Fangio n'est pas mort!

Caroline dans le métro de Buenos AiresCette histoire de câble est désormais derrière nous: les sacs bouclés nous quittons la capitale argentine en métro pour prendre enfin un train de banlieue pour nous sortir de là.
A l'idée de reprendre la route ce 10 mai 2001
, le moral -qui commençait mine de rien à souffrir de cet arrêt forcé - est au beau fixe. 3190 kms nous séparent de la ville la plus australe du monde mais qu'importe! Avec notre maison sur le dos et une pancarte, on irait au bout du monde!... Combien de temps mettra-t-on pour atteindre Ushuaia et les confins de la Terre de Feu? On ne sait pas vraiment et cela n'a pas beaucoup d'importance! La route est là devant nous et on veut en atteindre le bout. Le bout du bout, à quelques pas du Détroit de Magellan et du Cap Horn... Des noms mythiques qui seront réalité dans quelques jours... Une semaine tout au plus...
Côté températures, l'automne austral est bien là, frisant avec les 10° la journée. Gants et bonnets à portée de main, nous prenons le départ à Ezeiza dont la prononciation du nom est un clin œil que nous voulons de bonne augure: Essaye-ça!
Rencontre de stopNous attendrons pourtant 3 heures avant de décoller pour le sud. Ce départ tardif ne nous permettra pas (du moins le pensons-nous!) d'atteindre notre objectif secret pour la journée et nous ne sommes qu'à 387 kms de Buenos Aires quand la nuit nous arrête à quelques centaines de mètres d'une station service où nous nous rendons. Intérieurement, nous rêvons à une rencontre de dernière minute qui nous ferait poursuivre notre chemin quelques kms...

En présentant ostensiblement notre pancarte de stop, nous nous asseyons à une table et jouons aux cartes. Une heure plus tard, nous n'avons pas avancé d'un centimètre, passant du 'rami' au 'Huit américain' et du 'Huit américan' au 'rami'!
Vers 20H, nous décidons de mettre un terme à notre tentative et de planter la tente derrière la station. Alors que je me lève et règle les cafés, Caroline entame la conversation avec notre voisin de table arrivé quelques minutes plus tôt.
- Vous n'allez pas vers le sud, par hasard? attaque-t-elle franchement.
- Si! J'ai encore 300 kms de route, ça vous intéresse? propose l'homme d'une quarantaine d'années.
Publicité  à la gloire du héros national- Si ça ne vous dérange pas! exulte Caroline, tout sourire!
C'est ainsi que quelques minutes plus tard, nous nous retrouvons à bord d'une Mitsubishi qui file telle un bolide vers de nouveaux horizons.
- Je suis un ancien pilote de rallye! nous annonce notre chauffeur qui ne connaît guère les vitesses inférieures à 160 km/h!
Trajectoires au couteau sur une route très roulante, les kms défilent en toute sécurité dans ces mains expertes.
Deux heures plus tard, nous avons parcouru 300 kms quand notre chauffeur nous dépose dans une nouvelle station service où, cette fois, nous allons directement planter notre maison ambulante. On nous avait dit que Fangio était mort, eh bien nous vous assurons que c'est faux, nous l'avons rencontré!

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