Reportage précédent Reportage suivantUne école népalaise

Tout le monde en rangs!En attendant, comme nous l'avait proposé Gokarna, nous n'avons que du tourisme à faire, histoire de tuer le temps.
C'est ainsi que nous nous retrouvons bientôt à l'école gouvernementale du village, encerclés par une ribambelle d'enfants en costume bleu marine et blanc. Si cette tradition anglaise visant à mettre tous les enfants sur un pied d'égalité existe encore, nous nous demandons même si certains costumes ne sont pas d'époque!! Crasseux pour la plupart, en haillons pour un bon nombre, le tableau serait pitoyable s'il n'était pas éclairé par tous ces sourires et ces cris que nous provoquons en jouant avec eux.

Alors que Gokarna ne nous a pas accompagnés -il en était encore le directeur il y a trois mois!-, nous nous présentons aux cinq instituteurs qui assurent l'enseignement à plus de 200 enfants! Accueillis chaleureusement, nous parlons un peu "boulot". Une salle de coursTrès rapidement, nous réalisons combien nos univers sont éloignés. Sans aucun moyen -mais quand on dit aucun ici, cest vraiment aucun!-, les enseignants "gardent" plus qu'ils n'enseignent près de 50 élèves par classe. Serrés comme des sardines sur des planches de bois posées sur des pierres, les élèves n'ont pas de place pour écrire sur le semblant de table sur laquelle ils sont appuyés. D'ailleurs tous n'ont pas de crayon ni de cahier, alors... De son côté, l'instituteur (trice) dispose d'un pseudo tableau en ciment d'un mètre cinquante sur un mètre, noirci à la peinture qui ressemble à de la suie...
Depuis les ouvertures béantes faites dans les murs de pierres dangereusement lézardés - l'école n'a que 25 ans-, des cris et des rires s'échappent. Face à l'état du bâtiment, nous sommes stupéfaits! Chez nous, on ne s'en servirait même pas d'étable de peur que cela ne s'écroule.

A 53 dans la classe!!!Avant que la classe ne débute, telle une école militaire, un des instituteurs fait l'inspection, passant dans les rangs formés des élèves au garde à vous dans la cour. Quelques remarques sur les coupes de cheveux des garçons -mais étrangement rien sur l'hygiène des vêtements ni des mains!- et on passe à quelques mouvements de gymnastique collective. A l'écart, nous suivons tout cela d'un oeil intéressé.
- Le réveil du corps le matin avant de se mettre au travail, ça n'est pas forcément bête!...
Quand viendra le temps de réponses en choeur à des questions du chef, bien que nous ne comprenions rien, nous soupçonnons le bourrage de crâne patriotique. Et quand ils entonnent l'hymne népalais, nos réserves deviennent plus vives. Mais nous sourions quand même en observant les plus jeunes d'entre eux. Saucissonnés à la va-vite dans un costume en pitueux état souvent bien trop grand, la morve au nez -cela semble une coutume!-, ils copient maladroitement 'les grands', souvent en retard d'un mot dans le chant, ou bougeant les lèvres d'où ne sort aucun son!! On se croirait à une représentation de fin d'année d'une classe de maternelle à la maison!!

Exercices matinauxSi les horaires scolaires sont les suivantes: 10h-13h, 14h-16h, nous constaterons qu'exceptionnels sont les jours où ils sont respectés. Le plus souvent, les enfants sont libres l'après-midi... Et je ne parle pas ici du nombre important d'entre eux qui fait l'école buissonnière sans attirer le courroux de quiconque. Que ce soit pour travailler aux champs ou aller jouer avec les copains, l'école n'est pas, ici en tout cas, une habitude. Rappelons quand même que 60% des enfants ne vont pas à l'école au Népal, alors y aller de temps en temps c'est déjà faire partie des exceptions...

Abasourdis par cette réalité, nous révisons un peu notre jugement sur le côté opérationnel du bâtiment de NAMASTE. Tel qu'il est, il ressemble à un château et est déjà cent fois mieux que cette école qui nous laisse sans voix. Notre jugement a peut être été un peu rapide.
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