Dans
la chaleur moite et difficilement supportable de cette avant saison des pluies
-le thermomètre ne quitte guère les 35°C-, nous prenons le
temps de nous poser un peu. Entre les balades sans but précis à
pied, et les visites plus ciblées, nous nous laissons porter par l'ambiance
'ville de province' de la capitale. La circulation affolante et les milliers
de deux-roues tranche cependant avec la quiétude supposée d'un
tel cadre. Mais dès qu'on visite un des nombreux marchés, que
l'on entre dans une échoppe ou qu'on s'arrête simplement pour entrer
en contact avec la population, les sourires et la gentillesse des Cambodgiens
nous donne le sentiment d'être reçus en amis.
Sur les trottoirs, l'économie de la bricole et de la débrouille
est partout visible. Ceux qui nous plaisent le plus sont sans nul doute les
réparateurs de vélos et de chambres à air. Assis à
même le sol, munis d'une poignée d'outils, ils sont assurés
de quelques billets quotidiens sur ce marché très porteur, compte-tenu
de l'état de la chaussée. Vulcanisant à chaud des chambres
à air qui comptent parfois plus de rustines que de 'chambre', ces hommes
nous étonnent par la rapidité avec laquelle ils opèrent
sur le lieu même de l'incident. Un vrai service d'urgence en somme, où
une presse miniature chauffée par une flamme de pétrole, est au
centre du dispositif.
Plus en phase avec le temps puisque s'ouvrant sur une clientèle touristique
rémunératrice, les chauffeurs de taxis-mobylettes nous abordent
tous les dix mètres. Et si vous montrez un certain intérêt
à leur sollicitation, c'est souvent 4 ou 5 mobylettes supplémentaires
qui vous tombent sur le poil dans la seconde suivante. Sans complexes ni problème
apparent, ils se font ouvertement concurrence, en se battant sur des prix qui
dégringolent alors très rapidement, sans toutefois atteindre les
tarifs locaux...
Si
nous nous accordons quelques déplacements en mobylette, nous avons en
revanche beaucoup plus de réticence à emprunter les cyclo-pousses,
ces étonnants vélos à trois roues où les passagers
prennent place en avant du chauffeur. A tort peut-être puisque ces hommes
très pauvres sont restés à ce moyen de locomotion d'un
autre âge par manque de moyens. Plus âgés en moyenne, usés
par la difficulté physique de leur travail, ces hommes nous inspirent
un profond respect. Mais nous offrir
une balade au prix de la peine -même rémunérée- d'un
homme tranformé en bête de somme, est une chose que nous ne pouvons
concevoir. A tort, sûrement...
Aussi ces hommes-cyclos se contentent-ils souvent du transport de rares locaux,
plus âgés, impotents ou ne supportant tout simplement pas la mobylette.
Mais l'essentiel de leur travail semble maintenant tourné vers le transport
de marchandise. Caisses, cartons, tuyaux, sacs de riz, de charbon, etc., les
cyclos se diversifient. Arc-boutés sur leur engin qu'ils ont parfois
du mal à arracher à l'immobilité sous les klaxons de toutes
parts, ils survivent.
Dans ce pays où le réfrigérateur et le congélateur
sont réservés à une élite argentée, le commerce
de la glace est un business qui retient tout particulièrement notre attention.
Sous des températures aussi élevées, la conservation des
aliments et le rafraîchissement des boissons sont alors assurés
par des blocs de glace. Transportés le plus souvent sur le porte-bagage
des vélos, des blocs d'environ un mètre de long et 20 cm de section
sont vendus d'un seul tenants ou débités en morceaux. Et il convient
aux livreurs de ne pas perdre trop de temps dans la tournée, l'expression
'fondre comme neige au soleil' prenant ici tout son sens... Ruisselants de partout,
les transporteurs bloqués dans la circulation nous attirent des sourires
désolés. Gageons pour eux que le prix client soit indexé
sur la température extérieure... Mais nous en doutons.
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