Soucieux
de donner à ses voyages une dimension humanitaire, Patrick nous a, à
plusieurs reprises déjà, parlé de ses expériences
passées. Cette fois-ci encore, il manifeste son désir de donner
quelques jours-voire semaines- de son temps pour venir en aide aux enfants défavorisés
de ce pays. Il est vrai que la tâche est ici immense, tant la situation
actuelle est critique. En quelques chiffres (issus du Guide du Routard, Edition
2002/2003) , il est facile de se faire une idée du tableau.
Dans ce pays de 23 millions d'habitants, 8 millions vivent en dessous du seuil
de pauvreté absolue.
60% du budget de l'état est assuré par l'aide internationale,
1/3 des recettes va au remboursement des dettes.
L'espérance de vie est de
58 ans (elle était de 26 ans en 1950!!!). Bien qu'il y ait eu un progrès
considérable en 10 ans, la mortalité infantile reste très
élevée : 6,7%, soit
8 fois plus élevée qu'en France.
Pour ce qui est de l'éducation, les chiffres sont affligeants : 60% des
enfants ne sont pas scolarisés (43% de la population a moins de 15 ans),
ce qui donne un taux de 56% d'analphabètes.
Si on ajoute à cela
la situation politique très instable du pays, on saisit un peu mieux
la difficulté actuelle de la vie dans ce pays. Sans entrer dans trop
de détails, il convient toutefois de rappeler quelques éléments
récents d'actualité.
Alors que la situation était déjà loin d'être brillante,
la corruption est ici le sport le plus populaire parmi l'infime minorité
aisée qui se partage les rênes du pouvoir, l'assassinat de Birendra,
l'ancien roi, -et de toute sa famille, les gardes du corps, etc...- en juin
2001 n'a fait que remettre le feu aux poudres. Officiellement en effet, ce serait
le fils du roi, le prince héritier, Dipendra qui aurait, dans un accès
de folie consécutif au refus de ses parents de lui donner en épouse
l'élue de son coeur, réglé seul le compte de tous. Mais
pris d'un remord bien compréhensible (!), il se donne la mort après
avoir été, deux petits jours durant, officiellement roi du Népal.
Plus balaise que la nouvelle loi française sur l'impunité du chef
de l'état (!), la loi népalaise ne pénètre pas les
murs du palais royal. Les rois sont morts, on ne veut rien savoir, Vive le roi!
Et pour succéder à Dipendra, le roi-express, Gyanendra, le nouveau
(encore!) roi, le frère de Birendra -l'ancien roi assassiné par
son fils, vous suivez??...) va accéder au trône. Depuis, pas un
coup de feu au palais, Gyanendra
le mal-aimé règne en roi absolu. Mal aimé par son peuple
je disais, parce que la rumeur populaire présente l'affaire dans une
toute autre version...
Assoiffé de pouvoir, Gyanendra qui n'avait visiblement aucune chance
d'accéder au trône, aurait tout simplement comploté et fait
assassiné tout ce petit monde pour être calife à la place
du calife! Simple, efficace, rapide : il voulait être roi, il est roi!
Et à voir sa tête à
celui-là, on ne lui donnerait pas le bon Dieu sans confession!...
Quoiqu'il en soit, pour ceux qui suivent encore (!), Gyanendra est roi depuis
Juin 2001, et la situation politique n'a fait que se dégrader. Bien que
n'ayant qu'un rôle plutôt honorifique dans cette monarchie parlementaire,
le roi n'a cessé de vouloir imposer ses vues sur le pays, et, bien que
la constitution ne lui n'en donne pas le droit -mais au Népal, on ns'embête
pas avec la constitution!-, il a finit par démettre le Premier Ministre
de ses fonctions et en renommer un plus en phase avec sa façon de conduire
le pays... Le chaos d'un pouvoir qui ne tient que grâce au soutien de
l'armée et de la police est total.
Si on rajoute à cela la guérilla maoïste qui terrorise le
pays, contrôle maintenant plusieurs provinces et rêve du Grand Soir
pour accéder par les armes au pouvoir, on a tres rapidement fait le résumé
de la situation politique au Népal!
Dans un climat de violence et cette guerre civile entre les maoïstes et
l'armée qui fait chaque jour des dizaines de victimes de part et d'autre,
la population survit, otage prise entre deux feux. Entre la peste et le choléra,
le choix est difficile. Les pauvres subissent, véritables victimes du
drame actuel de ce pays.
Pendant ce temps, le taux de fréquentation touristique a catastrophiquement
chuté, baissant d'encore plus de la moitié cette année,
après la baisse de 2001. Quand on sait que la ressource première
du Népal est le tourisme, on a malheureusement tout compris.
Le Népal est le théâre d'une catastrophe qui se joue sous nos yeux, un pays dont l'avenir est hélas bien incertain à l'heure où nous écrivons ces lignes.
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