Depuis
maintenant onze jours que nous sommes à Chiang Maï, nous n'avons
rien fait du 'programme' habituel du touriste étranger. Cloîtrés
dans notre petite guest-house à 100B (2,5€) la chambre, notre envie
de battre le pavé pour visiter une ville qui offre un certain nombre
de choses à voir a disparu, même si cela paraît étrange.
Nous ne faisons en fait que revivre un sentiment que nous avons éprouvé
à de multiples reprises en pareille occasion. Lorsque nous nous arrêtons
plusieurs jours pour travailler, nous n'avons qu'une seule envie une fois le
travail accompli: tourner la page et bouger.
Comme si la route était devenue pour nous une drogue, nous n'avons qu'un
seul désir qui se résume par ce mot magique: partir! Partir pour
respirer un autre air, aller de l'avant et donner un terme à ce semblant
de vie trop rangée pour les nomades que nous sommes devenus. Après
le boulot, en somme, nous voulons prendre des vacances! Et les vacances 'à
la maison', ce n'est plus vraiment les vacances...
Deux jours durant pourtant, nous laissons traîner nos grosses chaussures
de randonnée dans les rues de Chiang Maï. Sans conviction.
Sans but précis, nous
flânons dans
les rues, sans autre intérêt que celui d'observer la vie qui s'y
déroule. Et c'est déjà un spectacle! Sur
les marchés typiquement asiatiques,
nous aimons également nous balader, et nous laissons facilement tenter
par les succulents ananas coupé en morceaux pour quelques baths. En revanche,
nous ne succomberons jamais aux vers et autres cafards grillés qui sont
pourtant une spécialité appréciée ici comme une
friandise chez nous!...
Dans
le canal artificiel qui ceinture la vieille ville, l'animation est à
son comble. Une fois par an, en effet, les écluses qui cloisonnent chaque
section de cet ouvrage -qui ressemble plus à un égout qu'à
une rivière aux eaux cristallines!- sont tour à tour fermées
pour permettre le pompage de chaque tronçon. Si
l'eau grise foncée ne laissait aucun doute sur les dizaines de centimètres
de vase qui couvrent le lit de la rivière, le plus étonnant est
sans nul doute ailleurs, et nous y venons... Par dizaines, en effet, des hommes,
des femmes mais aussi des enfants pataugent dans ce liquide nauséabond,
non pas
pour réaliser des ablutions plus ou moins empreintes de religiosité
mais pour une raison beaucoup plus terre à terre: pêcher! Par on
ne sait quel miracle, ces canaux sont en effet bondés de poissons, devenus
nettement plus faciles à attraper 'à marée basse', si je
puis m'exprimer ainsi. Tant que le niveau de l'eau dépasse un mètre,
place aux vrais pêcheurs qui, comme sur la côte, jettent leurs éperviers
ou halent des filets en pataugeant dans cette eau de boudin. Ensuite, lorsque
le lit du canal est asséché, les moins équipés balaient
de leurs bras cette vase liquide pour ramener quelques pièces engluées
dans ce magma... Sur le bord, des sacs à patates où se débattent
pour quelques minutes encore les prises nombreuses, attendent de se remplir
'encore un peu' avant d'être vendu sur le marché ou dans les restaurants...
Fascinés par ce spectacle en pleine ville qui mobilise plusieurs centaines
de pêcheurs, nous nous félicitons de n'avoir pas été
tentés par un plat de poisson de Chiang Maï...
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