Phonsavan
est une autre de ces villes du bout du monde, au milieu de nulle part, difficilement
accessible -sinon par avion- et sans charme particulier. Ville nouvelle construite
sur une route récente, elle est la nouvelle capitale de la province de
Xieng Khuang, détrônant ainsi Muang Khun, l'ancienne capitale.
Le sud de cette région est secoué par des affrontements entre
l'armée et la minorité Hmong, majoritaire dans la région.
Mais de cela nous n'aurons pas plus de détails: nous sommes quand même
dans un pays communiste où l'information circule difficilement...
La seule chose qu'on nous dira quand nous demanderons des renseignements sur
les transports pour aller vers le sud, c'est :
- Non non, c'est interdit pour les touristes! il faut que vous reveniez par
le même chemin.
- Et pourquoi? nous risquons-nous à demander à ce jeune homme
sympathique avec qui nous avons un bon contact.
- Ça, je ne peux rien dire, ajoute-t-il d'un sourire gêné.
Une autre particularité de cette région est qu'elle est située
dans une zone qui fut la plus bombardée pendant la guerre du Viêt-nam.
A cet effet, le paysage vallonné de la région en a été
totalement modifié, des milliers de cratères en attestent. Les
pilotes de bombardiers américains avaient en effet ordre de larguer toutes
les charges embarquées avant leur retour à la base. Le Laos a
ainsi servi de décharge.
Depuis, des ONG -dont nous voyons les véhicules partout- continuent de
déminer la région tandis que chaque année, on compte encore
un certain nombre de victimes.
Comme pour conjurer le mauvais sort, les locaux exposent alors des rangées
de carcasses d'obus devant leur habitation. Certains s'en servent même
de piliers de
maison,
de clôture, d'autres encore de pots de fleurs... C'est ce qui s'appelle
du recyclage, ça!
De passage à l'unique banque où le drapeau laotien flotte aux
côtés de la faucille et du marteau, nous sommes surpris par le
nombre d'employés présents derrière un immense guichet
où nous sommes les seuls clients. Alors qu'une femme s'occupe de nous,
huit autres sont
assis en arc de cercle autour d'une télévision et regardent des
clips-vidéos! En costume de l'entreprise, ils s'exclament, s'amusent
et tuent le temps comme ils peuvent! Nous en sourions encore...
Pour clore la journée, nous passons au marché couvert où
s'est réfugiée la population qui déserte les rues par cette
chaleur. Accueillis par des sourires, nous faisons un tabac avec nos quelques
phrases de laotien! Depuis les gargotes où nous nous restaurons avec
les locaux en passant par les superbes étalages de fruits et de légumes
et les moins appétissants étals de viande où les mouches
se régalent (!), nous passons quelques heures très agréables
qui nous requinquent. Nous n'avons rien vu d'extraordinaire certes, seulement
entrevu quelques minutes de la vie locale sous le sourire des Laotiens. Et ça
nous suffit.
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