Le
passage de la frontière cambodgio-viêtnamienne (ça se dit
ça?!) à Moc Baï vers 13h00 nous plonge une fois de plus dans
un univers nouveau. En arrivant dans ce pays, nous sommes un peu sur nos gardes.
Même si nous savons par expérience que rien ne vaut le fait que
de se forger son propre avis sur les choses, les échos que nous avons
sont peu favorables. "Il y a quelques années encore, c'était
bien!, s'exclame des touristes aux accents d'anciens combattants. Maintenant,
ça n'est plus vivable: ils n'en ont qu'après votre portefeuille!..."
Après la gentillesse des Cambodgiens, nous sommes mentalement préparés
à retrouver un peu de ce que nous avons le plus détesté
en Thaïlande...
Et les postes frontières semblent symptomatiques. Si nous sommes restés
plaisanter quelques minutes avec le douanier côté cambodgien, l'heure
n'est pas à la rigolade côté vietnamien. L'accueil glacial
dans des bureaux où le passage à quatre guichets nous est nécessaire,
la paperasserie à remplir et l'amour des uniformes nous rappellent que
nous sommes ici en terre communiste. Le pompon est certainement le passage obligatoire
au guichet de 'Quarantaine', où nous n'avons évidemment rien à
déclarer. Ce qui n'empêche pas la fonctionnaire de nous soutirer
une somme certes ridicule "pour frais d'enregistrement de déclaration"!
Officiellement, il n'y a aucune taxe, mais les douaniers arrondissent ainsi
leur fin de mois... Et pour éviter tout problème ultérieur,
nous acceptons ce racket sans broncher.
Dès les formalités accomplies, plusieurs chauffeurs de taxis et
de mobylettes se ruent sur nous pour nous conduire à la prochaine ville
distante d'une dizaine de kilomètres. Durs en affaire, nous sommes suivis
presque 2 kilomètres à pied avant que nos chauffeurs acceptent
les tarifs plus raisonnables que nous leur avons fixés, "sans négociation".
Alors que ce poste frontière est situé en pleine campagne, nous
sommes déjà surpris par la différence qui sépare
les deux voisins. Sitôt passé du côté vietnamien,
la verdeur des rizières nous étonne. Les systèmes d'irrigation
associés à la mécanisation - nous n'avons en effet vu aucun
tracteur au Cambodge-, vient, en quelques centaines de mètres de transformer
le paysage. Les techniques agricoles permettent ici jusqu'à trois récoltes
par an - une seule au Cambodge- sont la fierté de ce pays, et son principal
aliment. En 2000, 70% de la population active était occupée par
la production de riz.
Comme des clichés que l'on croyait presque sorti des livres d'images,
des dizaines de paysans et paysannes coiffés de ce très célèbre
'non bai tho', le fameux chapeau conique vietnamien, travaillent dans les champs
sous ce soleil ardent d'avril. Pour les occidentaux que nous sommes, l' Asie
défile là, sous nos yeux.
Dès
notre arrivée à Go Dau, nous sautons sans plus attendre dans un
bus local en direction d'Hô Chi Minh Ville.
Seuls touristes à bord de ce vieil autocar poussif, les regards se posent
immédiatement sur nous. Très naturellement, un jeune étudiant
qui est visiblement le seul anglophone du bus, entame la conversation avec nous.
Curieux sur nous comme nous le sommes sur lui, nous passons agréablement
les trois heures de voyage sur des routes dont l'état tranche particulièrement
avec celles que nous avons connues au Cambodge et au Laos.
Au moment de régler le prix du transport, nous avons la désagréable
surprise de constater que le contrôleur veut faire payer des tarifs passagers
à nos sacs à dos!
- Il n'en est pas question! tranchai-je, jouant le jeu -risqué?- d'une
personne qui ne cédera pas.
De son côté, notre
ami de rencontre, gêné, ne semble pas bien comprendre le tarif
'spécial' qui nous est appliqué, un grand nombre de passagers
possédant comme nous des bagages volumineux ne donnant lieu à
aucune surtarification. Très rapidement, les passagers semblent avoir
pris parti pour nous... Alors que le ticket s'élève à 12000
Dôngs (1 € environ), je présente 20000 D, tout en continuant
à chercher l'appoint dans mon portefeuille.
Le contrôleur ne viendra jamais chercher les 4000 dôngs restant!...
A notre arrivée à Hô Chi Minh Ville des dizaines de rabatteurs s'agglutinent sur le bus, gueulant à qui mieux-mieux pour se faire entendre. Calmement, nous descendons les derniers, guidés par notre ami qui nous indique quel bus urbain nous devons prendre pour rejoindre le cur de la ville que l'on appelle encore ici Saigon.
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