Le 17 décembre, vers 22h heure locale, nous atterrissons à l'aéroport
José Marti à La Havane.
Nous sommes en territoire communiste:'il va falloir se méfier de tout', nous
a-t-on recommandé! Contrôle des visas, des passeports, tout se déroule normalement.
Les premières personnes rencontrées sont charmantes:'Bon séjour à Cuba!', nous
dit la femme au contrôle des passeports... L'entrée s'annonce sous de bonnes
augures. Caroline est d'autant plus contente d'être enfin ici, à Cuba, après
toutes les difficultés que nous avons connues pour quitter le Mexique. La réception
des bagages commence....
Après une demie-heure d'attente, alors que tous les autres bagages sont arrivés,
celui de Yannick manque toujours à l'appel. Un bon quart d'heure plus tard,
enfin, le sac bleu tant convoité apparaît sur le tapis. Ouf, on a eu peur! Accompagnés
de Brent et d'une Américaine, nous passons alors la douane.
- Par ici, Monsieur, interpelle
un douanier, s'adressant à Yannick.
- Moi?
- Oui, oui, vous! Le ticket accompagnant votre sac est marqué d'un trait rouge.
On va le contrôler!
Il ne manquait plus que ça! Sur notre gauche, 5 tables accueillent déjà des
passagers précédents. Les sacs sont entièrement vidés, disséqués, un par un
par des fonctionnaires. Tout au fond, une femme âgée dans un fauteuil roulant
voit impuissante toutes les caisses et valises (et il y en a plusieurs!) vidées
sous ses yeux. Devant nous, une femme est en pleurs alors qu'on vient de lui
confisquer la télévision qu'elle amenait... On dirait que le temps se gâte pour
nous...
- Tu penses que l'ordinateur...
- Oui! Coupe Yannick. Ils l'ont repéré aux rayons X et .... on va voir, ajoute-t-il
un peu inquiet.
Quand arrive notre tour, alors que d'autres
personnes se voient confisquer des appareils électriques (téléviseurs, magnétoscopes...),
une femme interroge Yannick
- Vous avez des appareils électriques?
- Oui, un ordinateur.
- Ah, c'est ça! Veuillez le sortir, s'il vous plaît!
Nous lui expliquons pourquoi nous transportons un tel appareil, que nous faisons
un tour du monde et que des écoles nous suivent sur Internet, etc... Très vite,
la femme nous explique la situation:
- A Cuba, il est interdit de transporter de tels objets pour des touristes.-
Et pourquoi? Coupe Yannick
- C'est la loi! Répond-elle. Je vais donc être obligée de vous le confisquer
et vous pourrez le récupérer quand vous sortirez du territoire, ajoute-t-elle.
- Mais c'est impossible, reprend Caroline, c'est pour nous un instrument de
travail!
-
C'est le règlement...
- Mais si nous n'avons pas notre PC, notre séjour à Cuba n'a plus aucune raison
d'être. Nous venons ici pour parler du pays aux écoles, aux personnes qui nous
suivent...
- Je comprends mais je ne peux rien faire, finit par ajouter la fonctionnaire
appliquant un règlement avec lequel elle ne semble pas en phase.
Mais c'est la loi, alors... Déjà, elle remplit le papier de confiscation du
matériel. Nous sommes effondrés!
- Si c'est comme ça, on quitte Cuba dès que possible, ajoute Yannick à l'attention
de Caroline qui traduit. Rien n'y fait, la loi est la loi...
Alors que nous avons dit à Brent de ne
pas nous attendre, nous sortons de l'aéroport un peu abasourdis. A la sortie,
des dizaines et des dizaines de personnes attendent l'arrivée des passagers.
Une femme policier nous interroge très gentiment: " Où allez-vous? Je peux
vous aider?"
Comprenant notre désappointement et désolée pour une application aussi bête
d'un règlement aussi idiot, elle essaye de nous rassurer. Nous ne voulons pas
rester une minute de plus ici si nous n'avons pas notre outil de travail,et
sous le coup de la colère, où nous pouvons acheter un billet pour partir. Désolée,
elle tente de calmer la situation et nous conseille d'aller demander audience
au chef de la douane afin de lui expliquer la situation.
Revenant sur nos pas, nous tentons
d'entrer au poste de douane. Après quelques explications, on nous laisse entrer
et une femme nous écoute. Caroline lui explique à nouveau notre position, insistant
sur le fait que nous sommes suivis en France. Très finement, elle ajoute:
- Pour nous, Français, Cuba est un pays très important que nous ne pourrions
évincer d'un tour du monde. Tout le monde sait que Cuba explose et s'ouvre au
monde. Nous ne pouvons concevoir de repartir d'ici en disant aux nombreuses
personnes qui nous suivent, aux écoles, qu'on n'a pas voulu nous laisser présenter
ce pays...
Caroline vient de toucher la corde
sensible.
- Je comprends, reprend la femme qui a acquiescé du début à la fin. Allez voir,
demain matin, le bureau principal de la douane, au terminal No 1. Expliquez
ce que vous venez de me dire, que vous parlez de nos écoles, de nos hôpitaux,
etc... On pourra peut-être vous donner l'autorisation de reprendre votre ordinateur.
Le brillant plaidoyer de Caroline vient de faire mouche. Tout espoir n'est pas perdu et notre départ immédiat est remis en cause. A la sortie de la douane, la même femme policier nous attend et prend connaissance de la situation, heureuse pour nous. A elle seule, elle nous fait déjà aimer les gens du pays. Quitter Cuba serait une immense déception pour nous et nous voulons nous accrocher au peu de chance qui nous reste... Demandant l'autorisation e dormir dans l'aéroport, nous obtenons gain de cause et faisons à nouveau du camping dans le terminal.