Malgré
la pluie qui nous a rattrapés, nous rentrons assez facilement sur
Montréal. Nous avons reçu une invitation par courrier électronique
pour résider chez un jeune couple de Français que nous connaissons.
L'appartement est petit et nous essayons de les déranger le moins
possible.
- Pas de problème, faites ce que vous avez à faire, nous propose-t-il
gentiment. Vous pouvez utiliser Internet à votre gré, ici
tout est gratuit.
- Gratuit?
- Oui, les communications locales ne sont pas payantes et nous
avons un fournisseur d'accès gratuit. Seule contre-partie un bandeau
publicitaire qu'il faut activer régulièrement.
- Sinon?...
- Sinon, la communication se coupe! Il faut alors se reconnecter.
- OK. Eh bien, merci pour tout!
- Pas de problème!
Nous achetons des pizzas et de la bière pour le soir, nous les invitons
à manger chez eux!
La
matinée du jeudi 19 Octobre est consacrée à l'informatique
afin de mettre à jour les reportages diffusés sur notre site.
Notre hôte ne travaille pas encore et reste avec nous une bonne partie
de la journée; Alors qu'il doit quitter l'appartement quelques heures,
nous préférons faire de même et profiter de ce moment pour
régler quelques affaires en ville.
En rentrant le soir, nous sentons l'ambiance un peu moins amicale.
- Vous êtes encore là?... nous vaut matière d'accueil de
la part de la copine de notre hôte, visiblement heureuse de nous revoir..
Nous sentons que le temps se gâte pour nous mais nous n'osons y croire.
Nous les connaissons par l'intermédiaire d'amis d'enfance et un tel accueil semble peu plausible
dans notre culture campagnarde. Ils nous ont contactés pour nous inviter,
et nous ne voyons rien qui puisse les avoir inquiétés ou choqués.
Peut-être interprétons-nous mal une fatigue de fin de journée?
Nous jouons alors la carte du dialogue, feignant d'ignorer une tension déjà
sensible...
S'adressant à son copain, elle lui indique qu'elle va se faire une salade
pour elle. Nous avions préparé un dîner rapide pour 4 personnes,
pensant ainsi quelque peu les dédommager de notre présence...
Sans se soucier de nous, elle s'installe à table avec SON repas. Nous
tentons encore de discuter de choses et d'autres, lui seul semble encore jouer
le jeu.
Caroline se sent vraiment mal à l'aise, Yannick feint de ne rien remarquer...
La nuit porte conseil.
Vendredi 20 Octobre
Alors
qu'il nous reste de travail informatique, nous consacrons la journée
à travailler en ce sens. A cet effet, nous utilisons Internet quelques
heures, en accord avec notre hôte. Vers 15h, alors que nous préférons
poursuivre notre tâche à l'appartement, il quitte les lieux.
- On est vraiment de trop, glisse Caroline...
- ... mais c'est lui qui nous a invités et proposé d'utiliser
Internet, je ne comprends pas!... On avisera ce soir...
A son retour, nous tentons une ultime médiation. En apparence tout va
bien mais le coeur n'y est pas.
- Si vous n'avez rien de précis ce soir, nous vous invitons à
prendre un verre en ville, risque Yannick.
-... ouais... faut qu'je vois avec ma copine... j'crois qu'on a quelque chose
de prévu...
A l'arrivée de celle-ci, nous savons à quoi nous en tenir. Nous
ignorant totalement, elle prend le téléphone et propose à
une copine de passer la voir ce soir. S'adressant à son copain, elle
ajoute:
- Téléphone à X et Y (des amis), ils viendraient bien avec
nous! Je t'attends en bas!
Associant le geste à la
parole, elle quitte alors l'appartement sans autre commentaire. Lui semble plutôt
gêné et , ayant donné rendez-vous à leurs amis, il
nous quitte en nous laissant une clé de l'appartement.
- Si vous sortez... A plus tard!
Oui, c'est ça à bien plus tard!!! Un seul regard nous suffit pour
commencer le paquetage des sacs. C'est décidé, on s'en va.
En entamant ce tour du monde, nous nous sommes toujours dit que nous ne nous
serions jamais imposés nulle part. Une des quêtes de ce périple
est la rencontre, qui ne peut se concevoir sans volonté réciproque
d'échanger quelques chose. Aussi préférons-nous satisfaire
à la volonté non formulée mais si clairement démontrée
de nos 'hôtes'. Nous quittons donc ces lieux sans plus tarder, il est
19h.
-
On va où? Interroge Caroline.
- Gilles nous a invités si on revenait à Montréal. On lui
téléphone?
- Si tu veux!...
- T'inquiète pas, si Gilles nous a invités, c'est une VRAIE invitation!
Ou alors, ça vient de nous!
Nous ne connaissons certes pas beaucoup Marie, sa copine, et ils ont un bébé
de 3 mois. C'est un peu délicat, mais nous ne pensons pas être
invivables, quoiqu'après l'épisode précédent...