Reportage précédent Reportage suivantCoups de pouce

Stop avec la maréchaussée locale!De sauts de puce en sauts de puce, nous restons finalement bloqués au milieu de nulle part alors que la luminosité commence à baisser. Des policiers s'arrêtent alors et très naturellement se proposent de nous aider.
- Vous voulez aller jusqu'à Aqaba? s'étonnent-ils.Nous n'allons pas très loin, mais ça va déjà vous avancer! nous proposent-ils après réflexion.
Une dizaine de kilomètres, et nos policiers stoppent leur véhicule, gyrophare allumé, et commence un contrôle routier qui ressemble un peu à ça:
- Bonjour monsieur, Police de la route. Papiers du véhicule, permis de conduire s'il vous plaît...
Jusque là, rien de particulier. Lorsqu'il reste de la place dans le véhicule, ils ajoutent:
- Vous n'allez pas à Aqaba par hasard... parce qu'il y a là deux français qui... bla-bla-bla...
Et ils commencent à négocier avec les locaux!! Nous n'en revenons pas, et essayons de les arrêter en leur disant que ça n'est pas un problème, qu'on va bien se débrouiller seuls, etc... Mais rien n'y fait! Si la technique est imparable, notre crainte est qu'ils forcent la main d'un conducteur. Et alors, bonjour le rapport sympathique des joies du faire du stop! Assis derrière le 4x4 illuminé, nous attendons en tapant la causette avec le Chef, son subordonné faisant le boulot...

Après quelques essais infructueux, les voitures sont bondées pour cause de fête de l'Aïd, deux jeunes s'arrêtent enfin, et se proposent de nous conduire sur les 200 kilomètres que nous séparent d'Aqaba.
- Et vive la maréchaussée jordanienne! plaisantons-nous avec eux.
- Vive Djak' Tchirak'! répondent-ils, en nous montrant encore une fois combien il fait bon d'être français ici en ce moment.
Et très professionnellement, les policiers relèvent le numéro de plaque du véhicule et donnent pour mission au chauffeur de leur téléphoner en arrivant à Aqaba. Une livraison avec suivi électronique en quelque sorte! Nous n'en revenons pas, et les quittons ... après que l'un d'entre eux nous ait donné son adresse et numéro de téléphone!
- Si vous revenez ici, précise-t-il, vous serez les bienvenus chez moi!
Alors là, ça dépasse tout!

Petit dèj' sur le toitMais tout n'est pas si facile. Nos jeunes chauffeurs sont peut être très gentils, mais niveau sécurité, c'est loin d'être ça! La voiture n'a qu'un phare et ils n'ont visiblement aucune expérience de la conduite de nuit. Tendus comme des arcs, nous limitons la conversation au minimum, avant de leur dire de conduire plus prudemment. Rien n'y fait. Nous faisons des embardées parfois dangereuses, ça ne peut plus durer. A la première station service, nous prétextons une pause-pipi, et quittons le véhicule avec nos bagages. Le stop oui, mais risquer la mort, non, ce serait trop bête de finir ici! Vexés, ils ne comprennent pas notre décision et s'en vont finalement sans mot dire. Sur les nerfs, nous nous déchargeons en expliquant la situation au personnel de la station, qui nous prend aussitôt en charge.
- Toutes les voitures qui s'arrêtent ici passent par moi, se met en avant le pompiste dans un anglais très correct. Ne vous inquiétez pas, je vais vous trouver une voiture sûre! nous réconforte-t-il alors que nous commençons à caresser l'idée de planter la toile de tente ici pour repartir de jour demain matin.

La deuxième véhicule sera le bon. Un superbe 4X4 tout neuf à bord duquel nous prenons place avec deux Palestiniens et une Roumaine. Le fiancé de la jeune et jolie femme fait fortune à Bucarest où il possède des usines de biscuits. Et la conversation fort intéressante s'engage, notamment sur leur interprétation de la situation de leurs 'frères' palestiniens. Hormis, le contenu, il n'est pas banal de constater que pas moins de 4 langues sont utilisées entre nous pour nous exprimer. Le français entre Caroline et moi évidemment, l'anglais avec la jeune roumaine qui parle roumain avec son fiancé, lui même traduisant le tout en arabe à son copain de chauffeur!! Et tout cela fonctionne parfaitement, tandis que nous filons à plus de 100 km/h en toute sécurité maintenant. Nous arrivons à destination à l'extrémité sud de la Jordanie vers 21h30.
En cette période de fête, nous rencontrons une dernière difficulté à surmonter: trouver une chambre alors que tous les hôtels affichent 'complet'. Dans cette station balnéaire située face à Eilat l'israélienne, nous frappons à toutes les portes, jusqu'à ce qu'un hôtelier nous propose de dormir sur le toit de son établissement.
Alors que le ciel est parfaitement clair - mais d'après, ce serait normal: "il fait toujours beau ici à Aqaba!"-, après avoir renoué avec les joies du stop, nous nous endormons comblés sous les milliers d'étoile d'un ciel qui vaut tous les palaces du monde. En nous endormant ravis, nous revisitons cette journée bien remplie, et constatons une fois de plus que lorsque nous provoquons le destin, nous ne le regrettons jamais. La routine des transports en commun nous avait tués, nous revivons!

Départ de JordanieUn soleil radieux dans un ciel bleu azur nous réveille dans nos sacs de couchage ce matin. Du haut de notre toit, nous apercevons le Golfe d'Aqaba, prolongement nord est de la Mer Rouge. Nous touchons maintenant le but de notre folle épopée depuis New Delhi en Inde. A la recherche du beau temps et d'un endroit où nous reposer avant l'arrivée de ma famille, cette station balnéaire sent un peu trop le superficiel pour satisfaire à nos exigences. On nous a parlé d'un village bédouin 'pas encore trop touristique' un peu plus au sud, sur la côte égyptienne...
- Allez, plus qu'un dernier effort, et on va enfin pouvoir glander vraiment!

Un dernier coup de pouce dans la ville, et un docker du port nous conduit jusqu'à l'entrée même du ferry ... que nous aurions sans aucun doute raté sans l'aide précieuse de cet homme qui connaît ce port comme sa poche. Le destin vient encore de nous sourire.
Le ciel est toujours bleu, la mer superbe dans ce Golfe d'Aqaba où nous voguons maintenant en direction de l'Égypte, quelque part au sud de la côte israélienne, entre la péninsule égyptienne du Sinaï et l'Arabie Saoudite.
Et malgré toute l'énergie dépensée ces dernières semaines, nous sommes plus que satisfaits: notre pari est bel et bien gagné, nous savons maintenant que nous serons au rendez-vous!
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