Bien
qu'il n'y ait que 468 kms entre Hekou et la capitale du Yunnan, 17 heures sont
nécessaires pour atteindre notre prochaine étape. Un voyage dans
le voyage en quelque sorte.
Et le tout en classe 'assis dur', de loin la moins chère à côté
des trois autres formules -assis mou, coucher dur ou coucher mou!- proposées
par la 'SNCF' chinoise. C'est la moins confortable également mais nous
voulons essayer. Et si nos exigences d'occidentaux venaient à être
insatisfaites, nous monterons en gamme -et en tarif!- au prochain voyage. Notre
guide-papier nous annonce déjà les pires choses du monde: un inconfort
digne du bagne (j'exagère à peine!), la musique à tue-tête
et des wagons bondés de Chinois crachant partout! Eh bien si c'est cela
la Chine, au moins pourrons-nous en parler en connaissance de cause!! Il y a
évidemment des choses dont nous nous passerions, mais voyager c'est également
se rendre compte par soi-même, n'est-ce pas?... Avant cette 'expérience
inoubliable'(!!), nous avons plus de six heures à tuer. Nos sacs à
dos en consigne, nous quittons alors la gare et faisons nos vrais premiers pas
en République Populaire de Chine.
Dans les rues de cette ville somme toute assez occidentale, nous flânons,
un peu déçus par le 'choc' que nous nous attendions à recevoir.
La tête pleine de clichés, nous voyions déjà des
trottoirs grouillants de monde, des rues noires de vélos, des échoppes
tous les trois mètres et des cris emplissant un décor ancien et
gris plutôt crasseux... Au lieu de cela, peu de vélos, pas mal
de voitures, des rues et des trottoirs quasiment déserts, bordés
par des magasins tout à fait modernes...
- On nous aurait menti, alors?
Ben pas tout à fait, quand même! Dès que nous quittons les
axes principaux, des gargotes et des 'micros' marchés plus typiques nous
envoient une image plus en phase avec celle que nous attendions. Mais déjà
il faut nous rendre à l'évidence: l'Empire du milieu est actuellement
en pleine mutation et l'occidentalisation des villes chinoises est en marche...
Ici, en tout cas!! Pour le reste, il est encore trop tôt pour nous exprimer
sur la question, ça ne fait qu'une heure maintenant que nous sommes arrivés!!
Au
hasard des rues, nous tuons le temps, surprenons un peu par notre présence
à tel ou tel endroit. Mais déjà les sourires amicaux et
les 'Hello!' lancés de partout, témoignent du côté
accueillant de la population. Enchantés et encouragés par ces
visages souriants, nous nous risquons à nos premiers 'Ni Hau!' (prononcer
'niraow', avec un R très dur) provoquent quelques rires ou une incompréhension
totale tant notre accent paraît mauvais!
L'estomac dans les talons, nous asseyons bientôt à la table d'un
'restaurant' de rue. Sous les regards étonnés des Chinois qui
aspirent de façon très sonore des soupes de pâtes qui constituent
le seul menu proposé, nous commandons deux soupes en levant simplement
l'index et le majeur; Facile, le mandarin! Deux minutes plus tard, deux bols
de pâtes, de cives et pleins d'autres 'trucs qui doivent être vachement
bons!' nous sont servis. A 3 yuans (0,4 euros) le repas, nous ne risquons pas
grand-chose sinon de favoriser l'apparition d'une première tourista chinoise!
Mais de ce côté-là, nos organismes en béton sont
rodés, alors...
- Alors, bon appétit Caroline!
- Merci, me répond-elle, les baguettes déjà plongées
dans une soupe qui sent tellement bon qu'elle ne peut finalement pas nous faire
de mal.
Dans la salle d'attente de la gare que
nous venons de rejoindre, le désert matinal fait maintenant place à
un gentil désordre. Bien que des pancartes au mur interdisent de pratiquer
le sport national des Chinois, nous assistons à quelques surprenant raclements
de gorge -visiblement surentraînées!- suivis de crachats non moins
sonores... à travers les vitres. La réglementation est ainsi respectée!
Il faut dire en effet que l'utilisation de mouchoirs est ici presque exotique.
Alors tout le monde crache. Hommes, femmes, enfants, tout le monde crache! Dans
la rues, les lieux publics, les hôtels et les restaurants: on crache!
Le gouvernement tente bien actuellement de modifier ces habitudes peu ragoûtantes
pour nous occidentaux, mais on ne change pas ainsi une coutume si fortement
ancrée dans la culture. Dans les lieux publics, des affiches -traduites
en anglais, celles-ci, au cas où des touristes se sentiraient tellement
imprégnés de culture chinoise qu'ils se laisseraient aller à
lâcher un glaviot au milieu d'une salle d'attente!-, préviennent
de la conduite à tenir. Dans les hôtels, des crachoirs ont été
installés. Sans beaucoup de succès toutefois, car si le Chinois
est discipliné, il n'est pas forcément bon viseur! Et alors là,
attention la moquette!
Autre coutume peu fréquente dans les salles d'attente, une femme nettoie
les oreilles de son mari qui se prête, ma foi, d'assez bonne grâce
à cette toilette publique qui n'étonne visiblement que nous.
A part ça, eh bien pas grand-chose de nouveau, si ce n'est la fréquence
de quelques vendeurs ambulants qui couvrent le brouhaha de leur voix de publicitaires
de rue. Mais à cela nous sommes maintenant habitués, et ne levons
même plus le regard. Le seul couple d'étrangers (des Danois) présent
dans la salle n'aura pas notre 'sagesse'. Lever le regard, c'est manifester
de l'intérêt et ils auront bien du mal à se débarrasser
du marchand d'eau, de fruits ou de pain qui les tiendra près de 20 minutes
avec un anglais proche de notre chinois!
A 14h10 précises, la grille menant aux quais est ouverte alors que le
convoi attend en gare. Après deux contrôles de billet, nous prenons
place dans notre wagon, sur des sièges finalement pas si durs que cela,
dans une rame loin de faire le plein.
Surpris par le standing très correct qui nous est offert pour des places
à 32 yuans (4,5 euros) par personne, nous commençons déjà
à rêver des paysages que l'on annonce superbes dans cette partie
méridionale de la Chine. A 14h20 montre en main, le convoi se met en
marche, direction Kunming.
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