Sur
les conseils de notre guide -papier- , nous avons arrêté notre
choix sur Krabi et plus particulièrement la plage d'Ao Nang dont les
photos laissent croire qu'elle est au paradis. Lorsque nous l'atteignons après
environ 3 heures de bus, nous avons le sentiment d'être arrivés
en enfer!
Station balnéaire totalement artificielle, ce lieu a dû être
un village de pêcheurs. Aujourd'hui, c'est un village de touristes, un
Club Med à l'air libre! Pizzerias, hôtels, restaurants, agences
touristiques: il n'y a que ça! Dans la rue, comme ça à
première vue, il est difficile de dire dans quel pays du monde nous sommes:
il n'y a que des touristes!
Bon OK, j'abuse un peu, il y a aussi quelques saungthae (prononcez Sangto),
les taxis collectifs ouverts à l'arrière et qui font le va-et-vient
pour amener et ramener des wagons de nouveaux visiteurs... Et puis comme partout
où le touriste pointe le bout de son nez, ici en Thaïlande, il y
a également des rafales de salons de massages, une des spécialités
du pays!
- Eh Caro, t'es sûre qu'on s'est pas trompé? lançai-je,
désolé.
- On attend quand même demain pour se casser, non?
- Ouais... Si on trouve quelque chose d'abordable.
On s'en veut d'être ainsi tomber dans le panneau. Venir ici pour chercher
le calme et l'authenticité, il ne faut vraiment pas être malin..
Alors de quoi se plaint-on?
- De ne pas avoir eu la lucidité d'éviter les endroits que nous
fuyons habituellement!
Ici, tout est vendu au tourisme. Tout s'achète, tout se vend, rien n'est
gratuit. Même pas le sourire du commerçant à qui vous demander
un renseignement et qui ne prend pas la peine de vous répondre sachant
que vous n'allez rien acheter!
A Ao Nang, nous sommes des intrus indésirables.
Totalement décalés. Notre philosophie du voyage est à des
années-lumières de ce que nous voyons ici. Voyager, pour nous,
c'est avant tout faire des rencontres, découvrir un pays dans tout ce
qu'il a de plus authentique, vivre au plus près de la population, se
déplacer et manger comme des locaux, tenter de 'sentir' le pays quoi!
Ici, nous sommes à ' Tourist-land'. Changez simplement le décor
et vous vous retrouvez à Tahiti, Cancun, ou sur la Côte d'azur.
Vous rencontrerez les mêmes personnes, boirez les mêmes bières,
mangerez les mêmes choses et ferez la fête sur les mêmes musiques...
Mais vous aurez des photos différentes! Normal, on vient de vous dire
que seul le décor à changer!! Ne vous préoccupez de rien,
les GO (Gentils Organisateurs) ont ici pensé à tout pour vous.
Aujourd'hui: stage de plongée. Demain, sortie culturelle pour voir de
plus près quelques autochtones faisant de l'artisanat local. Après-demain,
journée plage et shopping... Et tout ça pour la modique somme
de...? Ah non, vous n'allez tout de même pas compter! Vous êtes
en vacances, non? Et puis on vous a dit que les GO s' occupaient de tout!! Ils
gèrent même vos dépenses...
Ô bien sûr, je noircis ici un peu le tableau! A peine, cependant...
En écrivant ces lignes, nous ne pouvons pas nous faire à l'idée
que le voyage ne peut être qu'un vulgaire produit, - ou un produit vulgaire,
c'est pareil!-, une machine à faire du fric. Oh qu'il est beau mon troupeau!
Cette année, on vous envoie ici. L'année prochaine, ce sera là-bas,
parce qu'ici n'est plus à la mode... Dans l'industrie du voyage - deux
mots totalement antinomiques -, c'est un peu comme à la télé:
les fées du marketing vous vendent 'ce qu'il y a de mieux pour vous'!
Et comme des oies, on avale tout! Mais ça, c'est une autre histoire,
je m'emporte avec vos conneries!!
En
fait, à tous ceux qui ne voient en nous que des réactionnaires,
'chevaliers blancs de l'anti-mondialisation' ou 'arriérés refusant
le modernisme' (on l'a eu dans nos mails!), on voudrait simplement s'excuser
d'être allés dans un tel lieu où nous n'avions rien à
y faire. Discuter de la manière de voyager, c'est comme discuter de politique:
on ne tombe jamais d'accord et on finit par se fâcher! Aussi, nous serons
fidèles à notre mot d'ordre. Nous savons -malheureusement!- que
nous n'y changerons rien.
L'endroit ne nous plaît pas? Eh bien, allons voir ailleurs si c'est aussi
pourri et plein de touristes qui s'empiffrent de pizzas en rotant des bières
avant de se taper une petite Thaï, histoire de goûter local...
- Eh Yannick, tu crois pas qu't'exagères, là?
- Euh,... tu crois?...
Mais comme il est déjà trop tard pour quitter le lieu ce soir,
nous partons à la recherche d'une chambre pour la nuit. Avec beaucoup
de difficultés, nous trouvons finalement la perle rare: une chambre nickel,
toute neuve avec douche-wc privés pour la modique somme (ici!) de 200
Baths (environ 5€). "La seule petite chose, nous précise la
propriétaire, c'est qu'il y a des travaux derrière. Le chantier
débute à 8h du matin..."
Pour nous, ça n'est pas un problème, de toute façon nous
serons levés à cette heure, en route vers de nouveaux horizons
plus en phase avec ce que nous recherchons.
Derrière notre chambre immense -qui sera certainement louée trois
ou quatre fois le prix dès que les travaux seront terminés-, un
immeuble est en construction... La pompe à touristes est en marche ...
jusqu'au jour où le lieu ne sera plus à la mode. Il reste encore
tellement d'endroits à polluer sur la planète!...
Le seul point positif que nous retiendrons de cet endroit qui sera sans nul doute au tout début de liste de notre rubrique 'A faire /A fuir', c'est la rencontre d'un couple de Québécois. Logeant dans la chambre qui précède la nôtre, John et Kathleen nous feront presque oublier l'endroit où nous sommes. Rien qu'avec leur accent, nous sommes de retour dans les paysages sauvages du Québec qui nous ont tant plu...
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