Accompagné
de Patrice, 'notre' breton de l'Île de Pâques, les heures de vol
qui nous séparent de Tahiti distant de plus de 4000 kms passent sans
que nous nous en rendions compte. Choyés par les hôtesses pascuanes
qu'il connait personnellement, nous avons même droit au Champagne réservé
normalement à la classe 'affaire'...
Il est près de 23h00 comme nous touchons le sol tahitien de l'aéroport
de Papeete. Cueillis dès l'atterrissage par plus de 25°C, -une température
que nous n'avons pas connue depuis un moment-, la fatigue du décalage
horaire ajoutée aux courtes nuits pascuanes nous assomment littéralement.
- J'ai des copains qui viennent me chercher, nous a indiqué Patrice.
Peut être que vous pourrez venir avec moi, on va voir... rajoute-t-il
alors que nous récupérons nos pesants sacs à dos sur le
tapis roulant.
Dès notre sortie, Cathy et Gilles, ses copains métropolitains,
tahitiens d'adoption, ne se posent même pas la question. " Ce sont
des copains à toi? Allez, montez, on va s'arranger! nous propose le plus
naturellement du monde la dynamique Cathy. Et dix minutes plus tard, nous entrons
dans le sympathique appartement de fonction du lycée où Cathy
est CPE...
Perchés sur les hauteurs
de la commune de Mahina, distante de quelques kilomètres de la capitale
tahitienne, nous ne prologeons pas plus longtemps les présentations pour
ce soir : tout le monde est KO.
Après
une bonne nuit de sommeil, nous réalisons une fois de plus la chance
que nous avons. Alors que nous nous apprétions à débusquer
une petit coin tranquille pour passer la nuit dans l'aéroport, nous nous
réveillons au pied d'une baie vitrée de laquelle on aperçoit
le lagon de Tahiti...
- Thé, café, lait? J' vous ai sorti la confiture, il y a des yaourts
dans le frigo si vous voulez! Y' a l' grille pain ici. Enfin vous faites comme
chez vous! nous annonce Cathy avec une gentillesse extraordinaire. Dotée
d'une pêche d'enfer, elle fait incontestablement partie des personnes
qui donnent envie d'être connues.
" La voiture est là, ajoute-t-elle. Si vous voulez descendre à
Papeete..." Pour peu, on remercierait presque Patrice de nous mettre en
si bonnes mains!
Gilles, son mari, est parti au travail vers 5h00 ce matin. Il est maître
voilier. "Il vient de monter son entreprise, nous dit Cathy. Une chance,
ça démarre très fort. Trop fort peut être, il est
débordé... Il n'arrête pas, je ne le vois presque plus en
ce moment!" termine-t-elle fataliste.
Montant
les escaliers pour saluer Patrice et les deux squatteurs inconnus que nous sommes(!),
Hugo 12 ans et Ulysse 9 ans, leurs deux fils, viennent de se lever. Pour eux,
c'est la dernière ligne droite, la fin de l'année scolaire est
là. En quelques minutes, j'ai déjà trouvé deux copains,
discutant de tours de magie et de jeu d'échecs... Petit dèj' à
la va-vite, rapide douche et cartable sur le dos, le timing est encore plus
serré ce matin. Cette quotidienne course matinale nous ramène
à une réalité dont nous sommes bien loin. " Allez,
les enfants, vous allez être en retard!" s'impatiente Cathy...
En cette fin d'année scolaire, si les élèves ont déserté
les locaux, l'administration du lycée elle, donne le dernier coup de
collier. Gestion des notes d'examens, inscriptions, bilans, internat...
Nous laissant à nous-mêmes dans notre nouveau 'comme chez nous',
Cathy va rejoindre son équipe à deux pas de l'appartement.
Patrice connait la Polynésie depuis des années. A Raiatea, une
des Îles sous le Vent, il est attendu dans les jours prochains pour débuter
sa saison annuelle de skipper. Le marché des voiliers-charters pour touristes
en quête de paysages de rêve a pris un tel essort ces dernières
années, que des marins comme Patrice ont un travail assuré.
- On va aller voir les horaires du Vaeanu, le cargo mixte qui fait la liaison
jusqu'à Bora-Bora. Normalement, il part ce soir d'ici, nous indique-t-il.
Ca va nous laisser un peu de temps pour voir Papeete et la côte, nous
propose-t-il avec sa gentillesse habituelle.