Camping offert!

Comme prévu, nous quittons l'appartement où Mira et Blanka nous ont aimablement invité une petite semaine , les jeunes mariés australiens rentrent au bercail!
- Nous allons cueillir des cerises, à Young, la semaine prochaine, nous indique Mira. Si vous voulez essayer de chercher du travail dans la région, c'est sur le chemin de Melbourne, nous tente-t-il déjà…
- Mais tu sais, on n'a pas de visa de travail.
- Oui, mais avec un peu de chance, il y a toujours moyen de se débrouiller...
- .... Si on y passe, en tout cas, on vous tient au courant. Promis !
- Ok, bon voyage… et à bientôt alors!

L'éventualité de faire un peu d'argent en Australie a refait peu à peu surface… Les bruits qui courent nous indiquent qu'il est aisé de gagner trois voire quatre mille francs dans une semaine.. une manne qui serait bienvenue avant notre départ pour l'Asie. Et en jouant franc-jeu avec l'employeur, on limite considérablement les risques de se faire épingler par l'immigration. Mais la saison n'est pas entamée et nous avons encore quelques jours pour y réfléchir…

Pour l'heure, nous nous dirigeons en train de banlieue vers les Blues Mountains, situées à quelques dizaines de kilomètres à l'ouest de Sydney. Baptisées ainsi en raison de la présence d'une brume bleutée émanant des eucalyptus, ce massif montagneux qui culmine à 1100m est un lieu idéal pour la randonnée et la découverte de la faune exceptionnelle du pays. Dès notre descente du train de banlieue, nous interpellons un employé de la voirie sur l'existence d'un camping dans les environs
- Un camping ? nous dit Ken en réfléchissant… Oui, il y en a un à Emu Plains.
- Emu Plains ?… C'est loin d'ici ça ?
- Non, tenez, je vous y emmène ! Montez dans le camion ! nous invite-t-il en ouvrant la porte latérale de ce fourgon affecté à la sécurité sur l'autoroute voisine.

Ken et George, son collègue, sont très amicaux et ouvrent des yeux grands comme ça quand nous leur disons que nous faisons le tour du monde.
- Le tour du monde ? reprend George. Moi, je ne suis jamais sorti d'Australie.
- Moi non plus ! affirme Ken. Mais j'aimerais aller en Chine, ajoute-t-il, rêveur. Vous allez là-bas ?…
Dans l'affirmative, George nous présente alors une carte postale ! Moi c'est George et lui Ken. Patrouille n°4 ! insiste-t-il de crainte que nous n'ayons pas tout suivi. Après quatres kilomètres de route, nous nous arrêtons devant un très agréable camping . Ken nous accompagne jusqu'à la réception.
- Je veux être sûr que ça vous convient ! nous annonce-t-il avec un sourire.
Et avant même que nous prenions une décision pour notre séjour pour la nuit, Ken sort de son portefeuille sa carte bancaire et règle le montant de la nuit à notre place ! ! Nous sommes estomaqués et face à la surprise qui doit se lire sur nos visages, il nous dit le plus naturellement du monde :
- Ça me fait vraiment plaisir de vous aider. Tenez, ajoute-t-il, voici mon adresse personnelle : si vous pouvez m'envoyer une carte postale, ça me ferait plaisir ! poursuit-il presque timidement.
Nous avons les bras qui nous en tombent ! Face à ce sourire éclatant et son envie visible de nous faire plaisir, nous ne pouvons que le remercier chaleureusement en lui promettant qu'il sera désormais sur notre liste des cartes postales en tant que sponsor de notre aventure.
- Génial ! termine-t-il en nous souhaitant la meilleur chance pour la suite de notre périple.
Une photo souvenir devant le fourgon de l'Equipement local, et notre père-noël s'envole vers d'autres horizons.
Surpris, nous reprenons nos sacs, encore abasourdis par l'épisode que nous venons de vivre. Les mots nous manquent. Tout ce qu'on sait, c'est qu'un tel cadeau vaut tous les cadeaux du monde. Simplement pour faire plaisir à deux parfaits inconnus!
Le temps d'une nuit, sur une pelouse ombragée où il n'y a qu'une seule autre tente, nous nous reposons alors que des petits oiseaux à tête bleue nous font la fête. Longtemps je crois, nous nous rappellerons de Ken, notre bienfaiteur du camping d'Emu Plains.