Reportage précédentReportage suivant Départ d'Ouvéa

Départ matinal d'OuvéaDix-sept Septembre: 6h00 du matin. Branle-bas de combat sur Mitan. Anxieux de nature, Jacques est aux cent coups et court dans tous les sens, comme s'il y avait le feu à bord ou un cyclone dans les parages... Depuis plus d'un mois que nous vivons avec lui, nous commençons à connaître notre capitaine. Aussi, nous ne nous affolons pas.

Nous quittons ce matin ce magnifique petit mouillage de Mouli sur l'île d'Ouvéa et sortons du territoire français en direction du Vanuatu, cette petite république qu'on appelait les Nouvelles Hébrides avant 1980, date de son indépendance.
Les yeux rivés sur le sondeur, Jacques a les nerfs à fleur de peau. Malgré le très faible tirant d'eau de son dériveur (à peine 2 m avec la dérive), les cartes très précises dont nous disposons et le fait que nous ayons déjà emprunté cette portion de route il y a deux jours, rien n'y fait!
La mort dans l'âme, il laisse Caroline à la barre, planté 50 cms à côté d'elle.
- Tu te diriges droit sur le point là-bas... Non, un peu plus à babord ...à tribord maintenant... Garde un oeil sur le sondeur... Pas trop près de la côte... pas trop loin maintenant... Garde toujours un oeil sur le sondeur... on va plus s'écarter maintenant, on dirait que le reef se rapproche.... Fais attention!...
Vingt minutes plus tard, exaspérée mais polie, Caroline lui rend la barre qu'il n'osait demander directement. Quand il s'agit de faire la cuisine et le ménage, le manque de confiance qu'il manifeste à son égard est beaucoup moins probant!Caroline, blessée
Rageuse maos préférant éviter le conflit qui, sur un bateau peut vite devenir une catastrophe, elle préfère redescendre dans le carré et s'allonger un peu. Après une bonne heure et demie de moteur, nous hissons enfin les voiles, mettant ainsi un terme au bruit désagréable qui emplit le bateau.

Port-Vila, la capitale du Vanuatu, se situe sur l'île d'Efate, au sud de cet archipel qui ne compte pas moins de 83 îles. 210 milles nautiques nous en séparent. Si le vent souffle à une vitesse qui avoisine les 20 noeuds (36 km/h, ce qui correspond à une vitesse très correcte pour la navigation sur un tel bateau), il est plein nord-ouest, c'est à dire en plein dans la direction où nous allons. Ceci signifie que nous naviguerons au près très serré si nous ne voulons pas tirer de bord. Et comme Jacques navigue au cap, le GPS rivé à la barre, ceci signifie que 48 heures de navigation musclée nous attendent. Dans une houle de 3 mètres qui ne faiblit pas, Mitan passe 40 heures couché par un gîte moyen de 30 degrés.
Pour les marins novices que nous sommes, les sensations sont au rendez-vous. Caroline n'est pas en confiance, particulièrement quand le gîte atteint 40
degrés par moments... Jacques affiche une assurance de marin expérimenté. Le bateau file à près de 6 noeuds de moyenne, rien n'indique en effet que nous sommes en danger!
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