Un fidèle castriste

Mercredi 20 Décembre 2000
Après une excellente première nuit passée dans notre 'casa particular', chez Jésus, nous nous levons vers 9h30. Après une douche rapide, nous allons saluer Jesus et sa femme, assis dans la cuisine. Très bavards, ils nous apprennent qu'ils sont professeurs à la retraite, qu'ils ont des enfants étudiants (deux en médecine et un en électronique), etc. ... Inévitablement, nous passons également sous le feu de leurs questions et, constatant que nous aimons le dialogue, Jésus se lève bientôt pour revenir quelques minutes plus tard avec quelques journaux sous le bras.
S'asseyant à côté de nous, il nous interroge:
-Vous avez un peu de temps?
- Bien sûr, répondons-nous en chœur. On est partis pour 3 ans , alors...
Avec un sourire complice, sûr de l'intérêt qu'il va susciter et jetant un regard vif par-dessus ses lunettes, il ajoute:
-Eh bien, je vais vous dire la vérité sur Cuba. Ce que vous ne pouvez savoir à travers votre presse 'bourgeoise'!...
Le ton est donné. Partant un peu dans tous les sens, il nous présente, le 'complot capitaliste' mené pour mettre fin à la révolution cubaine. De la 'mafia de Miami' en passant par les assassins de la CIA', Jésus veut nous faire connaître 'la vérité', sa vérité. Même si nous sommes conscients que tout ce qu'il dit n'est sûrement pas entièrement faux, nous écoutons d'une oreille presque amusée son exposé.
C'est maintenant au tour de Posada Carrilès, mercenaire cubain milliardaire, engagé par la CIA pour tuer Fidel. Nous apprenons ensuite comment Reagan acheta les notables exilés Cubains de Miami pour mettre un terme à la révolution à travers les 'Brothers of Rescue'... Pour terminer, et avec force détails, Jésus nous dit tout sur la guerre bactériologique menée par les 'impérialistes' américains contre Cuba. 'Prouvée scientifiquement', cette guerre venue du ciel par des 'avions yankees qui ont été photographiés', a décimé le cheptel porcin en introduisant la fièvre porcine. Dans les années 80, c'est une épidémie de dengue qui paralysera le pays en contaminant 80 % de la population et fera mourir plus de 100 enfants...
Et des exemples, Jesus en a encore des dizaines:
- C'est dommage que vous n'ayez pas plus de temps, regrette-t-il quand nous lui disons que nous devons partir, je vous aurais parlé de la phase de la guerre bactériologique, celle qui amena des fièvres hémorragiques et qui s'attaquait aux yeux...
- Dommage en effet...
Quittant Jesus et sa famille, nous prenons un peu la mesure de la véritable guerre de l'information (et de la désinformation) qui est menée ici à Cuba.

A Miami, du côté des plus fervents ennemis du régime castriste, le discours doit être similaire: le diable est de l'autre côté, c'est la seule vraie différence...