Reportage précédent Reportage suivantEn bus chinois

Paysage du SichuanIl est 7h, ce lundi 20 mai comme nous entrons en gare de Chengdu. Il pleut encore et toujours. Le thermomètre quant à lui frise les 10 degrés: un vrai temps de Toussaint! Fuyant ce mauvais temps qui n'augure aucune randonnée agréable, malgré la fatigue qui commence à peser après plus de 2 jours de transport depuis notre départ d'Hanoi, nous poursuivons la fuite en avant.
- On va bien finir par trouver un meilleur temps plus au nord, non?
- On n'a plus que 350 kms pour rejoindre Songpan, en plein pays tibétain (enclave de culture tibétaine, pas le 'vrai' Tibet). Tu te sens le courage de continuer, toi?
- Si il n'y a plus que ça à faire... Et puis ici, c'est une trop grande ville, j'veux un petit coin tranquille où on pourrait se reposer un peu...
- Bon, eh bien, on est parti!A  (et sous!) la table d'un resto
Le sac sur les épaules, nous avançons d'un pas qui se veut assuré alors que nous ne savons pas comment rejoindre la station de bus. Nous tentons bien quelques mots en chinois auprès des passants qui grouillent. Sans succès. Heureusement, un policier vient à notre rescousse et, avec ses quelques mots d'anglais -beaucoup plus efficaces que notre mandarin!-, il se fait un plaisir de nous indiquer notre direction. Autour de nous, un attroupement s'est déjà formé... Dix minutes plus tard, nous atteignons la gare routière où, par une chance inouïe, nous grimpons immédiatement dans le dernier bus de la journée pour Songpan!
Bus local bringuebalant, la lenteur nous permet d'apprécier les paysages de plus en plus montagneux que nous traversons sur cette route, plus souvent piste de terre et de pierres qu'asphaltée. Cahin-caha, nous franchissons les cols et évitons les précipices qui se rapprochent dangereusement de nous lorsque nous croisons un autre véhicule.
Si le spectacle qui s'offre à nous à l'extérieur nous séduit, celui de l'intérieur est à sa manière, également étonnant. Propre au départ, le bus n'est plus, après seulement quelques heures de voyage, qu'une immense poubelle. Dans l'allée centrale, chacun jette ses déchets sans que cela n'offusque personne. Bouteilles plastiques, sachets en tous genres, papiers gras et autres pelures d'oranges couvrent bientôt le sol, quand ils ne disparaissent pas tout simplement par la fenêtre. L'écologie est un concept qui n'a pas encore dû trouver de traduction en chinois. Pour les allergiques à la fumée de cigarette, le bus n'est pas non plus une bonne idée. Ici, on fume sans se soucier des voisins, et on jette ensuite par terre le mégot encore incandescent, sans prendre même la peine de l'écraser pour éviter tout risque d'incendie. De toute façon, dans ce bus, il y a belle lurette que les mégots ont eu raison du revêtement plastique posé au sol. Et le métal ne brûle pas que je sache!
Fleurs de montagne...Étonnés, nous regardons tout cela sans trop comprendre ce que notre culture occidentale qualifierait d'irrespect, d'inconscience ou de manque d'hygiène. Mais tout cela semble normal, ici. Le point d'orgue sera atteint par notre voisine de rang, à la mi-parcours. Dérangée par le repas et les soubresauts du bus, elle ne prendra même pas la peine d'ouvrir la fenêtre pour libérer son estomac qui se rapproche dangereusement de ses amygdales... et vomit sans complexe sous le siège qu'elle occupe! Pas affolé pour deux sous, son compagnon saisit alors quelques pages d'un journal et recouvre le repas qui vient de reprendre l'air. Autour, personne ne semble gêné ni importuné... Quoi de plus normal en effet, qu'un petit vomi sous un siège de bus? Il y en a qui boivent un coup, d'autres fument, c'est la vie, ça!
Encore peu habitués à ces coutumes locales, nous préférons finalement tourner la tête et nous concentrer sur les paysages magnifiques qui se déroulent à l'extérieur.
- Tu ne trouves pas ça beau, Caro?
- Si si, c'est superbe... Dehors!
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