Reportage précédent Reportage suivantKathmandou

Freak street, KathmandouC'est ensuite à pied que nous gagnons 'Freak Street' où nous prenons pension à 'Paradise Ghest House', un petit hôtel rescapé de l'ère baba-cool. Mis à part quelques coups de pinceaux, l'hôtel n'a subit que peut de rénovation depuis cette époque, ce qui explique le confort spartiate -mais suffisant pour nous- de notre nouvelle adresse avec WC-douches sur le palier... Et le prix étonnamment bas (125 NRp, soit 1,7 €) en fait sans doute une des chambres les moins chères du monde, ce qui est loin de nous déplaire! Séduits par ce que nous venons de voir de la ville, nous redescendons rapidement pour respirer un peu l'air -terriblement pollué!- de la ville. Shiva & Parvati, depuis leur temple
Après la Chine et Hong Kong, le changement est brutal. Ici pas de buildings ni de boulevards larges de plusieurs centaines de mètres, mais plutôt un enchevêtrement de petites ruelles à peine asphaltée, criblées de trous, que bordent des maisons qui dépassent rarement les deux ou trois étages. Dans les rues, règne une confusion qui nous rappelle un peu l'Inde. Très peu de voitures, des rickshaws -ces étonnants triporteurs jaunes et noirs qui transportent passagers et marchandises-, des motos de 100 cc -où peuvent prendre place 3, 4, voire 5 personnes (!)-, des vélos -très chinois à nos yeux mais on nous les dit indiens!-, et bien sûr des dizaines de piétons se doublent, se croisent et se bousculent dans un capharnaüm incroyable, le tout -j'allais oublier!-, dans un concert continu de klaxons qui nous fait sourire. A quoi bon klaxonner en effet quand on est pris dans ce bouchon permanent qui avance à moins de 10 km/h? Le flot vous emmène, c'est tout! Népalaise en sari chez les dinandiersMais non, chacun semble marquer sa présence de manière sonore, de crainte peut être de n'être pris au sérieux. Car ici, et nous nous en rendons déjà compte, l'avertisseur est un des organes essentiels du véhicule. Les phares, les freins, des portes qui ferment, ça c'est secondaire. Mais le klaxon, c'est le coeur du véhicule, la pièce maitresse autour de laquelle on monte le reste! Sans klaxon en état de fonctionnement, votre voiture, moto ou rickshaw ne vaut plus rien! On peut conduire une poubelle -ce qui semble d'ailleurs être la mode ici...-, mais une poubelle avec un klaxon qui marche SVP!
Sans tarder, nous nous faisons à cette ambiance sonore, et comme les locaux, nous n'y feront même plus attention. L'essentiel est ailleurs. Si ce premier contact avec le Népal nous rappelle l'Inde pour de multiples raisons, une différence essentielle se dessine déCharme népalais...jà. Ici, nous ne ressentons nullemment cette tension et cette pression que nous avions parfois eu du mal a supporter chez sa voisine. A la place, des sourires de bienvenue et une attention bienveillante : nous sommes déjà sous le charme! La beauté des saris féminins -et de celles qui les revêtent- et le charme des hommes -c'est Caroline qui me le souffle!- ne donnent que plus de valeur au tableau dans lequel nous venons de nous poser.
Et c'est ainsi que, sans rien faire d'autre que flâner dans les rues pour nous imprégner de cette atmosphère enchanteresse, nous allons nous laisser porter dix jours durant, sans programme ni but précis : Kathmandou vient de nous envouter!

Il est vrai que cette capitale possède, outre cette ambiance indéfinissable, des tonnes d'atouts pour séduire les occidentaux que nous sommes, à commencer par son architecture exceptionnelle. Classée Patrimoine de l' Humanité, Kathmandou -et sa vallée- recèle en effet des joyaux de monuments de bois scuplté pour l'essentiel, qui Echoppe typique des rues de la villelui vaudrait certainement la place de Miss Univers -ça n'existe pas encore pour les villes ça?!- si elle se situait dans un pays occidental. Malheureusement, nous sommes ici au tiers monde, et le peu d'argent qui reste après prélèvement des notables corrompus comme il est difficile de l'imaginer, suffit à peine à entretenir les trois ou quatres monuments les plus visités. Et des splendeurs de bois sculpté, c'est par milliers qu'ils se comptent ici! Depuis la naissance de la ville en 949, Kathmandou a accumulé un patrimoine architectural dont il est difficile d'imaginer la richesse et l'importance. C'est bien simple, il y en a partout! Dans le dédale labyrinthique Vendeur de flutesdes ruelles qui transportent instantanément dans une ambiance moyenâgeuse, à chaque maison, une porte, une fenêtre, les poutres apparentes sont déjà une oeuvre d'art digne d'un musée. Et je ne parle même pas des centaines de temples, édifices religieux et autres lieux de dévotion qui fleurissent à chaque coin de rue, tellement nombreux qu'il paraît tout bonnement impossible d'en faire la liste exhaustive. Jamais au monde encore nous n'avons vu une telle profusion. Après la Chine, c'est sûr, ça fait un choc!!
Transportés dans un autre univers, nous ne lassons pas de traîner ainsi, émerveillés et désappointés à la fois par autant de chefs-d'oeuvres en péril. Dans ce décor de musée, ça vit, ça grouille. Dans les échoppes de quelques mètres carrés, les marchands de tout et de rien font leur petit business qui leur assurera le dal bhat - LE plat national, composé de riz , lentilles et légumes fortement épicés- quotidien de la Baba saddhoufamille.Dans la rue, des vendeurs portant boutique sur leur vélo haranguent les passants. Fruits, légumes, viande, poisson, chaussettes, ustensiles de cuisine et accessoires de toilette, épices, gâteaux, etc...., tout est bon pour survivre jusqu'au lendemain. A même le sol, des couturiers et tailleurs actionnent les pédales de leur machine à coudre, des barbiers et coiffeurs travaillent sur le bord d'un hypothétique trottoir... L'économie de la débrouille est en pleine activité.

Dans les rues et les endroits fréquentés par les étrangers, des vendeurs 'spécialisés dans le touriste' accostent inlassablement leurs proies potentielles dans un anglais plus ou moins approximatif.: " Bouddha statues?, Tiger Baulm?, You need a guide?, La plus belle chevelure de Kathmandou!ou à demie voix : 'haschisch'.", chacun y va de son refrain... Et il est vrai que le prix touriste est incomparablement plus attrayant pour le vendeur que le cours népalais, ce qui n'est pas sans créer d' innombrabres vocations. Même les (pseudos) saddhous, les hommes saints -tu parles!- de la religion indoue se sont mis au business! Pour information, rappelons qu'un saddhou est, "celui qui a renoncé au plaisir matériel pour la prière". Le sourire de circonstance et l'amabilité commerciale, ils tapinent et bénissent les touristes en les marquant de la tika (la marque indoue sur le front), posent pour une photo, moyennant roupies sonnantes et trébuchantes... "Cheating baba", (baba tricheur) comme les appellent les locaux qui ne reconnaissent en eux aucune sainteteté. : 'Y'a décidément plus de religion!...

Tout cet aspect touristique a beaucoup évolué ces dernières années, c'est notamment la raison pour laquelle les 'purs et durs' qui ont fréquenté le coin dans les années 70, ne reconnaissent plus rien de l'esprit qui animait alors la cité. La Mecque des baba-cool a certes beaucoup changé depuis sa 'découverte' par les hippies, mais pour nous qui étions trop jeunes pour faire alors partie du voyage, Kathmandou reste très très séduisante. Les rassemblements et fêtes improvisées dans la rue, au son de la guitare et sous des nuages de marijuana s'envolant des shiloms ne sont, il est vrai, plus de mise, les libertés de l'Epoque rangées au rang des souvenirs que les anciens qui l'ont fait, racontent nostalgiques.
Transport à véloTrente années se sont écoulées, Freak street n'est plus LE centre de Kathmandou, LE lieu incontournable où les hippies du monde entier élisaient domicile et partageaient le calumet de la paix... Pour désenclaver le quartier en effet, Thamel, le nouvel eldorado touristique de la capitale a été érigé Vous avez le bonjour de Shiva, toujours en forme!...à partir de rien il y a quelques années. Artificiel au possible, ce parc pour touristes n'est qu'une succession de boutiques, d'hôtels, restaurants et autres agences où on trouve tout ce qu'on peut trouver ailleurs en ville, mais au prix 'touriste'! Une ville dans la ville en somme. Là-bas, on est à Kathmandou sans y être, la concentration d'occidentaux dépasse de loin celle des locaux, même la langue de rigueur est l'anglais. Vous l'aurez compris, pas vraiment notre planète en somme... En grossissant, Thamel a littéralement phagocyté Freak Street qui, vidée des babas qui ne trouvent plus la ville assez cool, dépassée par le standing du nouveau quartier, n'attirent plus grand monde. A notre grand bonheur du reste, heureux de séjourner dans un quartier plus vraiment touristique, baignant dans une ambiance très locale, au coeur de la vie népalaise. Bon d'accord, l'eau 'chaude' de la douche ne dépasse parfois guère les 15°C, et le réveil matinal des locaux qui se raclent bruyamment la gorge dès 5h30 le matin et emplissent bruyamment les rues à partir de 6h00, nous font parfois grimacer, mais bon... Disons que ça fait partie du 'charme local'!...Reportage suivant
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