Dix
jours durant, nous menons une vie quasi monacale au centre d'Hanoi. Réglés
comme des pendules, nous nous levons à 7h, descendons prendre notre petit-déjeuner,
faisons un tour sur internet jusqu'à 8h15-8h30 et remontons jusqu'à
13h, heure où nous déjeunons. A 13 heures, nous reprenons le travail,
et ce jusqu'à 19h. Quand on pense que certains rêvaient à
nous depuis leur bureau en se disant qu'on se la coulait douce!...
Outre cette discipline de fer, le plus dur à supporter est la chaleur.
Accablante, lourde, humide, nous transpirons comme jamais nous ne l'avons fait
jusqu'alors. Torse nu, je ressemble à un arrosoir. Mes pores n'ont encore
jamais évacués autant d'eau: je coule en permanence: une vraie
catastrophe! Caroline, elle, semble mieux supporter, ses origines espagnoles
n'étant sans doute pas étrangères à tout cela...
Heureusement, nous buvons beaucoup. Des litres d'eau pour éviter la déshydratation.
Ce qui ne nous empêchera pas tout de même d'éviter une infection
cutanée que l'on attribuera à une sudation extrême. les
risques du métier de voyageur, en quelque sorte...
Si nous nous refusons à toute sortie avant que le travail que nous nous
sommes fixés soit achevé, nous dérogeons tout de même
à cette règle le temps d'une demi-journée.
Fait
exceptionnel, nous avons reçu il y a quelques jours un mail de Jean-Michel
Ferron, un cousin à la mode de Bretagne de Caroline. Dinardais également,
ce sportif émérite participe pour le première fois au Raid
Gauloise qui se déroule cette année au Viêt-nam. Avant le
retour en France, l'épreuve sportive achevée, les participants
sont hébergés ici à Hanoi au Sofitel. C'est donc avec beaucoup
de plaisir que nous sortons de notre 'cloître' et nous évadons
un peu en sa compagnie, dans les rues animées de la capitale et sur les
sentiers escarpés de son aventure vietnamienne. Un bien amical clin d'oeil
au pays breton où il reprend les cours dans trois jours...
Pour notre part, nous soufflons maintenant un peu. Le site est enfin en ligne.
Il nous plaît et c'est bien là l'essentiel! Secrètement,
nous espérons également que notre travail sera lu, même
si nous constatons chaque jour que le nombre de connexions ne cesse de diminuer.
Ceci est bien décevant, bien sûr, mais nous nous y attendions en
peu, pour être honnête. Notre voyage est long, trop sûrement
pour tenir tous 'nos' lecteurs en éveil. Notre société
du zapping fonctionne sur l'immédiat, la nouveauté. Et de notre
côté malheureusement, rien de nouveau: nous poursuivons notre tour
du monde...
Cette escale prolongée nous donne aussi à réfléchir
sur notre voyage, sur ces (déjà!) 20 mois passés à
parcourir les routes du monde. Même s'il nous est difficile de prendre
du recul par rapport à cette expérience que nous vivons, il en
ressort que les moments les plus forts sont ceux où nous nous sommes
laissés guidés par notre envie, ceux où nous nous sommes
sentis vraiment libres, sans contrainte d'horaire de bus ni soucis de trouver
un hôtel. Ces moments où les rencontres deviennent plus importantes
que les choses à voir. En reprenant notre souffle ici à Hanoi,
nous voulons aussi retrouver cette énergie du voyage que la fatigue des
dernières semaines a un peu émoussée. Les yeux rivés
sur notre mappemonde, nous retrouvons une envie nouvelle... celle-là
même qui nous a animé quand ce voyage n'était qu'un rêve
puis un projet... Redopés, nous voulons 'faire comme si' nous repartions
pour une nouvelle aventure, un nouveau grand voyage.
Oubliant alors notre parcours prévisionnel, -du reste bien remis en cause
par la situation au Népal, au nord de l'Inde, au Pakistan et au Moyen-Orient-,
nous nous inventons une nouvelle aventure. Et c'est ainsi qu'après des
heures passées sur notre carte du monde -notre plus beau livre de voyage-,
nous nous mettons d'accord sur un tracé qui s'impose finalement comme
une évidence. Depuis la Chine, nous mettrons le cap vers la Mongolie
et la Russie, par le transsibérien peut-être... Ensuite, nous essaierons
de trouver un chemin pour rejoindre le Moyen-Orient si la situation le permet.
A l'heure actuelle, nous n'en savons rien. Et c'est, je crois, ce qui nous plaît
le plus: ne pas savoir à l'avance où nos pas nous mèneront.
A trop vouloir planifier à l'avance notre parcours, nous sommes inconsciemment
devenus les otages de notre propre voyage organisé. Trois semaines ici,
cinq semaines là-bas, le timing - remodelable certes, mais tout de même!-
que nous nous étions fixés nous a finalement volé une part
d'aventure. Savoir que nous serions dans deux mois au Népal ou en Iran
est grisant, mais ne même pas savoir où nous serons l'est encore
plus! Si nous avions besoin de guides au départ, nous avons à
présent le sentiment qu'ils sont pour nous devenus des oeillères.
Après l'Asie du Sud-Est où nous nous sommes trop laissés
porter par 'le' parcours habituel dans cette région du monde, nous avons
besoin d'air. De grand air et d'espace. Et la Chine et la Mongolie devraient
nous combler.
- Et après?
- Ben, après, on verra bien...
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