Hanga
Roa, la seule 'ville' de l'île compte à peine 3000 habitants. La seule route
qui coupe ce village en deux est un mélange de portions asphaltées et pavées
très révélateur du développement de l'île. Sur les trottoirs en plaques de ciment
mal ajustées qui bordent ce semblant d'avenue, des échoppes à touristes paraissent
attendre la haute saison pour vendre la spécialité du coin : le moaï.
Décliné dans toutes les versions, depuis le porte-clés à la statue d'un mètre
en passant par le stylo moaï et le ridicule service à verre made in Indonésia
estampillé 'Rapa Nui', le moaï est ici une valeur sûre. Il ne manque plus que
les boules à neige moaï… mais il est vrai qu'ici, la neige…
Fiers et hautains comme des
routards qui ne veulent surtout pas être pris pour des vulgaires touristes (
!), nous ne voudrions donner à ces copies ridicules que l'attention qu'elles
méritent… mais, comme aspirés par une force occulte, … nous nous retrouvons
dans un magasin où trônent des dizaines de statues… C'est vrai qu'il pleut dehors
et que dans ce magasin, nous sommes à l'abri… mais ceci n'explique pas tout!
Même si nous savons qu'ils sont faux, nous avons devant nous nos premiers
moaïs ! Même en taille réduite, ils imposent le respect. Tels des fans de trois
sous, le regard que nous portons est presque adorateur… On est nul mais c'est
le cœur qui parle!
Reconnaissant facilement en nous des non-acheteurs potentiels, la femme qui
tient la boutique n'essaye même pas de nous en fourguer un. Même un petit !
Au contraire, la conversation s'oriente très rapidement sur les richesses de
l'île et sa civilisation. Quand nous quittons la boutique dix minutes plus tard,
la pluie s'est volatilisée, comme si le simple fait de toucher des copies de
moaïs suffisait à exaucer un vœu…
- Y a pas de raison, dans certains coins, ça marche bien avec des bougies…,
dis-je, goguenard.