La Plaine des Jarres

Phonsavan est surtout célèbre pour abriter un site archéologique duquel on ne connaît finalement pas grand-chose: la Plaine des Jarres. Dans ce décor de collines verdoyantes arrondies, des centaines de jarres sculptées dans la pierre ont en effet été mises à jour il y a seulement quelques dizaines d'années. Pesant entre 600 kg et une tonne chacune, ni leur présence, ni leur fonction, ni leur transport n'ont trouvé de réponse. Bien sûr, diverses hypothèses sont émises: certains y voient des récipients géants où était stockée de la nourriture, à moins qu'elles n'aient été utilisées pour la fermentation du vin. Récemment, des ossements humains auraient été trouvés dans l'une d'entre elles: doit-on alors leur attribuer une fonction de sarcophage? Le travail des chercheurs n'en est qu'à ses débuts. Seul point résolu l'an passé: leur origine. Alors que la pierre dont elles sont issues n'est pas située directement sur place, un jeune Laotien travaillant pour l'Unesco sur ce programme nous en dit un peu plus. Photos à l'appui, il nous apprend ainsi qu'ils viennent de découvrir la carrière d'où elles proviennent, située à une vingtaine de kilomètres au sud du site n°1. Le mystère se lève donc petit à petit.

C'est à pied que nous couvrons les cinq kilomètres qui nous séparent du premier site. Notre arrivée coïncide avec celle de deux couples Hmongs accompagnés de leurs photographes. En costume traditionnel on ne peut plus kitsch, les jeunes femmes font sensation. Parées de tissus multicolores où les nœuds roses côtoient les verts fluorescents et le bleu pétant, tout semble faire penser à un déguisement! De tous les costumes hmongs que nous avons vu jusqu'alors, ceux-ci sont de loin les plus extravagants. Avant les séries de photos près des jarres, ces femmes iront même jusqu'à enfiler chacune une paire de chaussettes de football de la marque à trois bandes! Quand la modernité s'empare des costumes traditionnels...
Très amicaux, notre présence discrète ne les importune pas le moins du monde et ils nous demandent même de poser pour quelques photos avec eux! Demande que nous faisons à notre tour, quelques minutes plus tard, histoire de figer cet instant surprenant.
Deux heures durant, nous sillonnons ce site assez informel où s'espacent des centaines de jarres sur quelques hectares. Étranges objets que ces "amphores" d'une seule pièce, à peine déterrés pour certaines. Nous n'en saurons pas plus.

De retour à Phonsavan à pied, nous retraversons cette campagne aux villages endormis par le chaleur. Seuls quelques enfants sur le chemin de l'école nous accompagnent, heureux de ces compagnons de route peu ordinaires que nous sommes.

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