Reportage précédentReportage suivant Séjour à Melbourne

Yannick à la popotte chez PatriciaEn arrivant à Melbourne, nous venons de trouver une vraie maison où nous nous sentons bien. Chez Patricia, nous sommes un peu comme en famille. Après des mois de route, cette halte est un vrai bonheur pour nous.
Alors que tout le monde part au travail, nous sommes les seuls sans emploi. Sans emploi mais pas sans occupation, nous regoûtons avec joie au confort d'un appartement moderne. Rien que la douche chaude du matin, une vraie cuisine où nous retrouvons des habitudes culinaires bien françaises, une vraie table et des chaises, un salon et des fauteuils où nous pouvons lire confortablement, une machine à laver qui nous rappelle que nos t-shirts ont un jour été blancs, tout cela suffit à notre bonheur. Même si la télévision est loin de nous manquer, la diffusion quotidienne de journal télévisé de France 2 est un rendez-vous que nous nous efforçons de ne pas rater, les premiers jours tout au moins pour l'exotisme que cela représente. Après quelques jours, nous avons le sentiment de revoir en boucle les mêmes informations et d'entrer dans un train-train quotidien qui fait souvent dire aux mails que nous recevons: 'Ici en France, pas grand-chose de nouveau... sinon peut-être l'arrivée prochaine de l'Euro.'

Nous profitons de ce cadre agréable pour écrire et mettre à jour notre site internet, répondre aux mails et souffler un peu. Après bientôt un an et demi de route, la vie de vagabonds que nous menons pèse un peu sur nos organismes qui ont besoin de recharger leurs batteries.
- Vous pouvez rester ici le temps que vous voulez! nous propose gentiment Jean-Christophe, le frère de Patricia. Profitez d'avoir un toit pour vous reposer, voire travailler un peu sur Melbourne et gagner un peu d'argent.
Mez et BruceAccueillis comme des amis, sans arrière-pensée, nous trouvons très rapidement nos marques dans ce nouveau décor. A la cuisine et à la vaisselle, nous faisons notre possible pour leur rendre notre séjour plus agréable. Spécialistes des crêpes et des galettes, nous redonnons à ce petit coin de Melbourne un air de Bretagne!
- Il ne manque que du cidre! fait remarquer Patricia qui déplore l'absence de ce breuvage légendaire sur les linéaires australiens.
Flattant un peu notre ego, chacun est d'accord pour nous assurer qu'elles sont meilleures qu'à la crêperie où ils se rendent de temps en temps...
- C'est normal! plaisantons-nous, le cuisinier est sûrement Français, mais pas Breton! Ça fait toute la différence...

Avec les voisins, nous sommes également très rapidement intégrés. Sur les quatre appartements de cette immense bâtisse de deux étages, un seul demeure un peu à l'écart de ce qui apparaît comme une grande famille. Au rez-de-chaussée, jouxtant l'appartement de Patricia, vit Mez, une charmante australienne dont le sourire éclatant n'a d'égal que sa gentillesse. Passionnée de voyage, nous n'avons aucune difficulté à nous entendre avec elle, nous amusant même à parler espagnol en évoquant l'Amérique du Sud.
- Avec Enzo (son fils de 5 ans), c'est moins facile de voyager, nous avoue-t-elle. Mais je rêve de partir, vivre autre chose, changer de travail, de vie. Et puis il y a Bruce...

A l'étage supérieur vit un couple de kiwis (néo-zélandais), Terry et Ean. Emigrés en Australie comme bon nombre de leurs compatriotes, ils habitent Melbourne depuis plusieurs années.
Terry et Caroline au Botanical Garden de MelbournePassionnée par son métier de jardinier au jardin botanique de la ville, Terry est responsable de la section 'Chine', pays dans lequel elle a déjà fait plusieurs séjours pour ramener des plantes et duquel elle apprend la langue.
Pour notre plus grand plaisir, Terry nous fera même une visite guidée de cet immense parc, éclairant notre ignorance de sa connaissance de spécialiste.

Ponctuant nos journées de sorties en ville, nous ne voyons pas le temps passer. Visiblement heureuse de nous recevoir, Patricia se félicite de ses nouveaux cuistots. Même si nous sentons que notre présence n'est en aucun cas un problème pour eux, nous ne voulons pas non plus nous imposer et prolonger notre séjour chez des gens que nous ne connaissions pas voici une semaine.
- Si vous gêniez, on vous l'aurait dit, ou vous l'auriez compris! nous affirme Patricia sur un ton sans équivoque.
De notre côté, nous avons besoin d'un peu de temps pour terminer nos reportages et profiter un peu de ce havre de paix. Patricia l'a bien compris et a déjà pensé à la suite de notre séjour parmi eux.
- Samedi, la locataire de Mez déménage et libère donc sa chambre. Avec Mez, on s'est dit que vous y seriez mieux que dans le salon. Alors si vous voulez rester... nous tend-elle la perche avec un sourire. Et puis si vous restez, je vous demanderai peut-être de faire du baby-sitting pour India un soir... Je crois que Mez vous demandera de même pour Enzo...India en écolière australière
Et c'est ainsi qu'après une semaine chez Patricia, nous déménageons pour l'appartement d'à côté!

Si l'été austral a beaucoup de mal à montrer le bout de son nez dans cette partie sud de l'état de Victoria, la chaleur de l'accueil nous fait oublier les 15-17° péniblement atteints par le thermomètre. Et c'est ainsi qu'un 'petit Bonjour' à une adresse inconnue va se transformer en un véritable séjour de longue durée.
- C'est de votre faute! les accusons-nous. Si vous n'étiez pas si sympa, ça ferait longtemps qu'on serait parti!
- On ne fait plus la bouffe depuis une semaine, c'est l'pied, ça! réplique Jean-Christophe, apparemment satisfait de son nouveau régime.
- Et pour Noël, vous faites quoi? demande Patricia avec un sourire entendu.
- Ben, on sera sur la route... quelque part entre ici et Darwin, probablement, répondons-nous, sachant déjà où elle veut en venir!
- Vous êtes sûrs que vous ne voulez pas rester avec nous? On fait un barbecue dans le jardin, ce serait sympa de vous avoir...
Heureux et gênés à la fois, nous ne voulons pas pousser le bouchon trop loin. En prolongeant, nous ne voulons pas commencer à être trop pesants. Refuser cette occasion serait également passer à côté d'une occasion qu'il serait dommage de rater.
Nous décidons finalement de couper la poire en deux. Alors que tout le monde nous a vanté les mérites du parc national de Wilsons Promontory situé à quelques 200 kms au sud-est de Melbourne, nous quittons donc la ville en stop pour quatre jours.
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