Phil,
notre chauffeur australien
Nous quittons ce matin du 20 Novembre,
San Cristobal et le Mexique, pour rejoindre le Guatemala qui n'est rien d'autre
que le prolongement culturel des Chiapas. Vers 10h, le petit-déjeuner pris et
les poches encore pleines de biscuits à 20 centavos l'unité (!), nous présentons
notre pancarte de stop à la sortie de la ville.
Très rapidement, les rabatteurs des sociétés de bus nous repèrent (ils sont
forts, hein?) et tentent de nous conduire vers la plate-forme des départs!
- No, gracias, vamos aventon a Guatemala! (On y va en stop!)
- C'est pas possible.
-Eh bien si c'est possible! Bonne journée à vous!...
Après 10 petites minutes, un 4X4 Isuzu s'arrête. Phil, le chauffeur est Australien.
Nous conversons en Anglais.
- Vous allez jusqu'où?
Comme nous l'avons écrit sur notre pancarte, nous lui répondons:
- A Comitan, mais après on va au Guatemala.
- Le Guatemala? J'y vais aussi! Je vais jusqu'à Quetzaltenango, pour prendre
des cours d'Espagnol. Le Guatemala est très connu pour ça et il existe des dizaines
et des dizaines de cours privés
- Jusqu'à Quetzaltenango? C'est parfait ça! Nous allons jusqu'au lac Atitlan
qui est tout proche!
- Très bien! Alors en route!, s'exclame Phil.
Australien vivant à Londres depuis 4 ans, Phil a quitté son emploi pour se donner
un peu d'air, et en profiter pour apprendre l'Espagnol en voyageant. Parti pour
une petite année, il a acheté son 4X4 aux États-Unis (où les voitures d'occasion
sont très bon marché) et compte rejoindre la Terre de Feu, à la pointe sud du
continent américain. Sa copine, Australienne elle aussi, le rejoindra d'ici
quelques mois pour achever le périple ensemble.
- Et après?
- Après? ... Je ne sais pas... J'aimerais retourner en Australie, mais ma copine
veut rester à Londres, alors...
Nous avalons les quelques 250 kms qui nous séparent de la frontière en 4 heures,
bloqués de temps à autre par des barrages 'personnels'. Notons celui qui nous
oblige à nous arrêter au milieu de nulle part, une corde tendue au travers de
la route interdisant le passage! De chaque côté, un groupe d'une dizaine de
villageois accompagnés d'une statue de la Vierge locale pour laquelle ils lèvent
des fonds! Symboliquement, chaque automobiliste se soumet au racket et fait
une petite offrande. La corde se détend alors et la voie redevient libre. Curieux
péages improvisé, mais les recettes doivent être intéressantes la fin de la
journée sur cette route majeure reliant les Chiapas au Guatemala.
-L'autre soir, raconte Phil, j'ai été pris dans un barrage similaire. Les hommes
avaient des pierres en main, et si je n'avais rien donné, la carrosserie de
la voiture l'aurait bien regretté!!! Pacifiques mais jusqu'à un certain point...
Hormis les traditionnels barrages de contrôle militaire -assez répandus dans
la région- nous avons également le droit aux barrages -toujours personnels et
non réglementés- des 'réparateurs improvisés de route'!... La médiocrité de
la route est en effet telle qu'il faut rester très vigilant pour éviter les
innombrables nids-de-poule qu'elle héberge. Ainsi, certaines personnes se chargent
de reboucher les plus redoutables demandent une petite pièce au passage... Si
ces réparations améliorent quelque peu le confort de conduite, elles n'accélèrent
en rien notre vitesse parce que dans tous les cas, il faut vous arrêter...