Forts
de cette première impression, et sans plus attendre, nous tentons dès
le lendemain de faire prolonger notre visa.
- Il est impossible de prolonger un visa de transit! tranche sans discussion
possible la fonctionnaire du service d'émigration.
Ce sera pratiquement la seule mauvaise nouvelle de notre (trop) court séjour.
Déçus, nous devenons philosophes: une semaine est mieux que rien!
Il ne nous reste plus qu'à profiter au maximum de cette semaine, par
ailleurs déjà bien entamée.
Deux jours durant, nous allons encore en prendre plein les yeux et les oreilles.
En point d'orgue bien entendu, deux des mosquées qui sont incontestablement
deux des plus belles mosquées du pays, sinon du monde musulman : Masjed
E Emam et Masjed E Sheikh Lotfollah. Véritables chefs d'uvre de
l'architecture perse avec leur dômes, minarets, murs et piliers entièrement
recouverts de mosaïques, ces deux mosquées situées au cur
même de la ville nous laissent sans voix. De nuit, l'éclairage
leur donne encore peut-être une dimension plus fascinante encore. Sans
aucun doute deux des plus belles réalisations de l'homme qui nous aient
été données de voir depuis notre départ. Abdel ira
même jusqu'à se laisser aller à entonner le quart du demi
seul plus court verset qu'il connaisse tant l'émotion l'emporte! C'est
tout dire pour un fan de Jennifer Lopez comme lui!
De visites en discussions tardives avec Chantal et Fereidoun, nous avons l'impression
de vivre un rêve éveillés. Le temps de la visite d'une exposition
annuelle de tapis persans qui nous fait regretter de ne pas être plus
argentés, et déjà il est presque temps pour nous de prendre
congé de nos charmants hôtes. Comme un dernier cadeau, Ramin nous
offre quelques dizaines d'heures d'écoute de musique perse sur CD. Histoire
sans doute de faire un dernier pied de nez au pouvoir et nous donner le sentiment
de revisiter ce pays aussi souvent, et aussi longtemps que nous le désirerons.
Le cur serré, nous refermons ces belles pages en rejoignant la
station de bus où Fereidoun nous conduit. Jusqu'à la dernière
minute, Ramin, qu'il a fallu convaincre de ne pas faire l'aller retour Isfahan-Téhéran
juste pour nous accompagner jusqu'au bout, est aux petits soins pour nous. Nous
sommes plus que touchés. Les mots ont parfois du mal à exprimer
ce que nous ressentons en ces instants, aussi nous ne disons rien, nous saluant
encore une dernière fois d'un geste de la main.
Huit heures plus tard, nous sommes à Téhéran. Le temps
de nous faire dire par l'ambassade syrienne qu'il n'est pas délivré
de visas aux étrangers en Iran, et nous prenons la décision d'enchaîner
le voyage en prenant un bus direct pour Ankara dans les heures qui suivent.
Notre visa expire après demain et il nous faut maintenant remonter jusqu'à
la capitale turque. La folle traversée du Moyen-Orient se poursuit...
Abdel, avec qui nos chemins viennent de se séparer, veut prolonger son
séjour en Iran coûte que coûte, et a, à cet effet,
rejoint le bureau d'émigration de la capitale.
- Bonne route l'ami, à bientôt, qui sait?
Nous ne croyons pas si bien dire quand, deux heures plus tard, nous retrouvons
notre Abdel à l'arrière d'une moto taxi.
- J' vous cherchais les amis! s'exclame-t-il tout content de nous retrouver.
Ils ne veulent pas prolonger mon visa, alors j'vais avec vous à Ankara!!
déclare-t-il d'un air décidé, le sourire jusqu'aux oreilles
en attendant ma réponse forcément désagréable.
- Mais tu vas quand même pas nous coller aux fesses comme ça jusqu'en
Afrique, si?!
- Ah, mais vous savez qu'j'vous aime vous tous les deux, plaisante-t-il, content
du nouveau tour qu'il vient de nous jouer!
Et c'est ainsi qu'une fois de plus nous repartons à trois pour de nouvelles
aventures...
C'est à bord d'un bus grand luxe qui ne compte que 24 sièges -3
par rangée, une vraie classe 'affaire!- que nous filons maintenant vers
le nord. Au fil des kilomètres, nous glissons dans l'hiver et rencontrons
les premiers flocons de neige. Assis dans un confort douillet, nous revisitons
ces merveilleux derniers jours de voyage. Tous les voyageurs que nous avions
croisés étaient unanimes. Nous les rejoignons sans hésitation
et clamerons à qui voudra nous entendre que les Perses que nous avons
rencontrés sont des gens raffinés. Nous en avons peut être
vu que le meilleur, certes. Mais nous sommes sûr d'une chose. Le pays
des Mille et Une Nuits comme nous l'avons appelé, n'est sûrement
pas au quotidien un conte éveillé pour la population, mais encore
moins les ténèbres fantasmagoriques d'un enfer appartenant à
l'Empire du mal. Quoiqu'il en soit, ce pays trop souvent maltraité, est
outre sa culture millénaire, riche d'une population qui mérite
vraiment le détour. C'est ce message que nous aimerions faire passer.
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