Dimanche 8 avril :
Aujourd'hui marque le départ en vacances
de la famille Berger.
- Ne vous inquiétez pas, on vous a trouvé un pied-à-terre ! Nous annonce Marie.
Dominique, une collègue sympa de Marc que vous avez rencontré ici à votre arrivée,
va vous héberger. Vous allez donc pouvoir terminer vos affaires avant de partir
pour le Brésil.
Nous sommes épatés. Déjà, ils avaient tout fait en mettant en marche leur réseau
d'amis autour de la Guyane, et cela continue ! Reçus comme des amis partout
où nous sommes passées, nous leur devons beaucoup.
Quand Dominique vient nous chercher en voiture (eh oui !), nous les quittons
avec le regret de ne pouvoir leur rendre tout ce qu'ils nous ont donné.
- Bonnes vacances et encore merci pour tout !
Dominique est géologue de formation, professeur
de collège à Cayenne, un peu par accident… Ex-prof de fac en Afrique, elle enseigne
les Sciences de la Vie et de la Terre de la 5ème à la 3ème. Passionnée de géologie,
elle a maintenant passé la moitié de sa vie hors de la métropole. Dynamique
et dotée d'un humour que nous apprécions, nous nous bien en sa compagnie. Mère
de 2 garçons et mariée à un Péruvien disparu lors d'un crash aérien, elle connaît
l'Amazonie et ses tuyaux nous fournissent des pistes intéressantes pour la suite
du voyage. Dès notre arrivée dans son large appartement du centre de Cayenne,
elle nous présente 'notre' chambre qui domine la ville de ses grandes baies
vitrées.
- Prenez votre temps pour finir vos 'choses'. Ici, vous serez tranquilles, profitez-en
! Nous annonce-t-elle.
Comblés par une telle entrée en matière, nous acceptons de bonne grâce la généreuse
invitation. Ponctuant ce séjour cayennais de rapides sorties, nous allons ainsi
travailler d'arrache-pied pour mettre en ligne notre séjour guyanais
et répondre aux nombreux mails reçus dernièrement (70!).
Mario et Carlos, ses deux fils, nous adoptent peu à peu comme nouveaux
résidents. Entre 8 heures et 12 heures (voire 15!) par jour, Yannick
ne quitte désormais plus l'ordinateur et ressemble bientôt à
un lapin albinos! Même le dispositif anti-yeux rouges de l'appareil photo
n'y peut rien! Seules les pauses repas arrivent encore à l'extraire de
ce stakhanovisme.
Face
à cet impressionnant nombre d'heures, nous nous demandons parfois si
tout cela vaut vraiment la peine. En Guyane, par exemple, un quart de notre
temps aura été consacré à raconter et mettre en
page 4 semaines de vie.
Mais écrire est certainement la phase la plus délicate. Yannick,
dont c'est le travail, s'arrache parfois les cheveux. Si les phrases coulent
parfois toutes seules, elles sont la plupart du temps bien difficiles à
sortir. Dur métier que celui de reporter-amateur. Il y a des jours comme
aujourd'hui où on voudrait tout laisser tomber. Arrêter ce site
Internet qui nous mange tant de temps, voyager en toute liberté quoi!
Mais le découragement finit toujours par passer. Ecrire ce que nous vivons,
c'est également vivre plus intensément ce voyage en mettant des
mots sur nos émotions. S'arrêter sur notre vécu, c'est en
prendre toute la mesure et réaliser combien cette vie d'errance que nous
avons choisie nous apporte au quotidien.
Témoigner de notre aventure, c'est enfin un moyen de prendre un peu le
relais de tous ceux et celles à travers qui nous avons voyagé
et dont les aventures nous ont fait rêver. Maintenant que nous sommes
de l'autre côté de la barrière, c'est notre manière
de tenter de rendre un peu la part du rêve que nous avons alors vécu
par procuration. Même si tout ce travail est parfois réellement
difficile.
Une fois le travail achevé, on se dit toujours que le jeu en vaut la
chandelle. On a rien sans mal, même au bout du monde...
Ainsi, la semaine sainte est un véritable chemin de croix. Vers 20h enfin ce dimanche de Pâques, nous mettons en ligne la vingtaine de reportages. Une dernière vérification sur l'écran 19 pouces de Dominique est notre récompense... Même si tout n'est pas parfait, nous sommes contents du résultat. Facile séance d'autosatisfaction, mais tant pis! On a bien bossé et on spère déjà que les lecteurs que vous êtes auront, le temps de la lecture, l'impression de faire 'Un tour du monde avec nous!'... Le pari serait alors gagné jusqu'à la prochaine série de reportages...
Le
temps de mettre de l'ordre dans nos affaires, de faire des copies sur CD, de
ranger nos sacs, et il est déjà presque 1h du matin comme nous
nous endormons pour notre dernière nuit à Cayenne.
Demain, nous partons pour le Brésil.
Lundi 16 Avril
Après 6 heures de sommeil de plomb,
nous nous levons. Yannick est KO après cette semaine d'enfer et peine
un peu à se lever. Bon pied, bon il, Dominique est déjà
debout et nous a chauffé l'eau du thé.
Chargés à bloc et lourds comme ils ne l'ont jamais été,
nous enfilons nos sacs à dos et quittons 'notre' appartement cayennais
vers 9h.
' Je vous conduis jusqu'à Régina' a insisté Dominique.
Nous avons beau lui dire que nous pouvons partir en stop, rien n'y fait! En
découvrant le temps menaçant ce matin et l'arrivée d'une
première averse, nous sommes finalement contents de sa proposition...
Nelly, une collègue commune de Marc et Dominique nous accompagne. Touchés par ce geste amical, nous profitons des derniers moments en leur compagnie tandis que dehors la pluie se déchaîne... Deux heures et demie de (mauvaise) route plus tard, et un impressionnant serpent jaune et vert de 3 mètres écrasé, nous arrivons à Régina.
Il pleut toujours des cordes quand nous
montons dans un canot à moteur avec lequel nous franchissons l'Approuague
pour 30 frs par personne les 2 minutes de traversée: cher de l'heure
son affaire!!
Dominique et Nelly sont restées sur l'autre berge pour nous saluer jusqu'au
bout. Encore une fois, les formules paraissent banales pour remercier Dominique
dont l'accueil et la gentillesse nous ont accompagnés pendant toute une
semaine. En la quittant, nous lui formulons notre traditionnel 'Au revoir et
encore merci pour tout!', en espérant que tout ce que nous ne lui disons
pas lui aille droit au cur.
Sur la rive opposée, des 4x4 taxis
attendent le client et nous saute aussitôt sur le poil. 83 kms nous séparent
de Saint Georges de l'Oyapock, ville frontière avec le Brésil.
Cette piste non encore officiellement ouverte ne connaît le stop gratuit
mais un seul tarif: 200 frs par personne. C'est encore une fois bien cher le
km mais nous n'avons guère le choix. La seule autre solution était
l'avion mais Air Guyane a déposé le bilan,alors...
Nous montons donc avec Sampaïo, chauffeur d'une petite société
de taxis. Piste de latérite assez propre sur sa grande partie, 7 kms
restent très difficiles. La pluie qui sévit n'arrange rien et
donne à ce trajet une allure de raid-aventure. Une heure et demie plus
tard, nous sommes au bord de l'Oyapock, fleuve frontière avec le Brésil.
A notre descente du taxi, un traversier nous attend pour rejoindre Oiapoque,
ville frontière côté brésilien.