Il
y a belle lurette que nous ne nous sommes pas levés avec autant d'énergie!
Le moral regonflé à bloc, nous reprenons ce matin du 25 février
les rênes de notre aventure que nous avions quelque peu laissé
glisser entre nos mains. De nouveaux projets plein la tête, nous prenons
vraiment conscience que ce voyage sera ce que nous avons décidé
qu'il sera. Si le ventre de Caroline est encore un peu douloureux, son état
de santé s'améliore de jour en jour. De retour sur la route, tout
ne sera bientôt qu'un mauvais souvenir. Après un bon petit-déjeuner
'maison' préparé sur notre réchaud, les sacs faits, nous
quittons sans regret Paï d'un pas décidé.
Il fait déjà près de 30°C comme nous tendons le pouce
en direction de la frontière laotienne. Et comme 420 kms nous en séparent,
compte-tenu de l'état des routes, nous nous sommes donnés 3 jours.
Notre visa expire en effet le 28 et pour un retour à la compétition
(!), nous ne voulons pas être optimistes. La chance ne sourit qu'aux audacieux?...
Une petite demie-heure plus tard, nous embarquons à l'arrière
d'un pick-up où un jeune couple de touristes se trouve déjà.
- Vous allez à Chiang Maï? nous interroge la passagère en
Anglais.
- Pas exactement mais sur l'axe Chiang Maï- Chiang Raï...
- C'est bon, montez!
Un sourire large comme ça, nous venons de gagner notre première
étape! C'est vraiment bon signe. Nous engageons tout de suite la conversation
avec Sandra et Daniel, le jeune couple de Suisses-allemands que nous avons rejoint,
assis dans le caisson arrière.
- Désolés de vous déranger!, nous excusons-nous tandis
qu'ils font un peu de ménage pour que nous nous installions.
- C'n'est pas un problème! nous accueillent-ils avec un sourire de bienvenue
sincère.
Tourdemondistes partis depuis 4 mois, ils sont la gentillesse-même. Des
100 kms que nous faisons ensemble, nous ne voyons pas le temps passer, discutant
bien évidemment ... de voyage! Nos approches sont tellement semblables
que cette rencontre nous donne vraiment du baume au coeur. Un vrai plaisir que
nous n'oublierons pas.
Métamorphosés, nous regardons ce paysage de montagnes avec un autre regard. La morosité des semaines passées est bel et bien derrière nous...
Dès notre descente du pick-up,
sans plus d'attente, c'est un autre Suisse -Allemand en voiture de location
qui s'arrête. Décidément, c'est notre journée suisse-allemande,
ou alors ils sont tous dans le coin! Avec lui, nous atteignons Fang vers 16h.
Nous sommes à peu près à mi-parcours: le contrat de la
journée est rempli! Plutôt sale et peu attirante, cette ville de
l'extrême nord de la Thaïlande n'a rien qui puisse justifier une
visite. Si pour nous elle n'est qu'une étape pour le Laos, pour notre
chauffeur elle n'est qu'un point où il décide de faire demi-tour!
- Je ne me sens pas bien ici, nous annonce-t-il dès notre arrivée.
Alors je vais revenir sur mes pas! Sans vous, je ne pense même pas que
je serais venu jusque là... mais j'ai fait beaucoup de stop dans ma jeunesse,
alors je vous ai pris! nous dit-il simplement.
Nous sommes presque gênés de lui avoir fait faire un détour
de plus de 150 kms.
- Mais ça m'a permis de discuter. Vous savez, voyager seul comme moi,
ce n'est pas toujours facile... Alors je vous remercie de votre compagnie, ajoute-t-il
en nous laissant comprendre combien le décès accidentel de sa
femme a laissé un grand vide dans sa vie.
En nous quittant, cet homme dynamique de 65 ans ajoute une dernière chose
que nous avons déjà entendue et que nous avons toujours plaisir
à réentendre:
- Si je peux vous demander une chose, c'est de rendre le service que je vous
ai rendu aujourd'hui à d'autres jeunes comme quand vous aurez mon âge...
Belle
philosophie humaniste que celle du geste gratuit qui enrichit toujours autant
celui qui donne que celui qui reçoit... C'est sûrement pour cela
que nous aimons tellement le stop. Jamais le bus ne nous a donné autant
de satisfaction.
A l'écart de la ville, nous rejoignons
une petite guest-house faite de bungalows disposés autour d'une agréable
pelouse ombragée...
- Vous cherchez une chambre? Nous interroge une petite femme toute souriante.
Je suis vraiment désolée, ajoute-t-elle, tous les bungalows sont
occupés!
- Eh bien, on peut peut-être camper, non?, nous risquons-nous en lui montrant
la pelouse.
- Camper? Vous avez ce qu'il faut? poursuit-elle, surprise de notre demande.
- Oui oui, bien sûr!
- Eh bien, mettez-vous où vous voulez, je sais pas moi... C'est la première
fois que quelqu'un campe ici!
- Et ça nous coûtera combien? demandai-je pour éviter toute
mauvaise surprise.
- Oh! ... s'exclame-t-elle, visiblement gênée de ne pouvoir offrir
qu'un bout de pelouse. Je ne sais pas moi, vous donnerez ce que vous voudrez!
Nous sommes aux anges. Après le stop, nous allons retrouver notre 'chez
nous'. Depuis notre parcours dans le désert australien en compagnie de
Graham, nous n'avons pas ressorti la toile de tente. Il y a 2 mois!...
Le voyage recommence donc bien aujourd'hui.
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