Si on veut comprendre un
peu la réalité de Cuba, il paraît indispensable d'avoir quelques notions de
l'histoire de ce pays.
Sans avoir la prétention de vous raconter la vérité historique du pays, voici,
en quelques lignes, ce que nous en avons compris.
Quand
Christophe Colomb découvre l'île en 1492 pour le compte de la couronne espagnole,
Cuba compte environ 100 000 Indiens. 50 ans plus tard, les 5500 survivants ne
sont plus assez nombreux pour satisfaire le besoin de main-d'oeuvre des colons
espagnols, qui font alors largement appel aux esclaves africains. Développant
la culture de la canne à sucre, Cuba devient, grâce à un large investissement
américain, le premier producteur mondial de sucre.
Alors qu'éclate la seconde guerre d'indépendance en 1895, largement initiée
par José Marti ( un 'héros national'), Cuba est totalement dépendante de l'ogre
américain qui la dévore, bien que sous contrôle d'une Espagne qui s'en désintéresse...
Un terme est mis aux sentiments nationalistes quand l'Espagne et les USA signent
un traité de paix en 1898, après que les USA soient intervenus pour défendre
les intérêts américains de l'île.... Résultats des courses: l'Espagne se retire
et Cuba passe sous contrôle militaire américain. C'est à dire sous l'emprise
totale des USA!
En obtenant son indépendance en 1902, (un amendement américain évite de justesse
l'annexion, malgré la volonté affirmée de plusieurs présidents), Cuba reste
sous contrôle américain, puisque forcée d'accepter l'amendement Platt, autorisant
les USA à intervenir où et quand bon lui semblera sur le territoire cubain!...
Ce qu'ils feront à de nombreuses reprises, jusqu'à l'abrogation de l'amendement
en 1935.
Le pays restera ainsi pendant des années sous le joug yankee, développant notamment
son tourisme basé sur l'alcool, le jeu et la prostitution pendant la Prohibition... De
scandales en gouvernements corrompus qui se succèdent, le pays tombe en ruine.
En 1933, le dictateur Machado est déposé et remplacé par un groupe de militaires,
parmi lesquels un jeune sergent du nom de Fulgencio Batista, qui deviendra président
en 1940.
Non réélu en 1944, Batista arrive à nouveau au pouvoir en 1952 après un second
coup d'état, aussitôt reconnu et soutenu par les Etats-Unis. Un jeune avocat,
dont l'élection à la Chambre des Représentants ne faisait pas de doute, ne peut
accepter cet état de fait et, grâce à de nombreux soutiens, met en place les
bases de la révolution cubaine qui mettra fin à la dictature de Batista en 1959.
Son nom: Fidel Castro.
Ennemi juré de l'impérialisme américain, Fidel nationalise
très rapidement les entreprises américaines et bientôt tous les intérêts américains,
au nom du peuple et de la révolution contre l'impérialisme. C'est une véritable
guerre à distance que se mènent alors Américains et Cubains, ayant pour point
d'orgue l'invasion ratée de la Baie des Cochons, fomentée par la CIA, en 1961.
Suite au camouflet, le président Kennedy décide alors, en juin 1961, de mettre
en place un embargo total sur Cuba, afin d'asphyxier le pays. Une gigantesque
fuite des cerveaux cubains vers les USA pose alors un problème majeur
pour la survie de Cuba. Alors que nous sommes en pleine guerre froide, Castro
se tourne alors vers l'URSS et trouve ainsi une issue de secours dans le chaos
économique qui gagne déjà le pays. L'apogée de la crise entre les deux pays
est certainement la mise en place des missiles soviétiques sur le sol cubain
en 1962, pointés vers les USA ennemi juré, symbole du capitalisme tant haï.
Bien que les convictions marxistes de Castro ne semblent avoir été que de circonstances,
Cuba va alors sauver sa révolution grâce au bloc soviétique, dont l'aide technique
et financière lui sera d'un immense secours. En contrepartie, elle en adoptera
le modèle. Totalement dépendante économiquement de l'URSS (en 1988, 87 % de
ses échanges se font avec le bloc soviétique), Cuba se veut pourtant en marge
politiquement et organise même, en 1979, le sommet des pays non-alignés. C'est
ainsi, qu'après la chute du mur de Berlin et du communisme, Castro reprend les
choses en main et 'ouvre' son pays vers une 'période spéciale' de 5 ans, pendant
laquelle notamment l'entreprise individuelle (jadis interdite) refait son apparition
et la possession du billet vert n'est plus illégale...
Si le pays se relève peu à peu et connaît à nouveau la croissance après les années extrêmement difficiles de l' après chute du mur de Berlin, un Cuba nouveau est en train de naître. La page du socialisme pur et dur des années passées semble être en train de se tourner. C'est dans ce contexte que nous découvrons Cuba, conscients de vivre des moments cruciaux dans l'histoire de ce pays. A tout moment, nous sentons cette ambivalence habiter les Cubains. D'un côté, cette forte culture socialiste - un endoctrinement, diront certains-, de l'autre une course à l'argent que nous connaissons dans nos sociétés capitalistes.