: un record pour des touristes!) à aller visiter le Palais Impérial de Beijing, autrement appelé la Cité Interdite. Située au coeur même de la capitale, prolongée par la place Tien An Men, cette ville dans la ville fût pendant très longtemps la forteresse du pouvoir dans laquelle seule une poignée de personnes était autorisée à pénétrer. Cernée de murs d'enceinte infranchissables -et parfois même doublés-, la Cité Interdite est le symbole du pouvoir des dynasties chinoises qui se sont succédées - dynasties Ming et Qing - pour régner sans partage sur l'Empire du Milieu. Construite au début du XV ème Mao et nous, 'incontournable' photo...siècle, incendiée, reconstruite, restaurée, la plupart des bâtiments actuels datent de la fin du XVIIIe siècle ou du début du XIX, et ne forment désormais plus qu'un immense musée, le plus visité de tout le pays.
A l'entrée de la cité, un immense portrait de Mao Zedong ( celui que nous appelions autrefois Mao Tsé Toung, c'est le même! ) est accroché, donnant lieu à des centaines de photographies chaque jour. C'est d'ici en effet que le grand timonier proclama la création de la République Populaire de Chine, le 1er Octobre 1949. Et même si l'on commence - ici même en Chine - à entrouvrir les yeux sur le 'règne' d'un des plus grands criminels de l'Histoire, le culte de la personnalité demeure. L'endoctrinement a été trop fort pour tourner la page si rapidement, le portrait de Mao demeure. Pour mémoire, rappelons quand même que Mao est mort en 1976, mais nous sommes ici en Chine...

La Cité Interdite, de faceEn franchissant les portes de la Cité après s'être acquittés d'un droit d'entrée de 60 yuans (prix touriste), l'immensité du lieu et le nombre impressionnant de bâtiments donnent immédiatement la mesure : c'est gigantesque! Bien que nous nous soyons baladés à de nombreuses reprises à l'extérieur de la Cité, longeant les murs rouges (évidemment!) d'enceinte, nous ne nous en rendions pas compte. Édifiée selon des règles très précises du Fengshui, croyance chinoise qui se veut également être une science, la Cité toute entière est ainsi en parfaite harmonie avec les éléments.
Si l'on croit les enseignements Fengshui, la terre se comporterait en effet comme un être vivant, sensible aux ondes positives et négatives et diverses autres forces mystérieuses parmi lesquelles notre cartésianisme occidental a bien de la peine à se retrouver. Ne pas tenir compte de tous ces éléments présente alors des risques majeurs aux yeux des chinois fengshui-istes. Celui de perturber l'harmonie préexistante ou encore de cristalliser des ondes négatives en un lieu qui deviendrait alors maléfique. Aussi ne rigole-t-on pas avec ça ici : mieux vaut mettre toutes les chances de son côté et maximiser les influences positives. C'est ainsi qu'en plus de tous les calculs permettant d'orienter et de dimensionner les bâtiments de la Citée interdite, de dessiner les plans d'eau et la forme des jardins qu'elle abrite, une colline artificielle a même été édifiée au nord du Palais Royal pour bloquer l'arrivée des ondes négatives. Toute une science en effet...
La Cité Interdite... de côté!

Le nez plongé dans notre guide, nous suivons, en touristes disciplinés, le sens de la visite, lisant le paragraphe qui se rapporte à Détail de porte à la Cité Interditechaque bâtiment que nous atteignons. Mais très rapidement -nous nous excusons auprès des spécialistes et de tous ceux qui sont tombés en amour avec ce lieu, comme disent nos amis québécois- toutes ces énumérations historiques qui ne font pour nous référence à rien dans nos têtes qui manquent décidément de bien des références, nous ennuient. Savoir que machin trucmuche a fait tel ou telle chose en ce lieu nous parle finalement peu, incultes que nous sommes!! . Si encore il y avait quelques histoires salasses, ou quelques histoires de crimes odieux à la Pierre Bellemarre (voyez, nous n'en demandons pas beaucoup!) dignes de retenir notre attention... Mais rien! Rien que des histoires de dynasties où les noms des acteurs sont déjà imprononçables! Et puis les trônes qui se succèdent, les bâtiments qui se suivent, on en a un peu notre claque après deux heures de visite.
- Tu veux continuer toi?...
- Pfff... non, j'crois qu'c'est bon pour moi. Mais si toi tu veux poursuivre... , lâche gentiment Caroline, craignant de mettre un terme prématuré à une visite qui se veut capitale.
- Ça me passionne... mais je ne vais pas te laisser partir toute seule... répondis-je avec une mauvaise foi éhontée, travers pourtant typiquement féminin!Dans les jardins de la Cité Interdite...
- J'savais bien qu't'en avais marre toi aussi! sourit-elle enfin, mais c'était à voir, non?
- Oui, c'est sûr. T'en retiendras quoi toi? questionnai-je, inquisiteur
- Ben ... plein d'trucs!... Comme par exemple le fait que le palais impérial était autrefois la construction la plus élevée de Pékin, interdiction formelle était faite de construire un édifice qui surpassât celui de l'empereur.
- T'as lu ça où toi? fis-je perplexe devant autant d'érudition.
- J'le sais depuis que je suis toute petite, ça! rit-elle en refusant de me dire le numéro de la page d'où elle tire cette info qui fera bien savante dans le reportage que j'aurai à écrire... Et toi, t'as retenu quelque chose? poursuit Caroline, fière de son effet.
- Ben ... heu ... ouais! Le portrait du mec à l'entrée, c'est celui de Mao!...
- J'vois qu'tu fatigues toi! Si on rentrait boire une p'tite bière? termine Caroline, qui a finalement toujours le mot qui fait plaisir...
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