De
notre côté, nous sommes également pris au piège.
Abordant un monde nouveau, nous prenons
notre mal en patience, bricolant avec Jacques et des connaissances du ponton.
C'est ainsi que nous faisons la connaissance de Marco, un pêcheur chilien
marié à une française. Sa vie est un véritable roman.
Fils d'un plongeur de combat, Marco a bourlingué partout dans le monde
avant de poser ici ses bagages il y a une dizaine d'années. Avec lui,
nous repartons en voyage tant il sait raconter les choses qu'il a vécues.
Sa rencontre est un véritable plaisir. Lorsqu'il nous dit avoir vécu
un moment sur l'Île de Pâques, nous avons la surprise de constater
qu'il parle de pascuans que nous avons côtoyés lors de notre récent
séjour! Quand nous lui montrons nos photos sur l'ordinateur, Marco n'en
revient pas! Le monde est si petit!...
Sur les pontons, se côtoient une majorité de riches -voire de très,
très riches "qu'on se demande où ils ont volé tout
leur argent!..."- propriétaires et quelques rares 'routards des
mers', n'ayant de fortune que ... celles de mer!... Les premiers vivant, souvent
que quelques jours par an, sur des voiliers valant plusieurs millions de francs,
aménagés en véritables appartements de standing. Les autres,
nomades des océans, vivent à l'année sur des coques de
noix où la cuisine se fait sur un camping-gaz bricolé... On ne
sait pas pourquoi, mais notre coeur balance en direction de ces puristes, qui
vivent la mer comme une passion, et non comme un hobby passager, un caprice
de riche. Si le kilo de frime et
de "m'as tu vu mon bateau" pouvait se récolter, la moisson
serait exceptionnelle sur les pontons!... De conneries aussi!...
Tout près du marché, juste en face de cet étalage de fric,
des SDF kanaks boivent des boîtes de " Number One", la bière
locale... Le temps d'une heure, j'irai discuter avec eux. Peut être juste
pour qu'ils sache que nous ne faisons qu' accidentellement partie du monde d'en
face...
C'est par l'intermédiaire de Jacques
que nous rencontrons Régis, Jacqueline et leur fils Ian de 13 ans. Il
y aura bientôt un an qu'ils ont, à Nouméa, acheté
ZORBA, un immense ketch de 16,50 m. En leur compagnie, nous partageons de vrais
moments de rigolade, après les footing quasi quotidien où Régis
doit se rendre à l'évidence : ses jambes de cinquantenaire n'ont
plus vingt ans!! (clin d'oeil ... dans le rétroviseur!). Le soir, nous
partageons quand même la même table, et nous refaisons une santé
devant des plats de coquillettes ou de spaghetti, les plats préférés
des amateurs de nouilles que sont Ian et Régis...
Pour tuer le temps qui ne passe pas très vite dans l'attente de cette
voile qui n'arrive toujours pas, nous partageons avec eux un week-end end sur
ZORBA, dans le lagon de Nouméa. Week-end mémorable s'il en est
puisque nous tomberons en panne sèche avec l'annexe, à près
de sept milles nautiques du bateau... Quatre heure de rame plus tard, dans la
nuit noire, nous retrouverons enfin Jacqueline et Caroline qui ont eu la bonne
idée de ne pas accompagner les marins d'eau douce!...