Reportage précédentReportage suivantUn billet pour Cuba?...

Yannick dans son lit de fortune
Aéroport de CancùnMalgré la nuit qui est maintenant tombée, nous rejoignons facilement l'aéroport. Il est 20h. Après avoir repéré les lieux, nous trouvons un coin pour installer matelas et sacs de couchage pour passer notre dernière nuit sur le sol mexicain.
Réveillés vers 6h alors que les passages près de notre lit de clochards (!) - rappelons que nous dormons dans le hall de l'aéroport de CANCUN ! - se font de plus en plus réguliers, nous plions nos bagages.
Après un rapide petit-déjeuner fait de pain de la veille et d'un peu de confiture, alors que notre César est introuvable, nous nous postons devant le comptoir de la Cubana, compagnie sur laquelle nous devons voler.
Vers 9h, enfin, 2 hommes suivis d'une femme ouvrent le bureau de vente de la compagnie d'aviation cubaine.
- Que puis-je faire pour vous? Nous interroge la femme.
Nous lui expliquons clairement la situation et lui présentons le papier délivré par l'agence de voyages.
- Je comprends mais il y a un problème!
- Ah bon? S'exclame Caroline, la seule vraie hispanophone de l'équipe.
- Oui, continue la femme, moi je ne peux pas vous délivrer d'aller-simple La Havane- Santo Domingo. Il me faut un aller-retour.
- Mais je ne comprends pas, reprend Caroline. On ne peut pas nous vendre un aller-simple pour Cuba parce qu'il faut prouver qu'in sort du territoire et et maintenant vous ne voulez pas nous vendre un billet de sortie du territoire? Si on achète un aller-retour La Havane-Santo Domingo, on ne pourra pas prouver notre sortie du territoire!!! Votre raisonnement n'est pas logique...Artisanat mexicain
- Je comprends... mais c'est le règlement, répond bêtement la femme, s'appuyant sur un pseudo règlement sans aucune cohérence.. En revanche, ajoute-t-elle, si vous revenez avec un représentant de l'agence qui vous a promis le billet, je pourrais vous vendre le billet. Ce n'est plus de ma responsabilité...
Nous restons sans voix devant tant d'absurdité.
Nous sortons donc et partons à la recherche du dit 'César'. Une demie-heure plus tard, nous trouvons et réexpliquons la situation. Tournant et retournant le papier, il nous dit d'attendre, sans plus d'explication.
Alors qu'il est maintenant près de 11h, la situation est toujours aussi confuse. Les billets doivent arriver d'une minute à l'autre... La patience de Caroline, qui négocie toujours, commence à trouver ses limites... Nous n'obtenons rien de concret et les explications données sont de moins en moins claires...
Il faut attendre. Que pouvons-nous faire d'autre?
Vers 11h30, notre cas s'aggrave et nous apprenons qu'il semblerait qu'il n'y ait plus de place sur le vol! Nous décidons de retourner à l'agence de la Cubana. Nous voyant entrer, la femme s'étonne:
- Mais vous n'êtes pas partis??
Coucher de soleil mexicainNous lui racontons nos heures précédentes et sa seule réponse est :
-Je suis désolée, il n'y a plus de place!
Nous sommes effondrés! Devant tant d'incompétence et de bêtises, les mots n'ont pas de poids.
- Quand part le prochain vol?
- Il y en a tous les jours, mais cette semaine, c'est plein: il faut s'inscrire sur liste d'attente, s'empresse-t-elle d'ajouter.
- Et notre chance est grande de partir demain?
- Je ne peux pas vous dire...
Écœurés, nous repartons sans plus de politesse... Il va falloir trouver une solution...
Après quelques minutes de recherches, nous apprenons qu'une autre compagnie effectue la liaison vers Cuba depuis Cancùn. Le seul problème est le prix: 250 $ l'aller-simple, soit plus de 2 fois le prix de la Cubana.... Rappelons au passage que Cancùn est distant de La Havane de 500 kms... Ca fait chéros le kilomètre en avion!...Brent, le pilote américain
- Alors, on fait quoi? interroge Yannick.
Après moults hésitations et tergiversations, nous décidons de casser la tirelire et d'acheter les billets... Notre folie de Noël qu'il faudra bien rattraper à un moment ou un autre, mais tant pis. Caroline rêve de Cuba depuis que nous parlons de ce tour du monde... Éliminer cette étape serait manquer quelque chose de trop important.
En attendant le départ du vol, prévu à 19h30, nous faisons la connaissance de Brent, un pilote de ligne américain de 37 ans. Très sympathique, nous accrochons immédiatement avec lui, également en partance pour Cuba.
- Je vais y faire une semaine de trekking, nous apprend-il. C'est assez mal vu pour un Américain d'aller à Cuba et une loi nous interdit d'y dépenser de l'argent, sous peine d'amende voire de prison!!
Ils sont fous ces Américains!! Depuis l'embargo total décrété en Juin 1961, Cuba est, pour l'état fédéral un démon communiste à affamer...
Même si le dollar US est la monnaie reine à Cuba et si l'Amérique fait des affaires sous le manteau avec le diable, la loi est la loi!! Mais Brent, comme des milliers de ces concitoyens, se moque de tout cela! Il suffit d'être discret au retour...
Nous décidons de faire équipe en ce début de voyage,et, après une bonne demie heure de retard, nous quittons le Mexique: direction La Habana (La Havane).Reportage suivantReportage précédent