De
retour à Luang Prabang, nous prenons aussitôt la route vers le
sud, Phonsavan et la Plaine des Jarres, notre prochaine étape.
Décidément incompris, la femme qui nous prend en stop après
quelques minutes nous dépose... à la gare d'autobus... que nous
quittons immédiatement pour poursuivre la route à pied. Une heure
plus tard, c'est dans la benne d'un camion que nous voyagerons pour 20 kms.
Dans la foulée, c'est un employé d'une société de
Vientiane qui nous monte dans son 4x4 d'entreprise. Chemin faisant, l'homme
nous fait comprendre qu'il aimerait bien qu'on lui donne un peu d'argent...
parce que le bus lui est payant, etc.... Déçus que le stop en
soit réduit à cela, nous lui faisons très clairement comprendre
que faire du stop est pour nous bien plus qu'un seul moyen de nous déplacer.
C'est une formidable façon d'approcher un pays, de rencontrer des locaux,
de discuter et de partager un moment souvent ennuyeux seul ou dans un bus. Et
ça, ça n'a pas de prix, il ne serait donc question d'argent. Ouvertement
même, nous lui disons que s'il y a un malentendu de son côté,
qu'il nous dépose là où nous sommes, ce n'est pas un problème
pour nous.
Il n'osera pas toutefois aller au bout de sa pensée, même si nous
aurons à regretter sa subite volonté d'être moins loquace.
Une centaine de kilomètres plus loin, nos chemins se séparent
à Phou Koun, visiblement déçu de ne pas nous avoir fait
payer le carburant lui-même payer par son entreprise... Y'a pas de petits
profits!
A Phou Koun, nous profitons du repas pour remettre en cause notre philosophie
du stop. Le stop est payant ici? Soit! Alors si nous trouvons un avantage par
rapport au bus, nous payerons. Mais nous savons aussi que cela s'apparentera
plus à un taxi qu'à une vraie belle rencontre inopportune comme
nous en avons déjà tant fait avec ce moyen de locomotion irremplaçable.
A ce carrefour autoroutier de montagne où les Chinois semblent partout,
nulle envie de demeurer. Sale, sans intérêt, même les gens
sont animés par la même grisaille. Sur les dizaines de 'Bonjour'
que nous lançons, à peine deux ou trois nous sont retournés.
Nous n'avons vraiment rien à faire ici et on nous le fait bien comprendre.
Rejoignant alors la sortie de la ville, nous posons nos sacs devant l'école
du village où trois enfants
jouent. Un bus part dans deux heures, peut-être aurons-nous décollé
d'ici avant?..
Pour tuer le temps, j'improvise un jeu à l'aide d'un anneau et d'un bâton
avec un des gamins. Et nous comptons en laotien. Un vrai régal et déjà
ces sourires d'enfants nous font oublier ce que nous venons de dire de négatif
sur cet endroit...
Presque malheureusement, une camionnette vient interrompre notre jeu.
- Phonsavan?
- Oui! nous répond le chauffeur.
Sans équivoque, il nous annonce:
- Vous payez combien?
Partant sur les bases de 50% du prix du bus, l'homme discute un peu et nous
fait finalement 40% de ristourne.
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