Soirée crêpes et tango à Bathurst
C'est,
une fois n'est pas coutume, une famille qui nous accueille dans son fourgon
Toyota, faisant demi-tour un kilomètre après nous avoir dépassé sur le bord
de la route.
- Nous allons à Bathurst également, nous indique le chauffeur d'une trentaine
d'années. Moi, c'est Neil!
- Et moi, c'est Rita, poursuit la jolie femme qui l'accompagne. Derrière, ce
sont Chris et Gerard, deux de nos quatre enfants.
Les présentations faites, la conversations tourne, une fois de plus, très rapidement
à la discussion entre copains.
- Alors, c'est lequel de vous deux qui a influencé l'autre pour s'arrêter? questionnons
en plaisantant.
- C'est moi ! s'exclame Neil, pointant alors un doigt accusateur en direction
de Rita, tandis qu'elle se cache le visage dans les mains en riant… de honte!
Rita, elle, ne voulait pas vous prendre ! 'On ne sait jamais !', m'a-t-elle
conseillé. C'est moi qui ai insisté!
Et nous d'en rajouter à propos des armes que contiennent nos sacs à dos!…
Dans
une ambiance sympathique, Neil et Rita ne tardent pas à nous proposer de rester
chez eux pour la nuit. Et c'est ainsi que nous passons la soirée et la nuit
à Bathurst dans le bush australien, chez de parfaits inconnus qui craignaient
au premier abord de trouver en nous des bandits de grands chemins ! Pour les
remercier de leur hospitalité, nous préparons même un dîner de crêpes bretonnes
dont nous sommes devenus spécialistes !
- Tu n'as pas peur qu'on les ait empoisonnées, Rita ? insistai-je, alors que
tout le monde se régale.
Et Neil d'en rajouter une couche tandis que sa femme rit, encore confuse...
- Ce soir, nous allons au cours de danse, vous voulez venir avec nous ? nous
demande Rita, dont les grands yeux bleus et la chevelure brune nous rappellent
les belles Argentines danseuses de Tango.
- Si on ne nous force pas à danser, ce sera avec plaisir ! répondons-nous en
souriant...
Une
demi-heure plus tard, nous entrons dans la salle de bal d'un hôtel où une dizaine
de danseurs parés de leurs plus beaux effets, attendent le cours. En polaires
et pantalons de randonnée qui réclament un lavage depuis plusieurs jours (!!),
nous faisons un peu tâche dans ce décor de soirée presque mondaine. Il est vrai
que nos lourdes chaussures de randonnée tranchent un peu avec les clinquantes
chaussures blanches et noires, brillantes comme un sou neuf, du professeur qui
vient de faire son entrée… Afin de ne pas nous confondre avec des badauds qui
n'auraient rien à faire ici, Rita nous présente : " Voici Caroline et Yannick.
Ce sont des Français qui voyagent autour du monde".
Pas certains d'être les meilleurs ambassadeurs de la Haute-couture et de la
'Classe' française, nous terminerons la soirée au pub en compagnie des danseurs
de tango et autre valse de Bathurst.
Reçus comme des amis, c'est presque avec peine que nous les quittons le matin
suivant. Sans les blesser, il nous faudra même insister et être suffisamment
persuasifs pour décourager Neil de nous emmener à Young, notre étape suivante
distante de 150 kms!
- Alors, si vous voulez, revenez passer Noël avec nous ! finit par nous dire
Rita.
Et pour éviter un au-revoir qui aurait des accents d'adieu, nous répondons :
" Ok, si on est pas loin, on revient vous voir! "
En nous posant à la sortie de la ville, Rita et Neil nous embrassent en nous
souhaitant bonne chance.
- Et surtout plus jamais d'auto-stoppeurs Rita! Certains d'entre eux sont des
assassins!!